On entend de plus en plus parler d’un mode de vie végane. Mais pourquoi donc est-ce que certaines personnes changent leur alimentation et leurs habitudes afin d’éviter de prendre part à l’exploitation animale sous toutes ses formes? Nous avons rédigé un texte du point de vue de quatre véganes incluant un volet éthique, un volet santé, un volet environnemental ainsi qu’un volet social afin d’expliquer pourquoi une personne se donne toutes ces « difficultés ». Chaque volet s’entrecoupe évidemment et nous avons construit les textes sous forme de questions (qu’on entend souvent)/réponses dans le but de vous montrer la perspective végane.
Volet santé ou comment respecter son corps
par Catherine, BSc. Sciences de l’alimentation, Technicienne en diététique, végétalienne depuis 4 ans
Je suis devenue végétalienne en 2013, à la suite de 6 années d’études (et plusieurs autres années d’intérêt) dans le domaine de la nutrition et de la science et technologie des aliments. J’avais décidé d’appliquer les principes que mes professeurs, des sommités dans le domaine de l’alimentation, m’enseignaient avec force et vigueur (tous les bienfaits et avantages de consommer un maximum de végétaux et un minimum d’aliments contenant des gras saturés et du cholestérol [produits animaux] sur le corps humain) plutôt que d’appliquer les recommandations officielles qu’ils étaient obligés de nous enseigner (notamment le désuet Guide alimentaire canadien). Bref, mon choix de devenir végétalienne était motivé par les faits scientifiques en matière de nutrition, jusqu’à ce que je découvre le véganisme et son aspect éthique et que ça confirme mon choix et mes valeurs.
Pouvons-nous nous alimenter de façon saine sans faire souffrir et tuer d’autres animaux?
Tout à fait. Non seulement nous pouvons avoir une alimentation complète et équilibrée sans faire souffrir les animaux, mais, en plus, une alimentation exclusivement végétale peut être beaucoup plus saine qu’une alimentation contenant des produits animaux. Malgré la croyance populaire (qui a aussi longtemps été maintenue par les différents corps de professionnels de la santé), il a maintenant été clairement démontré que l’être humain n’a pas BESOIN de manger de la viande. Les études à ce sujet datent déjà de plusieurs années et les données statistiques ne manquent pas pour confirmer qu’une alimentation végétalienne peut être saine et complète et que les végétaux promeuvent la santé. De la même façon, plusieurs études indépendantes et métaanalyses ont solidement démontré que les produits d’origine animale (et la diète typique nord-américaine telle qu’elle est) sont une cause principale de l’épidémie des différents symptômes du syndrome métabolique en Amérique du Nord. Malheureusement, plusieurs instituts de recherche en santé et alimentation se voient « obligés » d’être très discrets avec les résultats de leurs recherches lorsque ceux-ci risquent d’affecter le travail des multinationales et associations en alimentation, agriculture et agronomie. Nous avons eu la preuve de cette triste réalité peu éthique en 2015 alors que l’Organisation des Nations unies et l’Organisation mondiale de la santé (on parle ici de LA référence en matière de santé et de sécurité alimentaire) avaient fait la recommandation d’intégrer l’impact environnemental de la consommation de produits animaux dans la prochaine édition du guide alimentaire américain et du Guide alimentaire canadien… Les organisations se sont rétractées quelques mois plus tard au moment de publier leurs recommandations finales, sous les pressions des lobbys qui menaçaient de retirer leurs subventions et leur soutien financier des instituts et centres/ programmes de recherche.
Les protéines végétales ne sont-elles pas complètes et de moins bonne qualité ?
On croit à tort que seulement la viande, la volaille, les oeufs, le poisson et les produits laitiers contiennent des protéines (ou « meilleures » protéines). En fait, les protéines sont des chaines d’acides aminés. Il existe 20 acides aminés, dont 9 acides aminés essentiels (que notre corps n’arrive pas à fabriquer) et qu’on doit absolument consommer. Seuls les protéines animales ainsi que le quinoa et le soja contiennent les 9 acides aminés essentiels dans les bonnes proportions pour assurer le bon fonctionnement de notre corps. MAIS les différentes sources de protéines végétales contiennent quand même ces 9 acides aminés essentiels, en différentes proportions selon l’aliment. Il suffit donc de s’assurer de consommer quotidiennement (et non ‘’à chaque repas comme on l’a longtemps cru) des sources variées de protéines végétales (légumineuses, noix, graines et grains céréaliers entiers) pour fournir à notre corps suffisamment de ces acides aminés essentiels et répondre amplement à nos besoins. De plus, en termes de qualité, les protéines végétales ont plusieurs avantages intéressants sur les protéines animales, dont celui de ne pas contenir de gras saturés et de « mauvais » cholestérol et d’ainsi réduire les risques de maladies cardiovasculaires. Les protéines végétales contiennent aussi des fibres (absentes des protéines animales), qui aident à maintenir notre sensation de satiété, à réduire les risques de maladies cardiovasculaires, de cancer des intestins et à aider à la gestion du diabète. Présentement, le Québécois moyen consomme 16 à 18 g de fibres par jour alors que l’apport suffisant journalier est fixé à minimum 21-25 g pour les femmes et 30-38 g pour les hommes. Bref, si on doit tirer un comparatif, l’alimentation qui pose problème au niveau des protéines sera plutôt la diète nord-américaine typique et non la saine alimentation végétale.
