« Vingt ans d’histoires pas possibles »

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Par Maurice Vaney, fondateur et directeur artistique du Rendez-vous des Grandes Gueules

 

Le Rendez-vous des Grandes Gueules de Trois-Pistoles fête cette année les vingt ans de ces rendez-vous annuels de conteurs de tous les horizons culturels de la francophonie. Cet évènement, somme toute d’apparence marginale à ses débuts, s’inscrit désormais dans ce qui est convenu de nommer le « renouveau du conte au Québec ». Voyons voir.

 

1973. Coup de grisou dans le monde de la conterie au Québec : Nil débarque en ville, présenté par un certain Jocelyn Bérubé, qui s’empare de la parole traditionnelle pour en faire un spectacle. Premier spectacle de conte qui ouvre le sentier qu’emprunteront les Alain Lamontagne, Joujou Turenne et Mike Burns. Arrivent les années 1990 qui marquent l’émergence du conte comme forme d’expression et de création artistique à part entière. 1993. Tournant : parait « La fille aux mains coupées » de Michel Faubert, et l’ami Marc Laberge lance son Festival interculturel du conte à Montréal. Puis, c’est l’effervescence. Le conte s’emballe. Sherbrooke, Trois-Pistoles, Val-D’Or, Natasquan ; dans tous les coins du Québec, les festivals fleurissent. Une nouvelle génération de conteurs monte aux barricades, regroupée autour de Jean-Marc Massie et d’André Lemelin au bar Le Sergent Recruteur de Montréal et autour de Bernard Grondin au Fou-Bar à Québec. Ils sont accompagnés d’électrons libres en provenance des régions (Alexis Roy, Simon Gauthier, Arleen Thibault, Robert Seven Crows, ainsi qu’un certain Fred de son prénom…). Tous ces allumés du verbe se lancent à la conquête de lieux improbables pour aller à la rencontre d’un public jeune en quête d’authenticité, d’une parole libérée des contraintes formatées du showbizness.

 

« Au-delà du corpus des contes populaires, porté par des portageurs de la tradition orale, se forgent des histoires ancrées dans un imaginaire contemporain. »

 

Des thématiques et des approches nouvelles sont proposées. De nouveaux territoires sont défrichés et labourés. Au-delà du corpus des contes populaires, porté par des portageurs de la tradition orale, se forgent des histoires ancrées dans un imaginaire contemporain. C’est dans cette mouvance que le Festival de contes et récits de Trois-Pistoles met l’épaule à la roue pour propulser encore plus loin le conte sur les scènes culturelles du Québec. Les grands maitres de l’Acadie, d’Europe, d’Afrique viennent réchauffer leurs histoires au feu de la Forge à Bérubé. La relève y prend une place primordiale alors que se développe une relève régionale aiguillonnée par des ateliers et par le micro offert lors du Concours national de la plus grande menterie (où sont passés entre autres Mathieu Barette, Christine Pelletier, Danielle Brabant, le collectif des Pelleteux de nuages… et Boucar Diouf qui, pour notre plus grand plaisir, transgresse allègrement les frontières entre l’humour et le conte). À partir du dixième anniversaire, tout en maintenant le coeur du festival auprès du feu de forge à la Forge à Bérubé, les Compagnons ont entrepris de s’épivarder pour aller à la rencontre d’un public varié dispersé sur tout le territoire bas-laurentien. Ainsi, lors de cette édition qui célèbre vingt ans d’histoires pas possibles du 30 septembre au 9 octobre, le Rendez-vous présentera plus de 50 artistes de la parole dans 21 localités du Bas-Saint-Laurent ; et 20 de ces conteurs prendront part au Marathon du conte 20 ans, 20 conteurs, le samedi 1er octobre.

 

« Moi, je pense que c’est important de continuer à raconter des contes avec des titres, transmis de bouche à oreille depuis des générations et qui commencent par « Il était une fois ». Je pense que ces histoires-là font partie de notre inconscient. Dans les anciens contes, il y a des images, des symboles et des émotions qui ont traversé les siècles. Et si on ne les rencontre pas dans les livres ou dans notre vie de tous les jours, on les retrouve encore dans nos rêves. »
– Michel Faubert, journal, La Tribune , 21-04-2016

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