Slam Marilien

par Marilie Bilodeau

 

14 mai 2017, Forge à Bérubé
Fred Fortin en spectacle
Y’était hors de question que j’le manque, même si ce jour-là je franchissais la barre des 40 semaines de grossesse
Pour me laisser du jeu, j’avais juste cliqué « intéressée » sur l’événement Facebook
Ce matin-là, le bouchon muqueux avait décidé de sacrer son camp en même temps que mon urine matinale.
La gate était désormais ouverte
C’est pas un bouchon muqueux qui va me faire manquer Fred Fortin, No way, the show must go on
Aux premières notes d’« Oiseau », boum,
CONTRACTIONS
J’en avais déjà eu avant, mais là c’était nouveau, ça faisait mal en tabouère
El Dâ me tient la main « ça va, Marilie ? » Oui oui, ça va. Y’est pas question que j’manque le show
J’empoigne fortement la main du Dâ à chaque 10 minute. Ça fait de plus en plus mal
Chus capable, faut que j’tough jusqu’à « Molly » « y’a la vaisselle qu’y’attend qu’on la ramasse pas tout de suite, moi c’est certain… »
Envie d’uriner
J’me lève
Pluie de liquide amniotique dans la Forge à Bérubé
« Ça fait un boutte que j’dis qu’y faudrait bin que j’change mon vieux prélart »
Le déluge se dirige vers la piste de danse
Les danseurs, obnubilés par le charme de Fred Fortin, ne remarquent pas l’inondation
Substance visqueuse recouvrant le parquet, quelques-uns commencent à perdre pied et voilà que la piste tout entière se transforme en véritable spectacle de danse contemporaine.
Peu importe, the show must go on.
– Viens, Marilie, là, faut aller à l’hôpital
– Non, j’m’en irai pas avant d’avoir entendu ma toune
Je tords le bras du Dâ à toutes les 5 minutes
David capote
On est en train de m’éviscérer. J’ai mal au ventre, au dos, j’ai mal au coeur. Fred Fortin est fucking sex même s’il a pris un coup d’vieux. The show must go on, y devrait faire « Molly » dans pas long
« Canada Canada, je ferai tout avec toi »
Je déchire les tissus du bras du Dâ à toutes les deux minutes
J’ai encore plus mal, ça pousse, je sens une tête entre mes jambes
Dâ me dit : ok là, ça va faire. On s’en va
Il me prend par le bras, on descend les gradins.
Ça pousse de plus belle
Un instinct animal millénaire s’empare de mon corps. Mon esprit est dans les vapes. Ça pousse, ça pousse encore…
AHHHHHHHHHH
« Fais du feu dans l’camp, à soir j’enfile mes boots »
Une petite chose s’extirpe de mon corps, j’essaie de l’attraper, mais en vain. Elle tombe doucement sur la piste de danse prélubrifiée par mon liquide placentaire. Elle s’élance sur le dancefloor. Les danseurs lui font une haie d’honneur. Elle continue sa course jusqu’à la scène et c’est alors que Fred Fortin interrompt « Molly » pour prendre l’enfant gisant à ses pieds
Ému par la scène, Olivier Langevin dépose sa basse enlève son t-shirt. Il l’utilise pour essuyer délicatement le vernix qui recouvre le visage de ma fille. Il la place tout contre son chest, dégoulinant de sueur. Peau à peau. Elle pousse son premier cri. Je pleure à chaudes larmes
Pierre Fortin, qui s’était fait plutôt discret jusque là, quitte son drum pour venir couper le cordon ombilical… avec ses dents. Osti qu’y sont rock’n’roll
Ils me remettent l’enfant et reprennent « Molly » là où ils l’avaient laissée, pendant que Mélanie Moto savoure son premier snack de colostrum, the show must go on
« J’ai shiné mon gun c’est si bon un peu d’amour Smith and Wesson mille huit cent soixante douze Je mettrai le canon doucement dans ta craque de blouse »

juillet34

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