Texte | Marie-Josée Saindon
LA TENDRESSE ATTENDRA – MATTHIEU SIMARD – STANKÉ

« On meurt toujours un peu d’une rupture. On flotte un temps et on finit par l’oublier, en un mois, un an, dix ans, mais on reste toujours un peu mort, par morceaux. »
Bien que ce roman soit sorti en 2015, je ne l’ai lu que dernièrement. Quelle belle trouvaille ! C’est à la suite de la lecture d’Une fille pas trop poussiéreuse que j’ai découvert cet auteur. J’ai eu envie de m’attarder à ses autres oeuvres. (Les écrivements, à ajouter aussi à ta liste).
Le narrateur, jeune auteur, vient de se faire laisser par sa blonde, comme un coup de poing en pleine face. Il tente alors de la reconquérir en se faisant engager comme « plombier » dans le commerce situé juste en face de leur ancien appartement où elle vit toujours. Il veut lui prouver qu’il peut changer puisqu’elle lui a toujours reproché son travail d’écrivain. On réalisera bien assez vite que le commerce pour lequel il travaille n’est en fait qu’une couverture à des activités plutôt louches. Au travers du quotidien plutôt fade du protagoniste, c’est un regard lucide sur l’amour, l’amitié, le temps, la solitude, la faille laissée par une rupture. Les dernières pages vous vireront à l’envers ! Promis.
C’est un court roman où l’on prend rapidement le protagoniste en pitié. À plusieurs moments, on aurait juste envie de le serrer dans nos bras devant son coeur esseulé qui n’a assurément jamais acquis de mécanisme de défense contre un coeur en pleine hémorragie. Quiconque a vécu une peine d’amour éprouvera compassion et empathie pour lui. Malgré toute sa mélancolie, cette histoire est racontée sur fond d’humour. Et la plume de Simard est tout simplement délicieuse puisque malgré tout, c’est une ode à l’amour en pleine rupture !
LES FALAISES – VIRGINIE DECHAMPLAIN – LA PEUPLADE

« Je pense que je suis brisée. J’ai l’automne à l’envers. En dedans au lieu d’en dehors. Humide, tiède dans le creux des joues. Du vent qui craque dans la cage thoracique. C’est octobre. Ma mère est morte et j’ai pas encore pleuré. » p. 7.
Il y avait bien longtemps que je n’avais pas lu un roman d’une couverture à l’autre dans une même journée. Les critiques sont unanimes et avec raison ; ce premier roman de la Québécoise Virginie DeChamplain est touchant, enivrant, franc. C’est le genre de roman que tu lis lentement afin de savourer pleinement l’histoire de V., la protagoniste en quête de vérité, d’identité, en pleine fuite de la Gaspésie à l’Islande. C’est un roman que tu as le goût de faire lire autour de toi.
La narratrice apprend le décès de sa mère « morte comme une sirène » dans son Saint-Laurent qu’elle aimait tant. C’est l’histoire de trois générations de femmes qui ne se sont pas comprises. C’est une jeune femme qui tente de refaire son histoire de retour aux sources dans la maison de son enfance en Gaspésie. C’est un roman porté par une si belle écriture, un lyrisme parfait avec de si jolis mots comme une musique qui nous emporte dans cet univers marin au coeur de la nature. C’est une histoire remplie de déchirements, de colère, mais aussi d’amour et de lumière.
Assurément, mon coup de coeur de 2020.
PALMARÈS 2020 DE MES LECTURES :
Celui que j’ai lu au complet, mais… :
La lutte de Mathieu Poulin
Celui qui était beaucoup trop court :
Coeur vintage d’Émilie Bibeau
Celui que j’ai relu encore :
Je l’aimais d’Anna Gavalda
Celui qui fait du bien :
Les petites tempêtes de Valérie Chevalier
Celui qui vire à l’envers :
Pieds nus dans la gravelle et Le coeur pendu de Maude Michaud
Celui qui nous garde en haleine :
Le plongeur de Stéphane Larue
