« Voir les musiciens, voir les magiciens qui arrivent »

Entrevues | Priscilla Winling
Photos | Laura Chénard

C’est avec ce refrain de la chanson d’Aznavour en tête que j’ai parlé à Emma, jeune spectatrice, ainsi qu’à Angéline et Manon, employées à Rivière-du-Loup en spectacles. Elles m’ont donné leurs recommandations de spectacles à offrir en cadeaux et j’en ai profité pour faire leur connaissance.

Emma a neuf ans et va à l’école en troisième année. C’est l’éducation physique, avec la course à relais et le soccer, ainsi que le dessin qui lui plaisent le plus. Quand elle n’est pas à l’école, c’est marcher qui emporte ses faveurs.

P.W. : Parlons un peu de spectacles. Qu’est-ce que tu aimes aller voir ? Aimestu plus la musique, le théâtre ?
Emma : J’aime beaucoup la musique, mais en fait, ça dépend laquelle.

P.W. : Qui sont tes artistes préféré·e·s ?
Emma : J’aime Katy Perry, des fois Marie-Mai.

P.W. : Aimes-tu aussi voir les gens danser ?
Emma : Oui.

P.W. : Quand tu entends une musique qui te plaît, préfères-tu chanter ou danser ?
Emma : Des fois, je danse, ça dépend des musiques. Quand j’entends une musique et que je me mets à danser, je me dis que ça, c’est une bonne musique pour danser.

P.W. : Vas-tu bientôt aller voir un spectacle ?
Emma : Je vais souvent au Centre culturel pour des spectacles, et des fois parce que ma mère travaille.

P.W. : Qu’est-ce que tu aimes quand tu vas au Centre culturel ?
Emma : Des fois, je fais de la trottinette parce qu’il y a beaucoup de place ! Des fois, je fais des collages ou je regarde ma mère travailler.

P.W. : Quel genre de spectacle aimes-tu ?
Emma : J’aime beaucoup les spectacles qui font rire et aussi les spectacles de dessin, car j’aime beaucoup dessiner. Le cirque, aussi.

P.W. : Quand tu sais que tu vas voir un spectacle, est-ce que c’est une surprise ou tu préfères le savoir d’avance ?
Emma : Oui, je suis très curieuse, mais j’aime ça avoir des surprises. Parce que sinon, je dis tout le temps « Maman, maman ! C’est quoi le spectacle ? » J’aime mieux le savoir en surprise.

ANGÉLINE

P.W. : Peux-tu nous dire quel est ton travail à Rivière-du-Loup en spectacle ?
Angéline : J’y travaille depuis quatre ans déjà, comme responsable de billetterie. Alors je gère toute une équipe. Je suis formée pour être adjointe administrative et graphiste. Je travaille aussi du côté marketing avec Laura Chénard aux communications, Frédéric Roussel à la direction générale, et Pauline Lapointe, l’ajointe à la direction.

P.W. : Tu touches à tout ?
Angéline : Tout à fait. Je vais autant faire une affiche que programmer un spectacle ou faire de la gestion de personnel. C’est un emploi qui est vraiment complet, et j’adore ça !

P.W. : Même si nous avons la plus grande salle dans l’Est-du-Québec, ça reste quand même un petit milieu, et nous ne sommes pas dans un environnement de métropole. Penses-tu que c’est cela qui permet cette polyvalence dans ton emploi et celui de tes collègues ?
Angéline : C’est sûr que toute l’équipe est une bande de touche-à-tout. Il le faut parce qu’on n’a évidemment pas les moyens d’engager une personne pour chaque tâche. On a besoin de s’épauler pour y arriver avec la petite équipe qu’on a. Mais ça se passe bien, et je crois que c’est dans le thème de ce qu’on présente au public. On est pluridisciplinaire et l’on peut offrir un peu de tout pour un peu tout le monde. C’est ce qu’on est nous-mêmes : un peu de tout pour tout faire ! (Rires.)

P.W. : As-tu des intérêts ou des passions totalement différents de ton travail ? Penses-tu qu’on va te voir monter sur la scène prochainement ?
Angéline : (Rires.) Non ! Pas du tout ! À la base, je ne suis pas une personne très sociable. Ça fait drôle à dire, moi qui travaille pour une salle de spectacles, mais je ne suis pas vraiment du type bain de foule. J’aime être à la maison, je fais mes petits projets, j’adore rénover, j’aime régler des problèmes et des casse-têtes. À la base, j’ai un grand besoin de créer. La lecture, l’écriture, la peinture, le tricot… j’aime toucher à tout ça. Je ne m’arrêterais jamais à une « journée normale », car j’ai toujours besoin de pousser plus loin.