Les protéines végétales contiennent-elles suffisamment de protéines ?
En Amérique du Nord, 97 % des gens qui consomment suffisamment de calories mangent assez de protéines. Pour calculer notre apport suffisant en protéines (pour un adulte moyen – excluant les athlètes, les femmes enceintes ou qui allaitent), il suffit de multiplier notre poids en kilogrammes par 0,8 (ce qui représente environ 55 g/jour pour un adulte de 150 lbs et 73 g/jour pour un adulte de 200 lbs). Ces besoins – établis par Santé Canada et l’institut national de santé publique – sont largement inférieurs à ce que l’industrie agroalimentaire prétend et peuvent facilement être comblés par une alimentation exclusivement végétale équilibrée. Actuellement, le Québécois moyen consomme entre 72 g et 106 g de protéines par jour dont plus de 30 % proviennent de sources végétales. La majorité des omnivores consomment donc déjà une proportion considérable de protéines d’origines végétales – parfois sans même en être conscient.
Si je ne mange pas de viande rouge, vais-je souffrir d’anémie (carence en fer) ?
Il est vrai que le fer non héminique — qui est contenu dans les végétaux (mélasse, fruits séchés, grains entiers, légumineuses, légumes verts foncés, certaines noix et graines) ainsi que dans les oeufs et en très petite quantité dans les produits laitiers — est jusqu’à cinq fois moins bien absorbé/assimilé que le fer héminique (présent dans les produits animaux). Par contre, il possible de combler nos besoins sans consommer de viande rouge, entres autres en portant attention aux combinaisons alimentaires qu’on fait. En effet, il suffit de consommer les aliments riches en fer en même temps qu’un aliment riche en vitamine C (ex. : agrumes, poivron, pomme…) et/ou de légumes sous leur forme lactofermentée, ET d’éviter de consommer du café, du thé ou beaucoup de calcium en même temps que le repas (puisqu’ils nuisent à l’absorption – tant du fer héminique que non-héminique). Selon l’Organisation mondiale de la santé, environ 25 % de la population mondiale souffre d’anémie. Cela serait entres autres dû à une trop faible consommation de grains entiers (trop de grains raffinés appauvris en fer) et à des problèmes d’assimilations liés à notre mode de vie (mauvaise santé intestinale, surconsommation d’inhibiteurs – café/thé/tanins/alcool, manque de sommeil, sédentarité) plutôt qu’à la source de fer (animale vs végétale).
Les hommes et jeunes garçons ne doivent-ils pas consommer de soja, car il contient trop d’hormones?
On fait ici référence aux isoflavones (incluant les phytoestrogènes contenues dans le soja) qui sont des substances naturellement présentes dans différents végétaux (soja, trèfle rouge, brocoli, abricot, fraise, chou…). Puisque leur conformation moléculaire est légèrement différente de celle de l’estrogène, humaine ou animale, ils sont de 100 à 1000 fois moins efficaces chez les humains que dans les plantes, et l’humain n’a pas à craindre d’effets négatifs sur sa santé. En fait, la recherche scientifique leur a plutôt trouvé des effets bénéfiques légers à modérés pour réduire les symptômes de la ménopause, la réduction du taux de cholestérol, ainsi que la prévention de l’ostéoporose et de certains cancers.
« En Amérique du Nord, 97 % des gens qui consomment suffisamment de calories mangent assez de protéines. »
Les végétaliens doivent-ils consommer un supplément de vitamine B12 ?
