par Priscilla Winling
Du 9 au 19 novembre dernier, se sont tenues les Rencontres internationales du documentaire de Montréal. C’était la 20e édition et, pour moi, la première.
Depuis septembre, je suis étudiante en cinéma documentaire à l’École des métiers du cinéma et de la vidéo de Rivière-du-Loup. Assister à ce festival fait partie intégrante de la formation. Listes de films à regarder, conférences avec des programmateurs, producteurs, classe de maître avec des réalisateurs, cours ; c’est un programme dense que l’École nous a concocté en seulement trois jours. Petit festival (enfin, tout est relatif), mais pas mineur, il a l’avantage d’avoir conservé une convivialité qui le rend d’autant plus abordable qu’on peut se sentir intimidé de rencontrer tout ce monde en si peu de temps. Les lieux permettent pour la nouvelle arrivante que je suis de découvrir Montréal par petits bouts : la Cinémathèque québécoise et son café où se tissent les conversations entre les producteurs, les documentaristes, les journalistes ; le cinéma du Parc ; l’Université Concordia ; le Cinéma Beaubien… Mon emploi du temps était très serré, entre les séances de films, les entrevues et le documentaire sonore que j’avais à tourner. Je n’ai pas pu profiter autant du festival que j’aurais aimé et suis restée un peu sur ma faim. L’entrevue que j’avais à faire m’a permis de faire la connaissance d’Amandine Gay, la passionnante réalisatrice d’Ouvrir la voix, qui allait recevoir le Prix du public le lendemain soir, lors de la cérémonie de clôture. Son film, basé sur des entretiens avec 24 femmes francophones afropéennes, questionne l’expérience des femmes noires en France et en Belgique, de l’enfance jusqu’au choix ou non de quitter la France (ou la Belgique). Le documentaire a trouvé un distributeur au Canada, on pourra donc le voir d’ici quelques mois.
« C’est drôle, parfois triste, voire troublant, mais jamais misérable. »
Le très touchant Bagages de Tom Paul, diffusé le lundi 11 décembre 2017 sur Télé-Québec, a également eu une récompense, le Prix des détenues décerné par cinq résidentes de l’Établissement Joliette. Bagages donne un visage à l’immigration, celui d’enfants au secondaire qui apprennent le français tout en travaillant ensemble à une pièce de théâtre qui parle du déchirement de partir et les défis pour rester, et l’envie d’être accepté, comme n’importe quel enfant, comme n’importe quel être humain. Enfin, je recommande fortement Nothingwood de Sonia Kronlund. Elle filme un réalisateur-acteur-producteur afghan, personnage gargantuesque plus vrai que nature, et en filigrane, un portrait différent de l’Afghanistan. C’est drôle, parfois triste, voire troublant, mais jamais misérable. J’ai hâte à l’édition 2018, où je compte bien profiter davantage de la programmation. De cette première fois en tant qu’étudiante, j’ai eu le sentiment que le monde du documentaire au Québec était à ma portée, que c’était quelque chose du domaine du possible pour moi, même si le contexte actuel du financement des films est décrié par associations de documentaristes. Il n’empêche que nous vivons à une époque où le cinéma du réel est plus que jamais vital et indispensable. J’ai hâte.