P.W. : J’imagine que c’est pour ça que c’est stimulant de travailler dans le monde du spectacle. Ça permet de renouveler la découverte avec les gens que vous accueillez.
Angéline : Tout à fait, et il y a toujours une part d’imprévisible. Oui, on vend du spectacle, mais derrière ce spectacle, il y a le facteur humain. C’est possible qu’il arrive des imprévus. Parfois, on a des situations à gérer rapidement, alors on s’y attelle toute l’équipe ensemble et on y parvient bien. On gère aussi le côté humain pour la clientèle. Il faut que le·la client·e qui vient voir un spectacle se sente accueilli·e, confortable, et qu’il·elle apprécie son expérience.

P.W. : Effectivement, c’est là qu’on se rend compte que la billetterie est vraiment un enjeu important.
Angéline : Exactement. L’humain est toujours important. Bien sûr, depuis plusieurs années, on a bonifié tout ce qui est billetterie numérique, l’accès et l’information en ligne, mais il reste que l’humain est toujours là. On ne peut pas partager nos valeurs et notre ressenti avec une machine. Donc, la billetterie physique reste de mise, par exemple pour un·e client·e qui ne se sent pas à l’aise d’aller choisir sa place en ligne parce qu’il·elle ne connaît pas notre salle. C’est important que chaque personne puisse passer les portes ici et venir nous demander conseil. Ici, on est vraiment en mesure de donner un service personnalisé.

P.W. : Si tu avais un spectacle à offrir en cadeau, une recommandation à donner, qu’est-ce que ce serait ?
Angéline : On a une très belle programmation en décembre, malgré la situation actuelle. J’ai bien hâte de voir Le voyage en chanson des Pères Pétu. C’est un spectacle qui s’adresse aux jeunes. Moi-même, j’ai des enfants, et c’est sûr, que je vais y emmener ma plus jeune de 9 ans ! Ce sont deux artistes sur scène, un à la guitare et l’autre au violon, qui nous font voyager dans le temps et l’histoire de la musique au Québec.

Ça couvre toute la richesse culturelle depuis les premières comptines qui nous sont arrivées de France par les premiers colons, la chanson d’hier à aujourd’hui. C’est vraiment un spectacle cadeau. La sortie en tant que telle est un cadeau, mais pour mes filles, c’est une occasion de leur inculquer l’envie de découverte. Prendre le temps de se poser des questions, par exemple comprendre d’où viennent l’inspiration et le genre de musique du groupe Mes Aïeux. C’est aussi l’occasion de laisser la place aux enfants et de découvrir ce qui les intéresse ; c’est vraiment important pour moi.

P.W. : À quelle tranche d’âge ce spectacle s’adresse-t-il ?
Angéline : On nous dit 5 à 12 ans, mais comme pour tous les spectacles familiaux, c’est vraiment les parents qui savent si leurs enfants sont intéressé·e·s. Si vous avez un·e enfant de 2 ans très curieux·euse et qui adore la musique, alors pourquoi pas ? Mais à l’opposé, si vous avez un·e enfant de 5 ans qui préfère taper dans un ballon, ça peut ne pas l’intéresser. Dans le fond, je pense qu’il faut aller vers la diversité et la découverte pour apprendre à se connaître et connaître ce qui plaît à nos enfants.

P.W. : C’est un peu comme avec les aliments ; on peut faire goûter à la culture à petites bouchées, leur faire découvrir des saveurs variées.
Angéline : Je n’aurais pas pu dire mieux !

P.W. : Quand aura lieu le spectacle des Pères Pétu ?
Angéline : À 15 h le samedi 5 décembre. Ce qui est super, c’est que ça sera notre premier spectacle familial depuis le confinement ; alors nous avons hâte de revoir les petits bouts de chou. Mais évidemment, nous avons un protocole bien établi pour protéger les gens, avec la situation actuelle. C’est très sécuritaire de venir voir un spectacle en salle ici, beaucoup plus sécuritaire que d’aller faire son épicerie ! (Rires.)

P.W. : Si les gens ont des questions, il·elle·s peuvent venir te voir à la billetterie ?
Angéline : Oui, moi ou l’une de mes préposées. Évidemment, parfois, je dois relayer le flambeau ! Mais oui, vous allez rencontrer mes préposées que j’adore, qui sont comme ma deuxième famille. Vous pouvez également vous rendre sur notre page Facebook et notre site web. N’hésitez pas à venir voir les spectacles en salle ; ça fait tellement du bien de sortir un peu !

MANON

P.W. : Peux-tu te présenter ?
Manon : Je suis gérante de salle depuis bientôt trois ans. C’est un métier qui est un peu hors-norme, hors du commun, mais j’adore ça. Ensuite, ce que je peux dire, c’est que j’aime beaucoup la lecture, la marche, le ski de fond.

