Texte | Silvie Côté
Je profite de ma quarantaine pour découvrir le monde de ma fille. Elle est ici chez moi depuis hier, devant son écran, et « ploguée » sur ses écouteurs, à parler avec ses clients.tes et ses protégés.ées. Depuis quelques années, je marche parallèlement à son monde, en jetant un coup d’œil à l’occasion, mais en restant distante, car son univers me dépasse un peu. Mais je profite de ce confinement pour entrer dans le monde des youtubeurs.euses.
Jeanne est gestionnaire de talents pour une entreprise qui se nomme Studio Le Slingshot. Elle gère plus de 15 youtubeurs.euses québécois.es. Son quotidien est de développer des liens avec ce que le commun des mortels appelle les influenceurs.euses et des entreprises de différents secteurs d’activité. En plus simple, elle fait du marketing d’influence. Elle connecte des annonceurs.euses à des audiences (les consommateurs de vidéo Youtube) par du contenu pertinent et authentique. Le discours des créateurs.euses de contenu est efficace, car ils.elles utilisent le langage et les intérêts des personnes qui les écoutent.
J’entends depuis quelques jours les mots Story, Lifestyle, Foodie, Gaming, Montage, Produit, Diffusion, Réseaux sociaux et Contrat. Ses talents développent du contenu diffusé sur leur chaîne Youtube. Si ceux-ci ont signé un contrat pour mettre de l’avant une idée ou un produit, Jeanne s’assure que l’entente est respectée et que ce qui a été prévu sera communiqué et diffusé dans le moindre mot. On parle de portée (visibilité du message) de plusieurs milliers de vues sur YouTube, autant de mentions « j’aime » sur Instagram et de centaines de milliers en ouvertures Instastory. C’est vraiment beaucoup de monde et d’interaction…

Crédit photo – MANNY
Au moment où j’écris ces mots, elle échange en appel conférence avec un.e client.e potentiel.le et un.e youtubeur.euse. Le.la client.e présente son produit, indique que le.la youtubeur.euse aura le produit pour l’essayer. C’est à ce moment que ma fille intervient pour expliquer l’entente et insister sur le fait que son talent doit endosser le produit, y adhérer et y croire pour le promouvoir. Rien n’est dit sur le réseau si le produit ne correspond pas à ce que le.la youtubeur.euse veut faire connaître à son audience et ses fidèles abonnés.ées.
Jeanne doit éviter de perdre la crédibilité de ses protégés.ées au profit de l’appât du gain. Elle doit trouver le juste équilibre entre la promotion d’un produit et la justesse des discours, et si celui-ci correspond à ce dont le.la créateur.trice de talent croit et met de l’avant. Il faut bien comprendre les objectifs du.de la client.e et s’assurer que son but n’est pas seulement de trouver une avenue pour faire parler de son produit. Il.Elle doit bien avoir en tête qu’il.elle doit développer avec l’agence une bonne stratégie. Il ne s’agit pas seulement d’offrir un produit à un.e influenceur.euse pour qu’il.elle en parle… il faut établir un lien de confiance, réussir à bien mettre de l’avant les avantages du produit et ne pas penser qu’on réussira à « vendre des frigos à des esquimaux ».
Il faut arrêter de croire que les youtubers.euses disent n’importe quoi et qu’ils.elles font seulement la promotion de produits qu’ils.elles veulent posséder ou essayer. À écouter ma fille parler, je vois bien que ce n’est pas du n’importe quoi. Cette génération a des principes et des valeurs qu’ils.elles veulent conserver et transmettre à travers leur vidéo. Ils.Elles croit à ce qu’ils.elles disent et leur souhait le plus cher est de faire connaître à leur communauté ce qui les branche et les passionne.

Est-ce le présent, l’avenir ? Trop complexe pour en décider en un après-midi. Si vous voulez en juger par vous-même, je vous invite à aller voir leslingshot.com/fr/creators. Les influenceurs.euses que ma fille représente y sont listés.ées et vous aurez accès à leurs chaînes. C’est vraiment tout un monde à découvrir. J’en arrive à me souhaiter que ma quarantaine se poursuive pour que je puisse faire le tour de son monde.