Texte | Marie-Josée Saindon
LES OMBRES FILANTES – CHRISTIAN GUAY – POLIQUIN – ÉDITIONS LA PEUPLADE – AOÛT 2021
Ceux qui ont lu La route de Cormac McCarthy, paru en 2009, verront certaines similitudes dans l’intrigue de ce roman. L’auteur, d’abord connu pour ces deux premiers romans, Le fil des kilomètres et Le poids de la neige, revient cette fois avec un univers de fin du monde postapocalyptique, alors qu’une panne d’électricité généralisée sévit partout au pays. Un homme quitte le lieu où il se terrait afin de rejoindre sa famille, réfugiée dans leur camp de chasse, situé à quelques jours de marche en forêt. Au détour, un jeune gamin, seul, l’interpelle et se crée alors un lien filial.
Assurément, ce roman est plutôt sombre puisque les êtres humains sont devenus méfiants les uns envers les autres. La société semble plongée dans un abîme où la loi du plus fort règne. Chacun se bat pour sa survie dans ce monde où le chaos règne. D’ailleurs, on ne connaît pas trop non plus ce qui a mené la société dans cet état.
Un constant mystère plane aussi sur les lieux, les personnages, l’environnement. On ne sait que très peu d’éléments sur tout ce qui entoure l’intrigue. L’histoire baigne dans un complet mystère, et même la fin laisse planer un doute sur la suite des événements. L’ambiguïté se cache sous toutes les facettes de ce qui est raconté. Et c’est sans doute cette curiosité qui nous tenaille page après page et qui fait en sorte que nous ne pouvons pas déposer ce roman !
Heureusement, le roman est porté par une belle écriture qui dépeint parfaitement les mystères de la survie en forêt et de la filiation entre l’homme et l’enfant. Il y a une odeur d’épinette et de grand air dans chacun des mots.
COUP DE COEUR : LA COURSE DE PETITS BATEAUX – FRED PELLERIN ET ANNIE BOULANGER – SARRAZINE ÉDITIONS – NOVEMBRE 2021
Sa réputation n’est plus à faire. Conteur, chanteur, auteur ; Fred Pellerin a tous les talents. Il a fait paraître un magnifique album, La course de petits bateaux, qui met en scène ses personnages fétiches, dont Toussain Brodeur. Le marchand général organise une course de petits bateaux que les enfants doivent eux·elles-mêmes créer. L’homme prend sous son aile Babine, le simple d’esprit du village.
« Les vrai·e·s gagnant·e·s ne sont pas toujours ceux·celles qu’on croit », « Croire en ses rêves » ; voilà ce qui alimente cet album. La langue de Pellerin est toujours aussi dense, amusante et imaginative. Et cette histoire prend toute son ampleur sous les aquarelles d’Annie Boulanger qui donne vie aux phrases poétiques de son acolyte. Douces et colorées, les illustrations sont remplies de détails, parfois hilarants, parfois juste célestes. À lire et à observer plusieurs fois pour saisir tout ce que contient ce petit bijou de la littérature jeunesse.