par Marie-Amélie Dubé
Je ne suis jamais seule.
Jamais.
Entre deux sourires ou au coin de la rue.
Entre deux mots si bien agencés, côte à côte, enlacés, pour toujours, marqués par l’encre qui a imbibé le papier de ce livre.
Entre le gobelet à café, que me tend la serveuse d’un de ces restaurants x ou y, et ma main.
Derrière moi quand je marche. À mes côtés quand je dors.
Entre ma peau, ma chair, mes os.
Entre mes amis et moi.
Entre deux projets, deux évènements.
Entre deux réussites et un échec.
À Noël. À ma fête. Au baptême et à l’enterrement.
Quand je suis fière. Quand je suis triste.
Quand je grandis. Quand je vieillis.
Quand je cherche. Quand je trouve.
Quand je me bats. Quand j’abdique.
Quand je m’aime. Quand je vous aime. Quand j’ai hâte de t’aimer.
Quand j’espère avoir des enfants. Quand j’aimerais les lui présenter.
Quand j’ai envie de crier, de tout arrêter, de m’envoler.
Quand le silence vient se poser.
Quand je ne pense pas.
Quand je cours, je sue et hyperventile.
Quand j’ai peur et que je cauchemarde.
Tu es là.
Tu me regardes.
Tu m’écoutes.
Tu me caresses la nuque, les cheveux et me prends la main.
Tu essuies mes larmes, me prends dans tes bras.
Tu me rassures, me sécurises.
Tu m’offres une tasse de thé, un café, une part de mon gâteau préféré.
Tu m’inventes une histoire pour me faire rire.
Tu me fais danser.
Tu m’aides à m’endormir en me racontant une belle rencontre de ta journée.
Tu me conseilles.
Tu m’aides à voir clair.
Tu me remets à ma place, parce que je dépasse les bornes.
Tu m’aides à faire le repas.
Tu me parles d’une expo que tu as visitée au musée.
Tu me fais sentir importante.
Maman, vivre avec ton absence est plus difficile que de vivre avec ta mort.