Technologie des véhicules électriques : Le Cégep de Rivière-du-Loup à l’avant-garde

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par Busque

 

Je crois fortement que nous devons faire une transition dans nos habitudes de déplacement. Plus de vélo, plus de covoiturage et inévitablement moins de brulage de pétrole. Est-ce que la voiture électrique fera partie des solutions? Je crois que oui. D’autres comme André Gobeil, directeur de la formation continue au cégep ainsi que Caroline Gendron, agente de liaison et de recrutement, sont du même avis. Ils lancent une nouvelle formation à Rivière-du-Loup sur les nouvelles technologies des véhicules électriques. Soyez au courant (joke plate d’électricien).

 

Busque : Pourriez-vous me dire votre nom et votre poste ?

André Gobeil : Je m’appelle André Gobeil et je suis directeur de la formation continue à Groupe Collegia, secteur de Rivière-du-Loup, au sein du consortium Connec-TÉ pour le transport électrique.
Caroline Gendreau : Moi, c’est Caroline Gendreau, agente de liaison. Mon rôle est de déployer la formation, de la faire connaitre et je m’occupe du recrutement.

 

B. : Pouvez-vous nous parler de votre nouveau projet ?

A.G. : Rapidement, c’est un projet qui a été initié par des professeurs en électronique industrielle, Denis Paradis et Réjean Charest. Ils ont dit que ça serait intéressant qu’on puisse offrir une formation en transport électrique. De leur côté, ils ont commencé à faire des recherches, ce qui nous a amenés à échanger avec le cégep de Saint-Jérôme qui lui, avait un centre de recherche sur le transport électrique qui s’appelle l’IVI et l’on y travaillait aussi à l’élaboration d’une attestation d’études collégiales sur la technologie du véhicule électrique. Plutôt que de travailler chacun de son côté, on s’est demandés si l’on pouvait faire quelque chose ensemble. Donc, on a commencé à travailler sur le développement de cette AEC. À Saint-Jérôme, il y en avait déjà une, mais elle a été remise à jour avec des entrevues dans les entreprises spécialisées dans le transport électrique, le transport scolaire ou les entreprises qui fabriquent des transports électriques comme des autobus ou autre chose du genre. Donc, on a fait cette démarche avec eux et l’on est arrivés à une première AEC, qui a été offerte pour la première fois à Saint-Jérôme en février dernier et qui est actuellement en phase de fin de programme.

 

B. : Combien de temps le programme dure-t-il ?

A.G. : C’est un programme de huit mois qui inclut un stage.

 

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B. : Est-ce que c’est le même cours à Rivière-du-Loup qu’à Saint-Jérôme ?

A.G. : Oui. C’est la même chose.
C.G. : La particularité ici, à Saint-Jérôme aussi, mais ici principalement, c’est qu’on touche entre autres à la maintenance des véhicules électriques parce qu’on sait qu’il n’y a pas d’usine de fabrication dans la région ici. Il y a aussi le projet de parcours de continuité AECDEC avec l’électronique industrielle.
A.G. : Ce parcours permet aux étudiants qui sont en électromécanique avec la Commission scolaire de Kamouraska — Rivière-du-Loup ou avec d’autres commissions scolaires de l’Est-du-Québec de faire ce cours. De rentrer dans l’AEC de l’énergie du véhicule électrique leur permettrait de faire leur DEC en moins d’années que s’ils s’étaient inscrits directement dans le programme. Il y aurait une triple diplomation : le DEP, l’AEC plus le DEC à la fin. Donc, on a fait ce programme, mais ce n’est pas tout. On s’est aperçus qu’on pouvait collaborer avec Saint-Jérôme et que c’était agréable de travailler ensemble. Alors, on s’est demandés si l’on pouvait créer une sorte de consortium dans lequel on pourrait offrir d’autres types de formations dans le secteur du transport électrique. On a donc créé le consortium Connec-TÉ qui est le Consortium national d’enseignement des compétences en transport électrique. On a créé ce consortium pour pouvoir offrir l’AEC, mais également offrir de la formation sur mesure pour, par exemple, les premiers répondants. Il y a une formation qui a été développée à Saint-Jérôme et qu’on va offrir aussi dans l’Est-du-Québec. Il y a également une autre formation qui est la manipulation de batteries haute tension. L’autre cours qu’on veut offrir, c’est le cours de recyclage de voiture. Il va arriver des véhicules électriques bientôt dans les cours comme ici à Cacouna. Qu’est-ce qu’on va faire avec ces véhicules et leur batterie ?
C.G. : Ça touche aussi le transport et les remorqueurs.
A.G. : On est en train de créer un volume de formation sur mesure dans ce cadre. Au fur et à mesure où on commence à oeuvrer dans le domaine, on souhaite prendre plus de place, développer soit de la formation sur mesure ou d’autres cours créditables, des cours pour des personnes qui sont propriétaires d’un véhicule électrique, par exemple, se doter d’un volume important de compétences à offrir pour l’ensemble du territoire québécois. On va travailler en collaboration avec les autres cégeps pour assurer la diffusion des programmes de formation.

