Quand la réussite va au-delà de la note!

Texte | Marie-Amélie Dubé
Photo | Sara Dumais-April

Depuis un an, Nancy Couture est la directrice générale du Centre de services scolaire du Fleuve-et-des-Lacs (CSSFL). Dire que la passion de l’éducation la guide au quotidien serait l’euphémisme du jour ! Elle est convaincue qu’elle peut faire la différence, et à la blague, elle dit souvent qu’elle ira faire de la suppléance à sa retraite ! « Depuis que je suis devenue directrice générale, j’ai la possibilité d’avoir des liens avec le Ministère et d’influencer l’ensemble de nos services. C’est une immense machine, mais tout doit converger vers la réussite de l’élève, avant tout. Sans élèves, nous ne serions pas là ! »

Connaissez-vous beaucoup de directions générales qui tiennent à prendre le pouls de leurs équipes chaque semaine ? Sa vision est fort inspirante, et la collaboration est au centre de ses actions. « Auparavant, j’étais à la direction des services éducatifs et j’ai travaillé en étroite collaboration avec Christiane Séguin, directrice de l’adaptation scolaire et des services complémentaires. Ensemble, on s’est investies pour la réussite scolaire des jeunes. Aujourd’hui, mon rôle est de soutenir l’ensemble des services. Ça implique d’avoir une vue d’ensemble, de faire des choix judicieux, tant sur le plan financier et matériel que sur celui des technologies à intégrer, et de veiller au bien-être de nos ressources humaines en plaçant toujours l’élève au coeur de nos actions.»

Pourquoi est-ce important pour vous de souligner la réussite des garçons?

Car elle est exceptionnelle ! Ils sont les premiers au Québec ! En 2015, nos filles réussissaient très bien, mais moins nos garçons, et la direction générale nous avait convoqué·e·s afin d’en discuter. C’est à ce moment que sont nés le procédurier, les concentrations, les projets particuliers et d’autres innovations dont vous allez entendre parler dans ce dossier. Nous avons également mis en place la Fondation pour la persévérance scolaire afin de soutenir autant les écoles que les parents qui font des demandes d’aide. De fil en aiguille, au bout de sept années de travail, nous avons vu que nos efforts ont porté leurs fruits.

Est-ce que le fait d’avoir de petites écoles rurales avec moins d’élèves a un impact positif sur la réussite éducative?

Oui, c’est sûr. Cependant, ce ne sont pas tous les petits centres de services ni les petites écoles du réseau qui réussissent bien. Mais à notre centre de services scolaire, il y a une valeur ajoutée dans la proximité . Chaque semaine, nous prenons des nouvelles de nos équipes sur le terrain et nous agissons rapidement lorsqu’on nous demande du soutien.

Quelle serait votre définition de la réussite scolaire?

Pour moi, c’est beaucoup plus qu’une note. Nous travaillons dans l’ensemble sur la réussite du parcours de l’élève au maximum de ses capacités. Nous tentons toujours de trouver des manières innovantes d’aider les élèves et de les maintenir jusqu’au bout de leur parcours. La majorité des parcours instaurés par le Ministère commencent à l’âge de 15 ans, il est donc important de bien accompagner l’élève dans son cheminement scolaire. Nous sommes toujours à l’affût des premiers indices de décrochage et ce, dès le primaire. Alors, nous sommes toujours à l’affût dès les premiers symptômes de décrochage.

Nous avons aussi implanté beaucoup de projets particuliers et d’activités au primaire et au secondaire. Notre objectif est toujours d’agir le plus rapidement possible afin de permettre aux élèves d’aller chercher une première diplomation, que ce soit par un diplôme ou une qualification. Après cette première qualification, le Ministère offre beaucoup de passerelles facilitantes et de moyens de reconnaissance pour les formations professionnelles et les collèges. Malheureusement, bien des jeunes n’ont pas ce premier pas, et c’est très difficile pour eux et elles de se raccrocher ensuite.

Au courant des dernières années, nous avons vu beaucoup de programmes gouvernementaux en lien avec les milieux défavorisés et l’immigration. Ce n’est pas un angle que nous prenons. Nous avons une approche directement liée aux besoins des élèves. Un·e enfant a beau venir d’un milieu et d’une école très favorisés, il ou elle peut être en grande détresse. C’est une vision que j’ai toujours voulu partager; que peu importe les origines ou le milieu d’un·e élève, nous sommes là pour répondre à ses besoins. Nous avons également un haut taux d’intégration d’élèves handicapé·e·s et en difficulté d’apprentissage qui réussissent bien, ce qui vient défaire plusieurs préjugés. Nous mettons tout en oeuvre pour stimuler l’ouverture envers la différence, et c’est bénéfique pour tout le monde.

Si vous aviez à me décrire le Centre de services scolaire et ses enjeux actuels, comment le feriez-vous?

Nous faisons partie des plus petits centres, si l’on se compare à l’ensemble du Québec. Au niveau provincial, nous sommes dans le 0-5000. Par contre, ce qui fait que nous nous démarquons, c’est notre taux de réussite. Nous sommes également très près de nos écoles et de notre personnel, en plus d’être facilement accessibles à la communauté. Notre plus gros enjeu est le maintien de la dernière école de village. Notre clientèle scolaire est en décroissance depuis les dernières années, mais nous avons retrouvé une bonne stabilité récemment. La pandémie a eu un effet positif pour nous, au sens où beaucoup de gens sont revenus vivre en région. De plus, il y a un nouveau phénomène surprenant les parents choisissent beaucoup le milieu selon l’approche pédagogique innovante de l’école et le taux de réussite des élèves, sans se soucier d’avoir à voyager pour aller travailler.

C’est un projet que nous avons réalisé conjointement avec la Municipalité. Nous avons rénové l’intérieur
de l’école en y incluant un lab créatif, avec toutes les nouvelles technologies. Les deux classes fonctionnent par propositions de projets des élèves, et les enseignant∙e∙s vont coller les compétences du programme dans les apprentissages que les élèves font à travers ces projets. Puisque l’école ne rassemble qu’une vingtaine d’élèves, elle était à risque de perdre ses services éducatifs, d’autant plus qu’elle est située au bout de notre ligne de transport scolaire. Mais malgré cela, nous avons des parents qui se sont réseautés et qui covoiturent les élèves, ce qui prouve que ce concept d’école est innovant et attrayant.

Comment aimeriez-vous voir votre Centre de services scolaires dans 15 ou 20 ans?

C’est certain que je serais fière dans 20 ans si l’on maintenait nos petites écoles et si l’on avait la capacité d’y investir. J’aimerais que le Ministère garde cette vision et continue de nous financer afin de rafraîchir et de mettre à jour nos écoles. Toutefois, je le souhaite pour la vitalité de nos communautés. Si ça continue aussi bien, ce serait une grande réussite.

Nous sommes le plus gros employeur du Témiscouata et des Basques, et notre proximité fait que les gens nous reconnaissent. Avec nos temps partiels, nous avons environ 1000 employé∙e∙s au total. Je pense que ça rassure également les parents que nous soyons si accessibles. Le CSSFL, c’est aussi une histoire de coeur. Quand une école ferme dans un village, on sait que c’est pratiquement la fin de ce village. Plus nous serons près des gens, plus nous travaillerons de près avec la communauté, plus nous pourrons anticiper et maximiser nos chances de maintenir des services éducatifs de qualité dans nos plus petits milieux.


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