Un plan d’action pour l’économie sociale

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par Marc Fraser

 

Elle est là, partout autour de vous, sans que vous la remarquiez, aussi discrète, mais non moins essentielle que l’air que vous respirez.

 

Elle fait son nid dans le mouvement coopératif, les mutuelles et les OBNL et s’intéresse à toutes les sphères de l’activité humaine. Entre 2002 et 2014, ses volets coopératif et mutualiste ont vu leur poids dans l’économie québécoise doubler, passant de 17 à 33,4 milliards de dollars. Pas moins de 150 000 personnes y travaillent, dans les 7 000 entreprises répertoriées. Loin d’être le parent pauvre de l’activité économique, l’économie sociale et solidaire en constitue l’un des trois piliers, avec le secteur privé et le secteur étatique. Elle place la création d’emplois de qualité et la distribution de services à la population au coeur de ses préoccupations. En mai dernier, le gouvernement du Québec déposait son plan d’action 2015-2020 pour l’économie sociale, intitulé « Des valeurs qui nous enrichissent ». Malheureusement, cette initiative n’a pas trouvé l’écho médiatique qu’elle méritait. La chose revêt d’autant plus d’importance que l’Estdu- Québec s’illustre comme la région qui compte le plus de coopératives, au prorata de sa population, au monde.

 
Un plan ambitieux
Le plan d’action prévoit des investissements de 500 millions de dollars sur les cinq prochaines années, dont 100 millions proviendront du gouvernement. Le ministre de l’Économie, de l’Innovation et des Exportations, Jacques Daoust, souhaite ainsi répondre aux défis que constituent le développement des services d’aide à domicile pour les personnes en perte d’autonomie, l’insertion au marché du travail et la relève dans les entreprises. À terme, le gouvernement vise à créer ou à maintenir 30 000 emplois dans le secteur. Le plan se décline en six volets d’intervention, dont voici le détail.

 
1) Outiller les entreprises d’économie sociale
Pour assurer leur développement, Québec maintiendra ou bonifiera les divers programmes déjà existants. Ainsi, le Programme favorisant la capitalisation des entreprises d’économie sociale sera rehaussé à 30 millions de dollars sur cinq ans. Le Réseau d’investissement social du Québec (RISQ), qui propose des prêts sans intérêts et des subventions, pourra compter sur un budget de 10 millions de dollars pour la même période. Il y aura également une bonification du Programme d’immobilisation en entrepreneuriat collectif, à hauteur de 20 millions de dollars, et la même somme sera injectée dans l’Entente de partenariat pour le développement des coopératives. Québec annonce un congé d’intérêts sur les sommes gérées par la Fiducie du Chantier de l’économie sociale qui propose des prêts sans intérêts sur 15 ans. En terminant, le MEIE veut aider les entreprises à développer des stratégies alternatives de financement, comme le sociofinancement.

 
2) Améliorer l’accès aux marchés et innover en économie sociale
Le secteur public représente un marché immense : la valeur des contrats octroyés par le gouvernement du Québec s’élevait à 5 milliards de dollars en 2012-2013 et celle dans le monde municipal à 8 milliards en 2008. Le plan d’action favorisera l’accès à ces contrats aux entreprises d’économie sociale. Pour y parvenir, on prévoit la mise en place d’antennes des « Territoires innovants en économie sociale et solidaire » (TIESS) dans l’ensemble des régions administratives. Leur mission consiste à regrouper des organismes et des chercheurs qui documenteront les pratiques innovantes et les conditions favorables aux partenariats avec le secteur public. De plus, 500 000 $ seront investis dans la recherche en innovation et 3 millions de dollars sur trois ans aideront les entreprises à mieux intégrer les nouvelles technologies de l’information. La même somme sera consacrée à la mise en place des TIESS.

 
3) L’économie sociale et les défis du vieillissement
Les entreprises d’économie sociale en aide à domicile offrent plus d’un million d’heures de service à 100 000 personnes, dont 70 % sont âgées de 65 ans et plus. Le plan vise la création de 5 000 emplois supplémentaires dans ce secteur qui en compte déjà 7 800. 6,5 millions de dollars seront investis dans la formation des employés, 1,6 million dans le soutien aux pratiques de gestion et 750 000 $ dans la recherche d’opportunités de marché.

 
4) Insertion socioprofessionnelle
Le Québec compte 51 entreprises d’insertion qui forment quelque 3 000 personnes par année. De plus, 46 entreprises adaptées permettent à 3 700 personnes souffrant d’un handicap de travailler. Le plan prévoit 750 000 $ pour le développement d’initiatives d’insertion et le maintien de la subvention salariale de 30 semaines.

 
5) Relève d’entreprise
Avec un nombre croissant d’entrepreneurs à l’aube de la retraite, le plan propose la mise en place d’un programme de soutien pour favoriser la reprise collective des entreprises, sous forme de soutien professionnel, doté d’un budget de 1 million de dollars.

 
6) Contribuer à l’économie sociale sur tout leterritoire
5,3 millions de dollars permettront de financer les activités des Pôles d’économie sociale dans toutes les régions du Québec. Leur rôle consiste à créer des outils (répertoires, portraits, outils de gestion et d’analyse), à organiser des évènements et des formations, à agir à titre de vigie et à animer des communautés de pratique. 500 000 $ seront consacrés à la création d’un pôle pour les Premières Nations. Autrefois administré par la CRÉBSL, le Pôle d’économie sociale du Bas-Saint-Laurent a procédé, le printemps dernier, à son incorporation. Il sera important que les organismes d’économie sociale de notre territoire qui s’investissent dans cette structure pour maximiser les retombées du plan d’action chez nous, car, en matière d’économie sociale, la solidarité demeure l’outil essentiel à la réussite.

À propos de Marie-Amélie Dubé

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