 

B. : Quand les premiers cours commenceront-ils à Rivière-du-Loup ?

A.G. : Le premier cours de l’AEC va commencer en janvier 2017. On est en recrutement actuellement pour l’AEC.

 

B. : Avez-vous déjà reçu des demandes ?

A.G. : Oui, on reçoit des demandes d’information, il y a même des gens qui ont rempli leur demande d’admission. À l’automne, on va aussi faire connaitre par publicité notre offre de formation sur mesure. Il y en a pour qui ce sera fait directement avec les personnes comme les premiers répondants. On va faire une formation sur mesure avec les policiers, mais s’il y a d’autres formations qui sont plus grand public, à ce moment-là on va les faire connaitre par les regroupements de personnes qui oeuvrent dans le domaine du véhicule électrique, par des associations comme l’AVÉQ.

 

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B. : Comment vois-tu la voiture électrique au courant des prochaines années et pourquoi ?

A.G. : Elle va prendre une place fulgurante. Je pense qu’il va y avoir une croissance drôlement importante sur les routes au Québec au cours des prochaines années. Caroline et moi avons participé à l’évènement Branchez-Vous à Montréal et à Lévis et l’on a fait aussi le plus gros évènement de véhicules électriques au monde qui s’appelle EVS, l’Electric Vehicule Symposium, à Montréal. On a essayé des véhicules électriques et, une fois qu’on l’a essayé, on est contaminé. On ne veut plus revenir à l’essence pour plusieurs raisons. Premièrement, pour le coût du carburant qui est nettement incomparable avec l’électricité. Il y a des représentants de commerce qui nous ont raconté que leur Tesla n’était pas seulement amortie, mais était remboursée avec les économies de carburant qu’ils ont fait en dedans de 3 à 4 ans, et c’est un véhicule de plus de 100 000 $, ce n’est pas rien. Deuxièmement, il y a la conscience environnementale. C’est une énergie propre, renouvelable, qu’on a en abondance au Québec, qui ne coûte presque rien ici. Troisièmement, il y a le plaisir de la conduite. Il n’y a pas de transmission, pas de changement de vitesse, pas de palier. Quatrièmement, c’est l’entretien. Il n’y a presque pas d’entretien. Il y a beaucoup moins de fluides à l’intérieur, pas d’huile de transmission. Il y a des gens qui nous racontaient qu’ils n’ont pas vu de garagiste depuis un an et demi parce qu’ils ne faisaient que les mises à jour de logiciels en ligne et le changement des pneus d’hiver. Avec toutes les mesures que le gouvernement du Québec met en place, que ce soit les traversiers ou les autoroutes gratuites, des gens nous ont confié qu’en dedans de deux ans leur véhicule était payé parce qu’ils ne payaient plus de ponts, d’autoroutes payantes et qu’ils payaient beaucoup moins cher de carburant. Récemment, je lisais que la nouvelle GM Bolt va avoir 380 km d’autonomie. Nissan parle de monter la Leaf à 480 km d’autonomie. La nouvelle Tesla qui est attendue prochainement va être aussi autour de 400 km d’autonomie. À 400 km d’autonomie, ça devient plus qu’un pensez-y-bien. Puis, avec la démocratisation des technologies, le coût d’acquisition devient moins prohibitif que ce que c’était avant.

 

B. : Donc, le kilométrage d’autonomie augmente, les prix baissent et la recharge va plus vite.

A.G. : Exactement. C’est là où l’on s’en va et c’est drôlement intéressant. Quand on parle de changement de culture, les paradigmes changent complètement. Si l’on recule de 10 ans, les téléphones cellulaires étaient gros comme une buche. Maintenant, on ne peut pas demander aux gens de s’imaginer sans un téléphone cellulaire dans leur poche.
B. : On va regarder la voiture à essence bientôt et l’on va se trouver idiot de l’avoir utilisée !
A.G. : Oui, je crois qu’on va en arriver là, dans un horizon de 20-25 ans. L’essence va avoir disparu, pas complètement, mais de façon assez importante. Je sais qu’actuellement, des gens travaillent à faire des camions électriques pour pouvoir permettre la livraison de chargement. On va continuer. La capacité des batteries va aller en augmentant aussi. J’ai l’impression qu’on va en voir de plus en plus.
C.G. : Les gens vont graduellement changer la relation qu’ils ont avec leur véhicule. Dès qu’on essaie un véhicule électrique, on a tout de suite le plaisir de la conduire et l’on réfléchit aussi sur la relation qu’on a avec notre véhicule. Est-ce que je dois absolument consommer de l’essence ? On peut intégrer cette nouvelle mentalité.
A.G. : Ce qui est drôle quand on va dans les salons, c’est qu’on rencontre les propriétaires de véhicules électriques et ce sont comme des évangélistes ! Ces gens sont plus que convaincus, ils sont engagés dans le transport électrique. Je cite les gens de l’AVÉQ parce que je trouve que ce qu’ils font est vraiment particulier. Il y a un site de l’AVÉQ qui permet à une personne qui veut essayer un véhicule électrique de pouvoir s’inscrire, d’avoir une communication avec un propriétaire de véhicule électrique qui va aller chez lui pour lui faire essayer le modèle qu’il a choisi avec l’objectif ultime de pouvoir en faire l’acquisition. Aussi, avant qu’il y ait tout le réseau de bornes, il y avait des propriétaires de véhicules électriques qui avaient des bornes personnelles et qui les rendaient disponibles pour les automobilistes électriques pour qu’ils puissent aussi y avoir accès. Donc, il y a tout ce tissage qui est en train de se faire avec les véhicules électriques. C’est un secteur qui est, pour notre institution, pour le Cégep, drôlement stimulant et porteur aussi de développement et de changement. On est contents d’être dans les premiers collèges à faire des pas dans ce secteur.

