Entrevue de Shadel Lapierre, photos de Jonathan Gaudreau, collaboration de Busque
L’été indien nous montrait ses couleurs sur la route entre Rivière-du-Loup et Montréal, un petit allerretour vers l’univers Brach de ce fou Philippe. Sur le toit de sa demeure, il nous raconte sa vie entre les rires et le soleil. Un humain amoureux des animaux, passionné de la musique et des mots, un grand coeur et un grand talent à découvrir…
Shadel Lapierre : Philippe, comment décrirais-tu ta musique à quelqu’un qui ne la connait pas ?
Philippe Brach : Je n’aime pas trop mettre des étiquettes dans la vie, mais je crois avoir de bonnes racines assez folks. À peu près toutes mes chansons partent de guitare-voix bien de base et j’ai aussi plusieurs inspirations diverses. J’aime quand ma musique est teintée de toutes sortes de choses. Si l’on peut la comparer à un morceau de viande, l’os est du folk et la viande est un bon ramassis de n’importe quoi…
S.L. : À quoi ressemble une journée dans la vie de l’artiste Philippe Brach ?
P.B. : C’est un peu aléatoire, je te dirais… Entre 3 et 4 jours par semaine sur la route pour les spectacles et le reste du temps à Montréal pour les entrevues. J’essaie de me garder des périodes de création bien précieuse les soirs et je suis souvent rendu chez les brocanteurs pour trouver de nouvelles idées, de nouveaux concepts… J’aime bien ce genre d’endroit !
S.L. : Pour quelles raisons fais-tu de la musique ?
P.B. : J’ai besoin de créer et c’est la façon que j’ai choisie pour m’exprimer le plus instinctivement possible. Donc, je fais de la musique par besoin de créer et je dirais même que c’est ma raison de vivre.
S.L. : Quel est ton message ?
P.B. : Je trouve que que nous vivons à une époque où la haine est presque prisée, donc j’ai toujours porté un message d’empathie, de compassion et d’ouverture pour l’autre. Je pense qu’on n’en aura jamais assez. C’est à la genèse de plusieurs de mes chansons, même si elles n’ont pas toujours l’air de parler de cela.
S.L. : Quelle partie de ton travail préfères-tu ?
P.B. : J’aime vraiment faire de la promotion parce que cela me permet d’essayer des choses que j’ai toujours voulu faire avec une liberté presque totale. J’ai toujours tripé sur les illustrations, le cinéma, l’impro, les sketchs… J’ai donc l’occasion d’explorer tout cela, ce qui n’est pas nécessairement le cas avec la musique. J’adore aussi faire des spectacles et écrire. En fait, j’aime à peu près tout faire, sauf les entrevues ! [rires] Quoique des entrevues au soleil sur un toit, on a connu pire !
S.L. : Tu viens du Saguenay, mais tu restes à Montréal depuis maintenant sept ans. Crois-tu qu’il soit nécessaire pour les artistes en région de migrer vers la grande ville ?
P.B. : Non, je ne pense pas. C’est selon ce que tu vises et de ce que tu veux. Je ne pense pas que de s’installer à Montréal puisse nuire, mais je pense que c’est possible en région de vivre de son art. Pour ma part, j’envisage un retour en région par la suite, mais avec un pied à Montréal quand même.
S.L. : Ton vrai nom de famille est « Bouchard ». Pourquoi ne te présentes-tu pas sous ce nom ?
P.B. : À la base, j’ai choisi un nom d’artiste parce que je ne savais pas trop où je m’en allais et je me disais que, si je voulais changer de branche, je n’allais pas devoir tasser mon vrai nom. C’est aussi pour ne pas trop souiller ma famille avec mes niaiseries ! C’est comme si Hitler s’était trouvé un nom comme « Adolph Wordup »… Il aurait fait chier pas mal moins de monde dans sa famille ! [rires] Aujourd’hui, la limite entre « Brach » et « Bouchard » devient floue, mais c’est comme un costume, un masque, un personnage. Quand je suis sur la scène, je suis Brach.
S.L. : Quel est le mot de la fin de Philippe Brach ?
P.B. : Topinambour !
« Quel… t’inspire dans ton processus créatif ? »
Quelle émotion t’inspire ?
La mélancolie.
Quel humain t’inspire ?
Frank Zappa.
Quelle saison t’inspire ?
L’hiver.
Quelle activité t’inspire ?
Le hockey, c’est comme un gros brassage pour le cerveau.
Quelle conversation t’inspire ?
Le déconnage.
« Que fais-tu si… ? »
Que fais-tu s’il te reste une semaine à vivre et que tu gagnes en même temps 10 millions de dollars ?
Je pense que je ferais des expéditions partout. Je payerais des hélicoptères qui me déposeraient à des endroits où je ne suis pas censé être, pour voir le plus de choses intenses possible.
Que fais-tu si tu es le dernier humain sur la Terre ?
Je cesse la race humaine… Je ne pense pas me reproduire avec un autre animal… Je prépare mon suicide en grand et j’attends de sentir le bon moment.
Que fais-tu si tu ne peux plus faire de musique ?
Ouf… Il faudrait que je ne puisse plus faire de musique pour le savoir… Mais je pense que ça tournerait mal quelque chose de rare.
Que fais-tu si tu peux revenir en arrière, avoir 15 ans, mais avec ta tête d’aujourd’hui ?
Je pense que je me déniaiserais un petit peu plus vite avec les filles, je branlerais moins dans le manche, je me branlerais moins aussi ! [rires]
Que fais-tu si tu deviens un chat ?
Je tripe ma vie, je deviens le pire ingrat, je me fais flatter, je me fais nourrir et je partirais pour une grosse épopée.
Que fais-tu si tu as une baguette magique ?
Un genre de mélange de toutes les réponses que je t’ai données. Je partirais sur une épopée autour du monde afin de cesser cette race… [rires] Non, pour vrai, j’enlèverais la guerre sur cette Terre.
« Je ne le dis pas à beaucoup de monde, mais Brach, non, ce n’est pas pour l’expression ‘‘ fou braque ‘‘, car je n’avais jamais fait le lien… D’ailleurs, je me suis trouvé un peu lent de ne pas avoir compris avant ; après, 800 personnes me l’ont dit ! [rires] Bref, je cherchais un nom d’artiste et je fouillais dans des vinyles. Puis, celui de Bram et celui de Bach étaient collés et j’ai fait la contraction des deux, ce qui a donné ‘‘ Brach ‘‘. Je n’en parle pas trop, car je n’écoute pas de classique, je ne peux même pas te nommer une pièce de ces deux artistes… Donc, c’est beaucoup plus pour la sonorité que j’aime ce nom. »