La vitamine B12 est la seule vitamine qui ne se retrouve pas naturellement dans les végétaux (sauf le soja fermenté et certaines algues). La vitamine B12 (cobalamine) n’est pas synthétisée par le corps des animaux, elle provient de microorganismes présents dans la terre et les engrais naturels. Les animaux en stockent dans leurs muscles et l’humain omnivore la consomme donc ainsi. Comme la plupart des végétaux que nous consommons ont été lavés et/ou produits en environnement contrôlé, nous n’avons pas accès à cette source de cobalamine. Nous devrions consommer 6 à 10 μg de vitamine B12 par jour, MAIS ce supplément ne doit pas nécessairement être une pilule. Plusieurs aliments sont enrichis, comme les boissons végétales, certains similiproduits (fausse viande) et la levure nutritionnelle. Il suffit de regarder le panneau des valeurs nutritives du produit pour s’en assurer.
Si je ne consomme pas de produits laitiers, est-ce que ce sera dangereux pour la santé de mes os?
La vitamine D aide l’organisme à absorber le calcium. Comme notre organisme fabrique seulement naturellement de la vitamine D sous l’effet des rayons du soleil et que les Nord-Américains sont sous-exposés (courte période d’exposition, port de vêtements longs, utilisation d’écrans solaires), une majorité est carencée, surtout pendant l’hiver. Certains réussissent à compenser en consommant des produits laitiers – au Québec le lait est enrichi de vitamine A & D. Pour tous ceux qui n’en boivent pas (pour différentes raisons), il est recommandé de consommer des boissons enrichies (soya, aux amandes et au riz [lisez l’étiquette]), des végétaux riches en calcium ou de discuter avec son médecin pour obtenir un supplément.
Si je ne consomme pas de poisson, manquerai-je d’omega-3?
Les huiles de canola, lin, noix et soya, les fèves de soya et le tofu ainsi que les graines de lin moulues et les noix de Grenoble contiennent naturellement des omega-3. Certains aliments sont offerts en version enrichie en omega-3 (les boissons au soya, le pain et le jus d’orange).
Pour une vision globale, professionnelle et objective de la situation en lien avec l’impact de notre alimentation sur notre corps autant que sur l’environnement, je recommande l’excellent livre Sauver la planète une bouchée à la fois de Bernard Lavallée, nutritionniste. L’auteur y explique clairement, de façon simple et accessible, logique et appuyée sur la science, les changements que nous pouvons apporter à notre alimentation pour la rendre plus responsable.
source : https://www.inspq.qc.ca/pdf/publications/931_RapportNutritionAdultes.pdf
Volet éthique ou comment respecter l’animal
par Busque, végane depuis 8 mois
L’éthique est un aspect pour lequel les discussions sont souvent plus philosophiques et émotives. L’industrie de la viande et des produits laitiers crée souvent un mur infranchissable entre la cuisse de poulet et la poule elle-même. On a justement créé un lexique pour dénaturer les animaux comme : « jambon » ou « bacon » au lieu de « cochon », de « steak » ou « filet mignon » au lieu de « boeuf ». Je me demande bien quel pourcentage de gens qui visiteraient un abattoir pendant quelques heures continueraient à manger des animaux industriels par la suite. Pour moi, l’aspect éthique a été celui qui m’a convaincu à changer mes habitudes.
Est-ce que l’humain est un animal?
Oui, l’être humain est un animal de l’espèce Homo sapiens sapiens.
Est-ce que les animaux souffrent?
Si un animal a un système nerveux central, il ressent donc de la douleur. L’humain, le faucon, le cochon, les poissons et l’araignée ressentent des sensations de douleur lorsqu’ils sont blessés. Même les insectes et crustacés ont des systèmes nerveux bien qu’ils soient rudimentaires en comparaison aux nôtres. Leurs pattes et leurs ailes contiennent une concentration particulièrement élevée de terminaisons nerveuses.
Les animaux peuvent-ils aussi ressentir des émotions?
Si nous arrivons à accepter que nos animaux domestiques bien aimés ressentent des émotions telles que l’ennui, la peur, la solitude, le plaisir et l’amour, ce ne devrait pas être difficile d’étendre le concept aux animaux d’élevage que nous exploitons ou aux animaux sauvages que nous chassons.
Est-ce que l’humain devrait avoir des droits sur les autres animaux non humains?
Selon moi, il a le droit de se défendre, mais ce droit ne devrait pas oppresser d’autres êtres vivants par l’esclavagisme, l’élevage, l’abattage, l’exploitation et la possession de ceux-ci. Dans cette optique, il n’y aurait aucun sens qu’un être humain traite d’autres êtres vivants comme de la marchandise — que ce soit un chien, un chat, une vache, une poule ou un cochon. De cette façon, l’idée de « produire » davantage d’animaux dans le but de les « utiliser » soit pour le loisir, soit pour la consommation, soit pour la transformation est, selon moi, inacceptable. Pas plus qu’on n’a de droits sur les autres animaux humains.
