Texte et Photo | Marie-Amélie Dubé, Agence MAD
Mélanie Denis, artiste joaillière de Québec, enseignante à l’École des métiers d’Arts de Québec, est actuellement en résidence de création au Fab lab du Cégep de Rivière-du-Loup et ce, de janvier à mai prochain.
Mémoire vive est le nom porté par ce projet qui consiste à créer 5 colliers d’envergure ; des bijoux artistiques dans lesquels sera intégrée une technologie numérique interactive conçue à Rivière-du-Loup.
Ces créations immersives propulseront le.la spectateur.trice dans une expérience sensorielle, visuelle et auditive, basé sur la mémoire collective.
Le projet de création se déroulera en quatre phases.
PHASE 1 : À LA RENCONTRE DE LA MÉMOIRE, COLLECTE D’INFORMATIONS
« Dans un premier temps, j’aimerais aller à la rencontre de cinq personnes aînées et réaliser avec chacun.e d’eux.elles une courte interview, un rendez-vous humain et intime propice à l’échange de souvenirs. Cela deviendra une démarche d’enquête et de collecte de matériaux de type ethnographique. Pour assurer une collecte d’informations adéquates et justes, ces interviews seront enregistrées par captation sonore et par captation vidéo. Depuis mon âge adulte, je regrette parfois de ne pas avoir profité de l’expertise et de certains conseils de vie des générations qui me précédaient. »
PHASE 2 : CONCEPTION ET RÉALISATION EN ATELIER
« Une fois la collecte de données terminée, je commencerai le travail de conception en atelier. J’aurai demandé à chaque aîné.e de sélectionner certains petits objets symboliques pour eux comme des photographies, des souvenirs, des morceaux de leur vie afin que je puisse les intégrer aux bijoux. Ces objets du quotidien, combinés à leur témoignage audio et vidéo, me serviront pour la construction formelle et esthétique des oeuvres en atelier. »

PHASE 2 : CONCEPTION ET RÉALISATION EN ATELIER
« Une fois la collecte de données terminée, je commencerai le travail de conception en atelier. J’aurai demandé à chaque aîné.e de sélectionner certains petits objets symboliques pour eux comme des photographies, des souvenirs, des morceaux de leur vie afin que je puisse les intégrer aux bijoux. Ces objets du quotidien, combinés à leur témoignage audio et vidéo, me serviront pour la construction formelle et esthétique des oeuvres en atelier. »
PHASE 3 : INTÉGRATION TECHNOLOGIQUE
« J’ai été acceptée pour une résidence de création au Fab Lab Fabbulle du Cégep de Rivière-du-Loup. Je travaillerai avec Annie Côté, coordonnatrice, et Jérôme Frédéric Bouchard, Fab manager. C’est au Fabbulle que seront conçus les mécanismes technologiques Arduino 1 qui seront intégrés aux bijoux. Ces Arduino seront capables de détecter la présence d’une personne lorsqu’elle s’approche d’un bijou. Le Fabbulle est le laboratoire de fabrication numérique (FAB lab), en milieu académique du Cégep de Rivière-du-Loup. C’est un espace ouvert, équipé de machines à commande numérique permettant de réaliser des objets, des projets et de faire avancer des idées. Il repose sur des mécanismes d’échanges, de coopération, d’interdisciplinarité, d’apprentissage par la pratique, du » fais-le avec les autres » et des pratiques innovantes ascendantes et communautaires. Arduino 1 est une marque qui couvre des cartes électroniques matériellement libres sur lesquelles se trouve un microcontrôleur. Les schémas de ces cartes électroniques sont publiés en licence libre. Le microcontrôleur peut être programmé pour analyser et produire des signaux électriques, de manière à effectuer des tâches très diverses comme la domotique (le contrôle des appareils domestiques, d’éclairage, de chauffage…), le pilotage d’un robot, de l’informatique embarquée, etc. Dans le présent projet, les Arduinos qui seront intégrés dans chaque bijou seront capables de percevoir la présence d’une personne s’avançant vers un collier et de détecter à quel groupe d’âge elle appartient. Un mécanisme audio sera alors déclenché et un conseil sera émis via une petite caisse de son externe positionnée près de l’oeuvre.
Ce conseil ciblera le groupe d’âge de la personne. Cette dernière pourra donc entendre les conseils de l’aîné.e qui a été interviewé à ce propos et en bénéficier. Chaque aîné.e aura à répondre à mes questions ciblées sur chaque enjeu relié à des périodes de la vie ; des enjeux universels tels que la parentalité, le vieillissement, le célibat ou l’adolescence seront abordés. »

PHASE 4 : EXPOSITION ET DIFFUSION
« Puisque l’issu de ce projet est d’en faire la diffusion par le biais d’une exposition, j’utiliserai les réponses reçues à mes questions pour sélectionner certaines recommandations s’adressant aux spectateur.trice.s selon leur groupe d’âge. Aussi, pour chaque interview d’une trentaine de minutes, un court montage vidéo de deux minutes sera réalisé afin de présenter l’aîné.e incarné.e derrière chaque bijou. Ces courtes vidéos de 1 à 2 minutes pourront être visionnées à l’aide de leurs téléphones mobiles via le balayage d’un code QR situé sous chaque bijou présenté. Le.la spectateur.trice, en arrivant à l’entrée de la salle d’exposition, remplira un court questionnaire numérique permettant d’obtenir certaines informations (ex. : est-ce qu’il.elle ou elle appartient à la catégorie d’âge de l’adolescence, la jeune trentaine, la quarantaine (…) ou l’âge d’or ?). Il.Elle prend alors une paire d’écouteurs Bluetooth et commence sa visite. Selon ce qu’il.elle a coché lors du questionnaire, il.elle recevra un conseil lorsqu’il.elle s’approche d’une pièce. Ce conseil ciblera son groupe d’âge, et il.elle entendra les conseils de l’aîné.e qui a été interviewé.e. Chaque aîné.e aura à répondre à mes questions ciblées sur chaque enjeu relié à des périodes de la vie. Donc en se déplaçant dans l’espace d’exposition, selon l’oeuvre regardée, le.la spectateur.trice recevra les conseils recueillis qui s’adresseront à lui.elle, à sa situation, à ce qu’il.elle vit et pourra en bénéficier. Aussi, le spectateur pourra à l’aide de son téléphone mobile, scanner un code QR qui sera placé près de chaque oeuvre. Ce code QR le dirigera directement sur la vidéo « portrait » qui aura été réalisée dans le milieu de vie de chaque aîné.e afin d’en faire connaissance virtuellement. En conclusion, ce projet s’engage à marquer une étape charnière qui saura, malgré les défis technologiques, s’inscrire dans le prolongement de mes travaux actuels, mais surtout instaurer une approche plus singulière de ma démarche dans le monde des nouvelles technologies. »