par Frank Malenfant
J’ai vécu bien assez souvent des situations où quelqu’un m’a délibérément provoqué dans le but de provoquer une réaction de ma part. Ce qu’il faut savoir, c’est que la réaction n’est pas seulement attendue, mais c’est carrément l’objectif. Ainsi, si après un acte de terrorisme on cède à la peur, à la panique et à la colère ; si les médias inondent la Terre entière de cris, de sang et de colère ; c’est le plan du terrorisme qui se déroule parfaitement.
Si cependant on cesse d’accorder plus de crédibilité à ces individus qu’ils en ont ; si le « terroriste » de Nice n’est qu’un homme désespéré qui a choisi de mourir dans un coup d’éclat ; si l’État islamique n’est rien d’autre qu’une bande d’illuminés qui propagent un message de haine en souhaitant que le plus de personnes manipulables possible fassent le plus de dégâts possible ; si ce n’est plus l’Islam contre l’Occident parce que ces fauteurs de trouble n’ont aucunement la légitimité de parler et de choisir au nom de 1,6 milliard de musulmans et musulmanes dans le monde, alors tout à coup la « baloune » du terrorisme dégonfle. Alors l’État islamique est réduit au statut de gang de rue. Nous ne faisons plus écho à la propagande de guerre de Daesh, nous reprenons le contrôle du discours. Résister ainsi à l’image de puissance qu’ils tentent d’implanter dans nos esprits peut ne sembler rien changer à leur capacité à faire des morts, pourtant cela leur enlève énormément de crédibilité face aux esprits malades qui pourraient être tentés de tomber dans leur piège. Si nous refusons l’image d’une armée toute puissante et que nous les voyons pour ce qu’ils sont, une bande d’illuminés, quelques milliers sur des milliards, des fous, et surtout pas des leadeurs religieux, alors leur capacité de séduire d’éventuels loups solitaires s’en trouvera grandement diminuée.
« L’État islamique est une menace. La religion et la politique n’ont rien à faire ensemble. »
L’alternative, c’est de leur faire la guerre ; de leur accorder le titre de porte-parole du tiers de l’humanité, de leur donner le pouvoir de faire réduire les libertés en Occident et au Moyen-Orient, de créer du désordre dans nos sociétés et d’ostraciser une fraction de citoyens de nos pays jusqu’à ce qu’ils se radicalisent et se fassent exploser dans un endroit public au nom de l’autoproclamée grande puissance de l’État islamique et contre un Occident qui se sera montré sous son plus mauvais jour. Cette alternative, c’est le chemin que nous empruntons depuis 15 ans au grand plaisir de nos assoiffés de pouvoir et de contrôle ; c’est la guerre en Afghanistan, en Irak, le Patriot Act et la NSA (États-Unis), C-51 (Canada), l’État d’urgence (France) ; c’est pomper des armes dans une poudrière ; c’est le jeu des terroristes où ils sont en parfait contrôle de la partie, et où nous sommes sur les talons, frustrés. L’art de la guerre, c’est de garder la tête froide. L’État islamique est une menace. La religion et la politique n’ont rien à faire ensemble. Il importe que nos pays défendent et promeuvent nos valeurs humanistes, progressistes, démocratiques et laïques ; que nous portions fièrement notre culture et notre langue afin que nos nations ne cèdent pas aux fanatismes et restent une terre paisible et accueillante pour ceux qui fuient le fanatisme. Rien dans cela ne nécessite la haine, le sensationnalisme, ou le repli sur soi. Ce ne sont qu’une bande de fauteurs de trouble. Arrêtons-les pour vrai ! Cessons de fournir des armes à leurs alliés, cessons de permettre à leurs alliés de financer nos écoles ou nos
mosquées, cessons de tolérer leur message de haine au profit de la religion universelle : l’argent. Il est temps de nommer les coupables avec courage, et nous savons tous que cela commence avec certains grands alliés de nos gouvernements.