 

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« Pour quelqu’un qui a une fibre entrepreneuriale, il y a des occasions d’affaires très intéressantes. »

 
B. : Pouvez-vous me parler des cours qu’il va y avoir ? À quoi ressemble le programme ?
A.G. : Le but est de permettre à la personne qui va diplômer d’avoir trois niveaux de compétences. Un premier, évidemment : la connaissance des véhicules électriques, leur fonctionnement. Cette compétence va servir, par exemple, la personne qui voudrait aller conseiller chez un concessionnaire qui va vendre des véhicules électriques à plus ou moins long terme. La deuxième compétence, c’est d’assister dans la maintenance de ces véhicules, ce qui fait que le véhicule fonctionne de telle façon, qu’il a telle problématique et comment on peut corriger certains éléments dans la notion d’électronique ou d’électrique. La troisième est l’assistance dans la conception de véhicules électriques. À Saint-Jérôme, c’est plus présent, il y a des fabricants comme Nova Bus, comme Autobus Lion qui font des véhicules électriques et ils ont besoin de techniciens. Ils ont beaucoup de concepteurs, mais peu de personnes qui sont en mesure de travailler avec la technologie pour cette région. Pour nous ici, ces personnes qui peuvent assister à la conception pourraient travailler entre autres chez Bombardier parce que les trains de métro de chez Bombardier, c’est du transport électrique aussi. Ça peut être aussi chez Pascal Ouellet, qui a un centre de maintenance pour Autobus Lion pour l’Est-du-Québec. Il y a peut-être des finissants qui vont pouvoir aller travailler là-bas, pour les assister un peu au niveau technique. On parlait avec des gens de Precicad, qui font des véhicules électriques d’utilisation non routière, c’est-à-dire pour des chantiers de construction par exemple. Une cour industrielle où on veut déplacer des objets, plutôt que d’avoir un véhicule à essence, où on pourrait avoir un véhicule électrique qu’ils auraient conçu.
Récemment, ils ont fait pour l’aéroport de Calgary des navettes électriques qui assurent la liaison entre les différents terminaux de l’aéroport. C’est un produit québécois complètement conçu ici. Nos étudiants pourraient aller travailler là aussi par la suite.
B. : Ce programme s’adresse-t-il à des gens d’une tranche d’âge en particulier ?
A.G. : C’est pour tout le monde. C’est sûr que c’est un parcours qui est à temps plein, 25 h/ semaine. Évidemment, pour une personne qui est en emploi, c’est peut-être difficile de suivre la formation. Pour une personne qui serait en arrêt de travail momentané durant l’hiver et qui a un intérêt pour ces compétences pourrait s’inscrire.
C.G. : Il faut penser que c’est un domaine d’avenir aussi. Pour quelqu’un qui a une fibre entrepreneuriale, il y a des occasions d’affaires très intéressantes. Quand on s’inscrit dans une AEC, on pense beaucoup aussi à l’emploi au bout. Le parcours de continuité DEPAEC-DEC est aussi bien intéressant. Après 2 ans, l’étudiant termine avec deux diplômes collégiaux, donc l’emploi est à 100 %.

A.G. : Comme les gens de Doc Borné, mais qui ne s’appelle plus Doc Borné, qui s’appelle maintenant Astria. C’est un diplômé du cégep de Rivière-du-Loup qui a démarré cette entreprise de développement de bornes de recharge dont la maison mère est à La Pocatière. Ils sont en train d’aller chercher un marché important, pas seulement au Québec, mais aux États-Unis aussi. C’est intéressant comme développement. Il y a un engagement de la part du gouvernement du Québec actuellement à cet égard. Dernièrement, il parlait d’une loi zéro émission, pour atteindre les objectifs fixés à Paris. Dans ce contexte, il va falloir que tous les concessionnaires soient en mesure de vendre des véhicules électriques. Il faut se promener à Montréal pour voir ce que Téo Taxi est en train de faire pour comprendre que c’est aussi un autre changement de culture. Il y a un bouillonnement qui est intéressant, qui est stimulant et l’on veut faire partie de ce bouillonnement, on veut être dans cette effervescence.

 

 

 

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