Mais il y a la loi de la jungle, la survie du plus fort. C’est naturel, non?
C’est un argument qui est souvent utilisé dans tous les contextes, mais hors contexte aussi, surtout lorsque l’on parle de viandes animales issues de l’industrie. On parle souvent aussi de l’évolution et du fait que l’humain est supérieur aux autres animaux parce qu’il est plus évolué. Premièrement, l’évolution ne fonctionne pas de cette façon; tous les êtres vivants sur Terre sont issus de la même souche de vie et ont donc passé le même temps à évoluer et à s’adapter à leur environnement. De plus, l’argument de force est nul. Nous montrons à nos enfants à ne pas faire d’intimidation sur les plus faibles. Ce n’est pas parce qu’un adulte est généralement plus fort qu’un enfant ou qu’une poule qu’il a le droit de leur faire du mal. De la même façon, en 2017, au Québec, on trouve inconcevable, injuste et inexcusable d’avoir des esclaves, de battre une femme ou de manger du chien. Pourquoi le fait de tuer d’autres animaux serait-il moralement acceptable?
Nous avons toujours mangé de la viande depuis l’homme de Cro-Magnon, non?
Il y a une différence entre une tribu qui est en mode survie et dont les individus doivent se nourrir de végétaux, de petits insectes et de gibier qu’ils trouvent pour subvenir à leurs grands besoins en énergie pour ne pas mourir et nous qui mangeons des quantités de viande comme jamais auparavant dans l’histoire de l’humanité, et qui pourrions facilement nous en passer tout en étant en bonne santé (voir la partie sur la santé pour plus de détails). De plus, si l’on suit seulement ce que faisaient nos ancêtres évolutifs, la lignée Homo n’a pas débuté comme chasseur. En fait, plusieurs des premiers outils qui ont été développés par nos ancêtres lointains étaient créés pour enlever la chair de carcasses en décomposition dans leur rôle de charognards opportunistes. D’après cette manière de penser, peut-être que nous devrions limiter notre alimentation à la cueillette et la consommation d’animaux tués sur le bord des routes.
Oui, mais si tu étais sur une ile déserte et que tu avais à survivre tout seul?
C’est une question rhétorique qu’on entend souvent, mais qui ne représente en rien la réalité de la majorité des êtres humains de l’Occident et du Québec. La réalité est que 95 % de la viande consommée au Québec provient de l’industrie.
Et la chasse et la pêche?
La chasse et la pêche sont des sujets complexes qui dépendent de plusieurs facteurs tels que l’espèce considérée, la région, etc. Bien qu’il y ait beaucoup d’espèces « nuisibles » et abondantes telles que les cerfs de Virginie et les outardes, la chasse est la principale cause de cette situation. Par exemple, c’est en éliminant les loups que la population de cerfs a explosé. La solution n’est donc pas de contrôler la population nous-mêmes, mais de réintroduire certaines espèces pour lesquelles nous avons participé à la détérioration et de promouvoir les prédateurs naturels. Cette approche est déjà en marche.
Il y a plein d’enfants et de travailleurs pauvres, ne devrions-nous pas nous occuper des humains avant des animaux?
Et pourquoi pas les deux? Un n’empêche pas l’autre.
Est-ce que les plantes souffrent aussi?
Cette question revient souvent sur la table. Dans un monde où nous voulons engendrer le moins de souffrance possible aux autres, si la science prouvait, par exemple, que les plantes souffraient, c’est l’omnivore qui ferait le plus de tort, pas le végane. Pourquoi? Parce qu’il faut une quantité bien supérieure de végétaux pour nourrir les animaux qui seront ensuite mangés par l’omnivore que de manger les végétaux directement. Ce n’est pas pour rien que les trois quarts des terres cultivées servent à nourrir le bétail et que le Brésil est en train de détruire la forêt amazonienne pour nourrir le boeuf.
« D’après cette manière de penser, peut-être que nous devrions limiter notre alimentation à la cueillette et la consommation d’animaux tués sur le bord des routes. »
Qu’arrive-t-il des animaux si tout le monde devient végane, on va les laisser se promener dans les villes?
Nous sommes dans une société d’offre et de demande. Lorsque beaucoup de gens cessent de consommer un produit, l’entreprise baisse sa production. Les changements se font graduellement et l’industrie baissera son niveau de reproduction petit à petit.