P.W. : Tu dis que ton métier est plutôt hors-norme. Pourquoi ?
Manon : Je dirais que c’est un travail qui se divise en trois volets. Il y a beaucoup de chapeaux à porter dans ce métierlà. Premièrement, c’est l’accueil des artistes, soit s’assurer qu’il·elle·s sont bien reçu·e·s, préparer leurs loges, voir à ce qu’il·elle·s ne manquent de rien. Ça se passe le matin. Ensuite, dans l’aprèsmidi, je dois préparer les bars, et aussi tout ce qui est comptabilité d’argent. C’est sûr que cette année, on n’a pas de vestiaire, vu la situation actuelle, donc ça nous fait une chose de moins. Également, on n’a qu’un seul bar cette année versus trois d’habitude. Mais la grande majorité des tâches sont similaires aux années antérieures. En troisième, lorsque l’aprèsmidi est passé, j’accueille mes préposé·e·s et je les assigne à leurs postes. Ensuite, c’est l’accueil des gens en salle, soit voir au recueillement des billets, à ce que les règles sanitaires soient respectées, que tout se déroule bien, etc. Et puis, en fin de soirée, une fois que la salle est vide, on s’occupe du départ des artistes. Alors, ça fait de belles journées bien remplies !

P.W. : Avant que tu sois engagée ici, estce que c’était un domaine dans lequel tu travaillais ?
Manon : Pas du tout ! J’étais massothérapeute ! (Rires.) Mais suite à des blessures aux épaules, j’ai dû me réorienter. Quand l’offre a paru, j’ai appliqué et j’ai eu le poste !

P.W. : As-tu un talent caché ?
Manon : Hum ! C’est difficile à répondre… Je ne crois pas. Je me considère comme une personne assez ordinaire. (Rires.)

P.W. : Est-ce que Rivière-du-Loup en spectacles t’a fait découvrir des univers avec lesquels tu n’étais pas familière ?
Manon : C’est sûr que ça nous fait découvrir tellement d’univers. Par exemple, les spectacles jeunesse, que je n’étais pas portée à aller voir puisque j’ai deux grands enfants adultes maintenant. Mais j’ai hâte d’avoir des petits-enfants pour les leur faire découvrir ! J’adore le public enfant. La réaction d’un enfant est vraie. Quand il·elle·s embarquent, crient et dansent, c’est tellement drôle de les voir aller. Les enfants embarquent naturellement dans ce que leur propose l’artiste ; c’est beau à voir. S’il·elle·s tripent, alors c’est vrai. Il·Elle·s ne font jamais semblant d’aimer un spectacle !

P.W. : As-tu des recommandations ? Si tu avais à offrir un spectacle, lequel serait-ce ?
Manon : J’aime beaucoup les shows en formule cabaret, chose qu’on ne peut pas avoir cette année à cause de la pandémie. Mais nous allons arriver à le reproduire dans notre grande salle au mois de décembre, que nous appelons cabaret Espace Scène. Ce que nous avions souvent à la Maison de la culture, en formule cabaret, c’était les Juste pour Rire, que j’adore. Nous allons le reproduire à l’italienne, dans la grande salle. Ça sera différent parce qu’on passe vraiment d’une petite à une grande salle. Par exemple, pour le spectacle de The Tennessee Two, on va le faire avec cette formule. Nous placerons 55 à 75 personnes sur la scène, assises avec les artistes. On va vraiment chercher la proximité tout en respectant les mesures sanitaires de distanciation. Ceux et celles qui connaissent le principe du cabaret vont le reconnaître : c’est ce qu’on reproduit, mais sur la scène.

P.W. : Quel genre de musique font-ils ?
Manon : C’est un hommage à Johnny Cash par Mario Dubé et Luc Leblanc. Ça fait quelques années qu’ils fonctionnent. Johnny Cash, c’est un incontournable qui traverse les générations. Tout le monde est capable de fredonner « Ring of Fire » ! The Tennessee Two est l’un de mes choix coups de coeur à aller voir, mais aussi le spectacle de Juste pour Rire, que nous allons faire dans la salle à l’italienne. On va voir ce que ça va donner, car c’est quelque chose qu’on est habitué à offrir en petite salle. Ça va être intéressant de voir ça dans la grande salle.

P.W. : Quel·le·s artistes seront là pour Juste pour Rire ?
Manon : Nous allons recevoir Didier Lambert, un humoriste qui commence à faire parler de lui, ainsi que Neev. Habituellement, les soirées Juste pour Rire sont des surprises, ce sont des humoristes mystères. Mais vu les circonstances actuelles, on le sait d’avance et on peut l’annoncer.

P.W. : As-tu un mot de la fin ?
Manon : Allez consulter notre page web pour le mois de décembre, car on a vraiment de beaux spectacles, autant des shows familiaux que pour adolescent·e·s Malgré les circonstances, on a une très belle programmation pour nous changer les idées.

À propos de Marie-Amélie Dubé

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