Valérie Plante, 1ère super mairesse de Montréal
entrevue par Marie-Amélie Dubé
M.-A.D : Comment votre venue en politique influencera-t-elle la gestion municipale ?
Valérie Plante : Je pourrai influencer la gestion de Montréal, mais je ne le ferai pas seule. J’ai autour de moi une équipe forte, compétente et passionnée d’hommes et de femmes qui, comme moi, souhaitent offrir aux Montréalais et aux Montréalaises ce qu’il y a de mieux. Je me réjouis toutefois d’avoir mis sur pied le premier comité exécutif paritaire de l’histoire de Montréal. Au cours de la campagne électorale, j’avais aussi présenté une équipe paritaire, et ce, à tous les postes qui étaient en jeu. La parité est pour moi une priorité. Je ne trouvais pas normal qu’en 2017, les femmes soient encore confinées à des rôles secondaires ou à de trop rares postes de décisions. Il était temps d’amener dans l’appareil municipal une plus grande équité et d’offrir à des femmes des postes d’importance. Une autre des décisions que j’ai prises et dont je suis fière est de ramener la transparence à l’Hôtel de Ville de Montréal. Les Montréalais et les Montréalaises veulent savoir ce qui se passe et ils ont raison d’être exigeants. C’est pourquoi j’ai annoncé, dès ma première semaine en poste, que le registre des visiteurs qui avait été aboli par l’ancienne administration serait rétabli. Ainsi, tous les visiteurs qui viendront à ma rencontre devront s’inscrire. Il n’y aura plus de cachettes. Je rendrai aussi public mon agenda afin que la population sache à quelles activités et rencontres je participe. Évidemment, je compte insuffler de mon énergie et de ma passion dans la gestion de la Ville de Montréal. J’aime Montréal de tout mon coeur et je souhaite mettre en place ma vision au cours des prochaines années : celle d’une ville plus sécuritaire, surtout pour les usagers de la route les plus vulnérables, d’une ville plus verte, plus dynamique, qui est en mesure de soutenir les entrepreneurs et d’attirer de grandes entreprises, d’une ville plus ouverte, qui célèbre sa diversité, et d’une ville où les familles peuvent s’épanouir et se loger sans y laisser leur chemise. Cette ville dont je rêve et que je veux léguer à mes enfants, je compte la bâtir avec tous les Montréalais et toutes les Montréalaises. J’excelle dans le travail d’équipe et j’ai bien l’intention d’amener cette collégialité à l’Hôtel de Ville.
M.-A.D : Quel impact à moyen et long terme aura sur la gestion des décideurs cette augmentation de la présence des femmes au sein des communautés politiques ?
VP :Les femmes amènent une expérience, un bagage et une énergie différente. Il est difficile pour le moment de prédire les changements à long terme que notre présence apportera, mais je suis convaincue qu’une présence féminine plus importante au sein des administrations contribuera à explorer de nouvelles façons de travailler, aidera à déconstruire le modèle hiérarchique trop longtemps établi et à changer le discours. En privilégiant des instances paritaires, les administrations s’ouvrent aussi à des discussions très intéressantes sur différents types de vision qui s’affrontent et qui doivent le faire afin d’en arriver à un système plus inclusif. Une plus grande présence des femmes en politique permettra aussi, je l’espère, de rétablir un meilleur équilibre entre le travail et la famille. Trop de femmes hésitent encore à se lancer en politique de peur de ne pas pouvoir concilier leur mandat et leur vie personnelle. Il est temps de changer le modèle des omnipoliticiens qui sont partout en tout temps et de songer à un modèle qui respecte davantage la conciliation travail-famille. C’est d’ailleurs un défi auquel je m’attaquerai au cours de mon mandat. Je suis la mère de deux jeunes adolescents et je souhaite continuer d’être là pour eux. Je suis la mairesse de Montréal, mais je suis une mère avant tout. J’encourage enfin les partis politiques à ouvrir davantage leurs portes aux femmes. Les élus et les partis ont la responsabilité de faciliter l’entrée des femmes en politique, notamment par de l’aide financière au cours des campagnes. Mon parti, Projet Montréal, demande aux candidats qui ont des réseaux plus développés et qui arrivent à recueillir davantage de financement de mettre leur surplus dans une caisse commune pour soutenir les candidatures féminines. J’en ai bénéficié au moment de ma première élection, en 2013, et c’est maintenant à mon tour d’aider les candidates à se lancer.
Pauline Marois, 1ère super mairesse du Québec
entrevue par Marie-Amélie Dubé
M.-A.D : D’après vous La venue de plusieurs femmes en politique municipale au poste de mairesse aura quel impact sur l’ensemble de la gestion municipale et sur la société québécoise ?
Pauline Marois : « Évidemment , je me réjouis toujours de l ’engagement d’un plus grand nombre de femmes dans tous les lieux de pouvoir. En s’engageant au niveau municipal, elles pourront donner aux services de proximité l ’impor tance qu’ils méritent. Trop souvent, on a limité ceux-ci à l ’entretien des rues, au ramassage des déchets et aux infrastructures. Je suis cer taine que la présence des femmes fera en sorte qu’on mesure mieux l’ importance des services essentiels au bien-être des familles, au développement et à la sécurité des enfants. Au fil du temps, cette présence accrue des femmes permet tra à nombre d’entre elles d’avoir le goût d’aller plus loin dans leur engagement politique. C’est une autre bonne nouvelle. »