Volet environnement ou comment respecter la planète
par Adje MSc. Microbiologie, BSc. Science de l’environnement, BSc. Biologie, végane depuis 4 ans, végétarien depuis 15 ans
Les impacts environnementaux du régime végane sont souvent utilisés pour dire que ce n’est pas plus (voire même moins) durable. Ici, nous essaierons de répondre à beaucoup de ces critiques avec des sources scientifiques afin de mettre fin à quelques-uns de ces mythes.
Est-ce que manger des viandes locales pollue plus que manger des produits végétaliens provenant d’ailleurs?
Les locavores (mot pour décrire les gens qui visent à consommer des aliments entièrement locaux) présentent souvent cette fausse narrative. Une source très populaire de cette idéologie est le livre de Michael Pollan The Omnivore’s Dilemma, qui apporte de très bons arguments sur plusieurs sujets, mais qui a aussi induit beaucoup de ses lecteurs en erreur avec de mauvaises conclusions. Il présente la fausse notion que, pour avoir un régime végétalien, il faudrait importer la majorité de ses aliments. Pourquoi est-ce faux? Beaucoup de produits associés aux régimes végane et végétalien tels que le soya et autres légumineuses, les fruits, les légumes et les grains sont produits au Canada et même au Québec. Il y a même de la production de quinoa dans l’Ouest canadien (bien que j’aimerais préciser que ce n’est pas un aliment aussi miraculeux que le prétendent ses producteurs)! Il faut aussi savoir que, même si le soya et le quinoa sont « à la mode » chez les végés, il y a des solutions très nutritives tels le seitan (qui est à base de blé), des lentilles, etc., qui sont souvent moins chères, plus accessibles et tout aussi nutritives. Même si on ne tient pas compte de ces autres possibilités alimentaires, l’argument présenté reste quand même faux. Il y a des études qui prouvent, par exemple, que, pour les Britanniques, il est mieux pour l’environnement d’importer des aliments de la Nouvelle-Zélande que de consommer les aliments produits localement à cause des pratiques agricoles différentes (Saunders et coll., 2006). Les produits britanniques utilisent plus d’énergie dans leur production que les produits néozélandais, même avec la distance de transport! Voici les résultats d’une autre étude étatsunienne et donc plus près de chez nous où vous verrez que les gaz à effet de serre libérés par le transport sont minimes :
Il y a plusieurs bienfaits économiques à consommer localement, mais, malheureusement, l’impact environnemental est minime. Les tomates de serre québécoises par exemple prennent beaucoup plus d’énergie que les tomates importées du Mexique. Vous pourriez donc même importer votre tofu du Japon et avoir un effet minuscule environnemental comparé à l’achat de porc biologique de votre producteur local. Ce qui est important, c’est d’être informé. L’idéal serait que les lois assurent que les entreprises affichent l’impact environnemental de leurs produits. En bref, manger local n’est pas nécessairement mieux pour l’environnement en ce qui concerne la production de gaz à effet de serre. La viande locale est vastement plus nocive pour l’environnement que les aliments végétaux importés de l’autre bout de la planète.
Mais tout ça, c’est pour les aliments conventionnels! La viande bio doit être meilleure pour la planète que les légumes génétiquement modifiés, non?
Pour ce qui est de bouffe biologique, il y a beaucoup de variabilité. Par exemple, les poules biologiques et considérées comme en liberté causent 20 % de plus de gaz à effet de serre que les poules conventionnelles (Smith et coll., 2015). Les oeufs biologiques, eux, causent 14 % de plus de gaz à effet de serre. Les industries porcines biologiques et conventionnelles étaient comparables alors que l’industrie bovine bio était plus efficace en ce qui concerne les gaz à effet de serre. Pourquoi toute cette variabilité? Sans les hormones et les antibiotiques, les poules grossissent moins rapidement, sont en moins bonne santé et sont moins productives que les poules non bios et donc il faut les nourrir sur de plus longues périodes et en avoir plus pour arriver à une productivité semblable aux poulaillers conventionnels. Pour ce qui est de l’impact des fruits et légumes biologiques comparativement à ceux produits de façon conventionnelle, d’après une métanalyse de Mondelaers et ses collègues en 2009, l’agriculture biologique permet de garder la terre en meilleure santé, et les émissions de gaz à effet de serre restent généralement comparables à celles de l’agriculture conventionnelle (Mondelaers et al., 2009). Donc, dans tous les cas, la consommation de viande reste pire pour l’environnement qu’un régime végane. En bref, pas toutes les viandes bios sont meilleures pour l’environnement que les viandes conventionnelles et elles ne sont certainement pas meilleures qu’un régime végétarien ou végétalien. En ce qui concerne la production de gaz à effet de serre, les aliments végétaux conventionnels ou bios sont bien meilleurs.
