texte Anne-Marie Morin
21 h 40, fraîchement atterrie sur le divan avec un grand soupir de soulagement de voir cette journée se terminer. Deux, trois clignements de yeux et voilà que le cerveau s’emballe à nouveau : ah non, le lunch… je dois vérifier mes courriels… ah c’est vrai, il ne faut pas oublier le rendezvous demain… et patati et patata !
Voici la course mentale digne d’un sprint qui commence alors que le marathon quotidien tire à peine à sa fin. Il n’y a pas une règle qui dit qu’après une course, il doit y avoir un temps de récupération ? Il y a quelque chose qu’on a loupé en chemin ou quoi ?
Envahi de stimuli arrivant à 100 miles à l’heure de part et d’autre, le cerveau surchauffe, mais on lui en demande encore et encore…
Le corps crie sa fatigue et le sentiment de ne pas être respecté par l’horaire de fou, la posture pas du tout ergonomique et les rendez-vous sans cesse remis à plus tard, mais on continue encore, croyant qu’il est notre serviteur et qu’il va suivre d’une façon ou d’une autre…
Les listes sont interminables, les implications multiples, les heures de travail qui font du bungee et on ne veut surtout pas oublier les loisirs, l’entraînement, la soirée entre ami.e.s. On est brûlé.e, mais on en ajoute comme s’il fallait prouver que l’on mérite d’avoir le titre de super champion.ne de la performance, comme si on voulait battre un record.
Mais au juste, on fait ça pourquoi, pour qui et jusqu’à quand ? Qui a dit qu’il fallait aller si vite et en faire autant ? C’est bien sûr notre charmant copain, l’ego. Cet ego tétanisé de la peur d’échouer, de ne pas être à la hauteur, de ne pas en faire assez.
Avancer c’est important, mais courir est-ce vraiment nécessaire ? Surtout si on prend des détours inutiles ou qu’on s’épuise tellement que notre vie se voit abruptement mise en suspens pour cause d’épuisement, de maladie.

Il est grand temps de se prendre en main. Mettons de côté les intentions sans lendemain, les résolutions qui ne s’exécutent jamais. Quittons dès maintenant la survie et vivons enfin !
Bon ok, c’est bien beau tout ça, mais on fait quoi au juste ? Il ne faudrait surtout pas oublier d’être performant dans cette quête d’apaisement. Chassez cet ego qui revient au galop !
Vous savez quoi ? Le truc le plus efficace, c’est de ne rien faire. Oui, oui, j’ai bien dit ne rien faire… Aïe ! Ça fait mal à l’ego qui a peur de s’arrêter par crainte de constater que l’adrénaline et le cortisol qui carburent depuis des lustres dans son système ne font que créer l’illusion que tout va bien dans la vitesse, le stress, la fatigue tentant de faire oublier le vrai problème : à vouloir tout vivre, on ne vit plus vraiment.
Prenons seulement le temps de vraiment s’arrêter. Libérons nos épaules des douze tonnes de briques de responsabilités et de culpabilité et respirons ! Hum… respirer ? ! Comment ? Ok, je vous aide : inspire, expire, inspire, expire, et ce, jusqu’à ce que le corps, la tête et le corps aient l’impression enfin de faire équipe. Oui, ça peut être long. L’ego n’aimera pas être ignoré et le mental s’agitera peut-être. Il faut être patient, y aller modérément et recommencer régulièrement !
C’est dans ce simple apaisement que l’on s’accorde trop rarement que l’on se donnera l’occasion de se redécouvrir, de connecter essentiellement avec soi-même.
Certes, il y aura toujours autre chose à faire, il y aura toujours des listes, des responsabilités et des obligations, mais en se donnant la chance de faire face à tout ça avec un peu plus de zénitude, tout semblera finalement plus facile et agréable. Et si ce n’est pas le cas, nous aurons au moins pu nous reposer un brin et prendre le recul nécessaire pour trouver les bonnes solutions, celles qui rendront notre vie plus légère !
Et psst… L’ego s’insurgera à plaider que ça ne fonctionne pas et que ce n’est pas utile. Pas simple lorsqu’on brise les habitudes. Mais, malgré ses airs de dur, il est seulement effrayé de perdre le contrôle. Alors, soyons persévérant.e.s et l’ego nous remerciera à grands coups de silence et de tranquillité !
Alors, ça vous tente ? !