Texte | Marie-Josée Saindon
KUKUM – MICHEL JEAN. LIBRE EXPRESSION, SEPTEMBRE 2019, 224 P.
Kukum, bien que ce soit une histoire fictive, est fortement inspirée de l’ancêtre de l’auteur, son arrière-grand-mère, Almanda Fortier. Orpheline et Blanche, elle s’éprend de Thomas, un Innu, nomade, avec qui elle adoptera un mode de vie où la chasse et la pêche sont au coeur des jours. Elle apprendra les us et coutumes pour devenir l’une des leurs, une vraie Innue.
Par la voix d’Almanda, chaque page nous fait découvrir leur mode de vie, les durs labeurs, la rudesse des hivers et surtout, l’amour qu’elle portait à son Thomas. Ce roman est un hymne à ce mode de vie où la nature décide de tout, et où ces peuples la respectent plus que tout.
Au travers de la vie de son héroïne avec les siens, Michel Jean voulait, en utilisant la fiction, raconter comment le Québec et sa modernisation ont forcé ces peuples nomades à la sédentarité. En quelques décennies, les Blancs les ont dépossédé·es de leur territoire ancestral, utilisant leur rivière pour la drave, bloquant ainsi l’accès qu’il·elle·s avaient au territoire où ils séjournaient l’hiver pour refaire leurs provisions.
C’est tout un pan de leur histoire qui est raconté ! C’est touchant, mais si frustrant ! Le côté historique nous fait réaliser à quel point l’industrialisation a fait fi des droits des Autochtones, les reléguant sur leurs réserves, alors que c’était pour eux contre nature.
La plume de Michel Jean raconte en toute sensibilité cette histoire romancée, mais fortement inspirée de faits vécus. Les descriptions de la nature avec qui les Innu·e·s ne faisaient qu’un·e sont magnifiques.

BIVOUAC – GABRIELLE FILTEAU-CHIBA. XYZ. MARS 2021. 286 P.
Bivouac, c’est l’histoire d’Anouk – le personnage principal d’Encabanée – une fille engagée qui a tout quitté pour vivre recluse dans sa cabane. Avec son amoureuse Raphaëlle, les deux femmes s’allient à Riopelle, un artiste-peintre, pour défendre leur territoire, accompagné·e·s d’un groupe d’ardent·e·s défenseur·euse·s du territoire. Il ·Elle·s se portent à la défense de Gros Pin et de son territoire, menacés par des coupes à blanc.
Encore une fois, la plume de Gabrielle Filteau-Chiba nous transporte ailleurs, là où la nature est maître et où ses personnages vivent dans son plus grand respect. Cette autrice est une ardente défenderesse de l’environnement. Toute son histoire porte son message, et il ne peut qu’éveiller davantage notre conscience écologique… un geste à la fois. Le récit se déroule en grande partie au milieu des bois et sa lecture a un effet apaisant, loin du bruit de la ville, des néons et de l’humain beaucoup trop connecté. Sa lecture est comme un ressourcement, une déconnexion, un appel à aller marcher en pleine nature et à en prendre soin.
Sur ma table de chevet, ces romans attendent impatiemment d’être lus… peut-être se retrouveront-ils dans la prochaine chronique ?
– L’intrusive, de Claudine Dumont ;
– La fille d’elle-même, de Gabrielle Boulianne-Tremblay ;
– Tout est Ori, de Paul Serge Forest.
Et vous, chers lecteur·trice·s, quels sont vos derniers romans coup de coeur ?