Le lait d’amande crée des sècheresses en Californie!
La Californie produit la majorité des fruits et noix des États-Unis. Depuis 1950, l’accroissement de la population et de l’agriculture de l’État a doublé ses besoins d’eau (AghaKouchak, 2015). Le fait qu’il pleut presque exclusivement dans le nord de l’État alors que la majorité de la population se situe dans le sud cause de graves problèmes de gestion d’eau. Le fait que les températures augmentent relativement au dernier siècle, ce qui a pour résultat des sècheresses, est dû principalement au réchauffement climatique. Considérant qu’à peu près 80 % de la production des gaz à effet de serre agricoles proviennent de l’élevage (FAO, 2006) et considérant tous les aspects pré et postproduction (de la déforestation reliée à la production de la nourriture destinée au bétail jusqu’à la distribution de la viande et la décomposition du fumier), il est clair que la production d’amandes ne représente qu’une infime partie de la cause du réchauffement climatique et donc de la sècheresse en Californie. Dans un contexte plus large, l’élevage représente 18 % de la production des gaz à effet de serre de la planète (FAO, 2006). En bref, la sècheresse en Californie est causée par une combinaison d’une mauvaise gestion d’eau et du réchauffement climatique qui est causé en grande partie par l’agriculture animale.
« Quand vous mangez du thon, c’est comparable à manger des loups ou des ours polaires. »
Dans le graphique plus haut, on voit que le poisson n’est pas si pire pour ce qui est des gaz à effet de serre!
C’est tout à fait vrai! Le poisson n’est pas si pire pour l’environnement si l’on ne considère que sa contribution aux gaz à effet de serre, mais le sujet reste complexe concernant l’aspect environnemental, surtout parce que l’on ne connait pas vraiment les cycles de vie de toutes les espèces consommées. Certaines espèces commerciales, tels les empereurs qui sont pêchés en eaux profondes, atteignent seulement leur maturité sexuelle entre 20 et 30 ans et sont peu fécondes durant leur longue vie. Ce fut donc très facile de décimer leur population en pêchant des juvéniles. Les sardines, par contre, ont une durée de vie de 3 à 5 ans, se reproduisent rapidement et leur pêche est donc plus durable. Le thon, bien qu’il soit vendu en conserve, n’est pas un petit poisson comme les sardines, c’est un prédateur énorme. Quand vous mangez du thon, c’est comparable à manger des loups ou des ours polaires. Qu’est-ce que ça change qu’ils soient des prédateurs? Manger des prédateurs qui se trouvent en haut de la chaine (ou réseau) alimentaire cause des répercussions dans toutes les populations plus basses dans la hiérarchie, ce qui peut engendrer un effondrement complet. La pêche d’espèces prédatrices est aussi l’une des causes de l’accroissement de la population des méduses dans les océans. De plus, bien que le chalutage en eaux profondes soit banni dans plusieurs régions du monde, la méthode reste légale dans les eaux internationales et elle est difficile à contrôler dans beaucoup de régions du monde. Qu’est-ce que le chalutage en eaux profondes? C’est l’utilisation d’un énorme filet de pêche qui frotte contre le sol marin (nommé benthos) et ramasse tout sur son chemin, que ce soit des espèces commerciales, des récifs de coraux ou d’autres espèces marines non visées. Cette pratique détruit des écosystèmes entiers. C’est aussi la cause de beaucoup de captures accessoires. Qu’est-ce que la capture accessoire? C’est lorsqu’une espèce autre que celle visée est capturée et doit être remise à l’eau. Ceci inclut des poissons, des mammifères marins tels que les baleines et même des oiseaux. Souvent, ces captures ne survivent pas après être restées une longue période dans les filets en se faisant trainer sous l’eau. Puis en eaux douces? La pêche en eaux douces souffre de plusieurs des mêmes problèmes. Les plus gros poissons sont ceux recherchés par les pêcheurs commerciaux ou autres, ce qui cause le déclin des prédateurs par la pêche de ceux-ci et la réduction de leur capacité reproductive. Il existe des lois pour limiter la taille des individus qui sont pêchés, mais il reste beaucoup de mortalité chez les individus sujets à la capture accessoire qui sont remis à l’eau. En bref , la pêche est comparable à la production de végétaux pour ce qui est de sa contribution de gaz à effet de serre, mais contribue énormément au déclin de l’environnement en ce qui concerne la réduction de la biodiversité et la destruction des écosystèmes.
La destruction de la forêt amazonienne est causée par le soja!
Réponse courte : la majorité du soja cultivé dans le monde est destiné à nourrir les animaux d’élevage (75 % du soja mondial d’après le FAO) et non les êtres humains. Si on fait le lien, c’est en fait l’élevage qui cause la déforestation en Amazonie.
Volet social ou comment respecter ses choix
par Claudie, végétarienne pendant 4 ans, puis végane depuis 2 ans
La culture alimentaire nord-américaine fait en sorte que la majorité d’entre nous a grandi dans un milieu où les produits animaux composent l’élément central de nos assiettes. Filet de porc servi avec riz et légumes, pâté au poulet, spaghetti à la viande gratiné, etc. En conséquence, appliquer concrètement un mode de vie végétalien au quotidien nécessite des ajustements. Les végétaliens développent des astuces au cours de leur transition. Je vous les présente ici en espérant que vous trouverez réponse à certaines de vos questions!
Mais la viande c’est si bon, comment faites-vous pour vous en passer?
Il faut comprendre que la viande dépourvue de sel, d’épices et de sauce d’accompagnement est un aliment plutôt fade. Même chose que pour le tofu ou les légumineuses. Pourtant, ceux-ci, une fois bien apprêtés peuvent se révéler délicieux et peuvent même arriver à séduire de grands amateurs de produits animaux. Cela fait toute une vie que vous vous perfectionnez dans l’art de cuisiner des produits d’origine animale, donnez-vous la chance d’apprendre à cuisiner les produits végétaux et vous serez surpris du résultat!
Comment s’effectue la transition vers une alimentation végétalienne?
Vraiment, il y a autant d’histoires de passage vers ce mode de vie qu’il y a de personnes. Certains y sont allés d’un coup sans jamais regarder en arrière. Du jour au lendemain, ils ont dit adieu à leurs boulettes de viande et leur gratin d’aubergines. D’autres choisissent d’y aller tranquillement. Par exemple, ils pourraient décider de manger végétalien à la maison, mais pas au restaurant ou chez des amis. Ou bien d’adopter cette alimentation seulement certains jours de la semaine pour commencer. Certains deviennent végétariens pendant quelque temps. Puis, souvent, au rythme de leurs lectures et de leurs recherches, les gens deviennent de plus en plus informés et font le choix de vivre le végétalisme au quotidien. L’important est d’y aller à votre rythme et de garder en tête ce qui motive votre choix. Sachez seulement que nos papilles gustatives changent avec le temps et désirent ce que nous avons l’habitude de manger. Plus vous mangez de viande, plus vous en redemandez. Même chose pour le fromage qui est pour plusieurs le plus difficile à laisser de côté. Un élément que j’aimerais mentionner ici est l’importance de manger à sa faim, jusqu’à satiété. Les végétaux sont beaucoup moins denses en calories et il arrive souvent que les gens aient l’impression d’avoir encore faim après un repas sans produits animaux. Souvent, ils se retrouvent avec de grosses fringales pour des aliments riches (fromage, pizza, crème glacée, etc.) et se disent que l’alimentation végétalienne ne fonctionne pas pour eux, alors que vraiment, ce n’est que parce qu’ils ont faim et qu’ils ont attendu trop longtemps pour satisfaire leur appétit. Ajustez vos portions en fonction des signaux de votre corps et n’hésitez pas à les grossir au besoin. Aussi, de trainer une collation dans son sac peut être une bonne astuce pour éviter de se retrouver la faim au ventre dans un endroit dépourvu d’options végétaliennes.
Que manger en tant que végétalien?
Les végétaliens sont choyés de vivre à notre époque. Des produits véganes font leur apparition chaque semaine dans les épiceries. Il est certain qu’on devient professionnel dans l’art de vérifier les étiquettes des produits qui n’ont pas la certification végane. Vous seriez étonnés de voir le nombre de produits dans lesquels sont cachés des produits laitiers, du miel, des oeufs, des bouillons à base de viande, etc. Bien qu’au début la lecture des étiquettes puisse vous décourager, cela deviendra rapidement une habitude. Ce qui facilite encore plus la tâche, qui est profitable pour votre santé et pour votre portemonnaie, c’est de vous en tenir aux produits de base non transformés qui ne possèdent qu’un seul ingrédient : les grains, les fruits, les légumes, les légumineuses, les noix et les graines. En plus, grâce aux nombreux livres de recettes végétaliennes et aux sites Web qui abondent, de nombreuses ressources sont à votre disposition pour transformer ces aliments en délicieux repas et collations. Apprendre à bien cuisiner aide le processus et le rend beaucoup plus agréable. La majorité des familles québécoises ont un répertoire d’une dizaine de recettes dont elles font la rotation. En premier lieu, modifiez vos classiques pour ne vous éloignerez pas trop de vos habitudes. On remplace le steak haché dans la sauce à spaghetti et le pâté chinois par des lentilles, le steak haché dans le chili par des haricots rouges, le poulet dans le poulet général tao par du tofu (Ricardo a justement une excellente recette de tofu général tao sur son site Web!), on essaie des recettes de hamburgers végétaliens pour trouver son favori. Petit à petit, votre famille et vous adopterez ces nouvelles versions qui vous feront sentir beaucoup moins lourds à la fin de chaque repas!
Mais le repas est un moment important et social, ce n’est pas dur de refuser un repas préparé par des amis ou par la famille?
Il est certain qu’au début, vos valeurs nouvellement acquises pourraient être un choc pour votre famille et vos proches. D’expliquer respectueusement ce qui vous a poussé à faire ce choix à vos proches demeure la meilleure façon d’éviter les larmes et les frustrations! Sans quoi triste risque d’être votre maman si vous refusez votre plat favori qu’elle a préparé avec amour. Lors des prochains rassemblements, contactez votre hôte pour lui demander ce qui sera sur le menu et si vous pouvez apporter un plat d’accompagnement. De cette façon, vous pourrez le partager avec les autres convives, vous n’aurez pas l’impression d’être un fardeau pour le cuisinier et vous resterez fidèle à vos valeurs.
Saviez-vous que, dans l’industrie des oeufs, pas très longtemps après leur naissance, les poussins sont triés et ceux de sexe masculin sont broyés vivants en raison de leur non-profitabilité puisqu’ils ne pondent pas d’oeuf? Cela représente 3,2 milliards de poussins tués chaque année dans le monde.
Que faire si je sors avec des amis et qu’il n’y a pas d’option végétalienne sur le menu?
Lorsque l’on devient végétalien dans un monde où les produits animaux sont omniprésents, il faut devenir un peu plus prévoyant que la moyenne. Si votre groupe d’amis, votre famille ou vos collègues se rassemblent pour manger, il y a plusieurs possibilités pour vous dépendamment des circonstances. La première possibilité est de proposer un endroit à votre groupe où il y aura des choix pour plaire à tous. Sachez que dans les endroits d’inspiration asiatique, indienne et mexicaine, il y a souvent des plats végétaliens ou qui peuvent facilement le devenir. Si le restaurant a déjà été choisi, vous pouvez visiter son site Web pour prendre connaissance du menu et prévoir les options qui s’offrent à vous. Vous pouvez parfois composer une assiette à partir des à-côtés offerts sur le menu : riz, salade, fèves, etc. Si rien n’est offert, vous pouvez toujours contacter le restaurant d’avance pour voir s’il serait possible de préparer un petit quelque chose de végétalien. La majorité des établissements seront plus qu’heureux de vous accommoder. Enfin, si aucune des ces actions ne porte fruit, ce qui, je vous l’assure, est plutôt rare, mangez avant de partir et commandez une petite salade et du pain en vous rappelant que vous êtes là pour profiter de la présence des gens qui vous sont proches! Tout cela peut paraitre grandiose ou compliqué, mais, encore une fois, avec le temps, cela devient une seconde nature. Et en raison du nombre grandissant de personnes végétaliennes, les options sont de plus en plus courantes dans les restaurants, ce qui facilite grandement le processus!
Saviez-vous qu’au Québec, on permet jusqu’à 400 000 cellules somatiques par millilitre de lait? Qu’est-ce qu’une cellule somatique? Un mot scientifique utilisé pour cacher aux consommateurs ce dont il s’agit réellement : Du pus sécrété par la vache en raison d’infections présentes dans ses mamelons.
Quelle est la différence entre un végétalien et un végane?
Un mode de vie végane incorpore plusieurs aspects de la vie, notamment l’alimentation, le divertissement et la consommation d’autres produits. Ainsi, un végane se tiendra loin de tout ce qui est cirque, rodéo, zoo, aquariums, parc avec animaux aquatiques, toute forme de divertissements dans laquelle sont présents des animaux en captivité. Il évitera aussi d’acheter tout produit de beauté, d’hygiène et autre qui a été testé sur des animaux, que ce soit le maquillage, les shampoings ou autres. Il n’achètera pas de vêtements ni d’accessoires ou d’autres articles (siège d’auto, sac de couchage, oreiller, divan, etc.) faits avec des peaux d’animaux, c’est-à-dire du cuir et de la fourrure, ni d’autres produits d’animaux tels des plumes et du duvet, de la laine et de la soie. Un végétalien s’en tiendra seulement à l’aspect alimentaire du mode de vie.