CONSOLIDATION DU TERRITOIRE URBANISÉ
Dans chaque ville ou village du Québec, on trouve des espaces vacants ou sous-utilisés dont la consolidation permettrait d’optimiser l’utilisation du territoire et ainsi consolider les infrastructures en place de même que diminuer la demande d’étalement. Quelles actions pensez-vous pouvoir prendre pour assurer ou motiver la requalification ou la densification de terrains ou bâtiments actuellement sous-utilisés ?
Notre territoire est très limité en termes de superficie. Cette contrainte joue sur notre potentiel de développement, et comme vous le mentionnez, plusieurs bâtiments sont sousutilisés. C’est en grande partie ce qui nous a amené·e·s à
enclencher un processus de réflexion sur l’aménagement de notre territoire. Ce travail de réflexion qui aura lieu au cours des prochains mois a pour objectif d’élaborer un plan concret et cohérent pour optimiser l’utilisation de notre territoire. Évidemment, nous sommes confronté·e·s à de nombreuses difficultés, incluant le fait que les bâtiments qui sont sousutilisés appartiennent, pour la plupart, à des privés. Alors, tout projet qui concernerait ces bâtiments nécessiterait la collaboration de leur propriétaire. Mais je crois que dans le contexte actuel, qui a beaucoup changé dernièrement avec la pénurie de logements, cette démarche est nécessaire. À Trois-Pistoles, comme les membres du conseil sont presque tous nouveaux·elles, cette réflexion est d’autant plus importante pour pouvoir bien comprendre la situation et entreprendre les bonnes actions. Donc, pour l’instant, l’action à prendre est de planifier notre stratégie.
COEURS DE VILLES ET DE VILLAGES
Les coeurs de collectivités ont subi de plein fouet la pandémie et devront être soutenus. Leurs commerces et services sont souvent les seuls accessibles aux personnes non motorisées, qu’elles soient jeunes, aînées ou défavorisées. La vitalité de ces coeurs est aussi un vecteur de dynamisme local et de cohésion sociale. Avez-vous un plan pour renforcer le centreville, les rues commerciales ou le noyau villageois ?
Ce plan fera partie de la stratégie sur laquelle nous allons travailler pendant les prochains mois. C’est effectivement important de dynamiser ce milieu. À Trois-Pistoles, le centreville, c’est l’âme de la ville ; tout le monde passe par là. De nombreux commerces s’y trouvent ou sont très près, l’église y trône majestueusement, et le parc de l’église est très fréquenté, que ce soit pour des pique-niques, des rencontres entre ami·e·s ou même des spectacles extérieurs. Il y a eu beaucoup d’efforts qui ont été faits par le passé pour dynamiser le centre-ville, et l’on doit continuer dans cette voie.
VERDISSEMENT
Être confiné·e·s dans nos quartiers à l’été 2020 nous a fait prendre conscience de la réalité de certains îlots de chaleur. L’imperméabilisation du territoire par les bâtiments, le réseau routier et les stationnements augmentent aussi le coût des infrastructures, notamment de gestion des eaux de pluie. Verdir les rues, les terrains privés et les toitures est une stratégie efficace et porteuse de nombreux bénéfices. Quelles sont les mesures en place pour favoriser la plantation d’arbres ? Saisissez-vous toutes les occasions de récupérer de l’espace pour verdir les milieux de vie, notamment en réduisant la place du stationnement ?
Nous avons déjà quelques plans d’aménagement de lieux publics qui vont inclure un verdissement. L’environnement, les espaces naturels et la qualité du milieu de vie sont des éléments indissociables, et ça fera évidemment partie de notre processus de réflexion sur l’aménagement de notre ville. Mais c’est certain que nous voulons inclure cette dimension à nos projets de développement, et l’on sent aussi que c’est important pour la population. Prenons par exemple le parc Foresti-Fruits, une initiative d’une enseignante de l’école secondaire qui a utilisé l’espace adjacent à l’école pour y planter des arbres de toutes sortes, notamment des arbres fruitiers. C’est ce genre d’initiative qu’on doit valoriser et utiliser comme levier pour mettre en lumière l’importance des espaces verts.

Photo | Sébastien Rioux
DÉPLACEMENTS ACTIFS
La pandémie a suscité une multiplication des aménagements piétonniers et cyclables temporaires partout au Québec. Pour soutenir cet élan et répondre à tous les besoins, de la poussette à la marchette, il faut continuer de construire ou élargir des trottoirs, assurer leur entretien et leur déneigement, installer des bancs, apaiser la circulation et aménager des traversées sécuritaires, compléter les réseaux cyclables, multiplier les supports à vélo, etc. Quelles sont les interventions que vous avez réalisées et celles planifiées pour favoriser les déplacements actifs au quotidien et toute l’année ?
Évidemment, comme nous sommes un nouveau conseil, nous n’avons pas réalisé d’actions en ce sens jusqu’à maintenant, mais le transport actif fera assurément partie de nos réflexions sur l’aménagement du territoire et sur l’amélioration de nos voies de circulation. Les bénéfices du transport actif sont nombreux et vont au-delà de la santé et l’environnement. Par exemple, l’augmentation de la circulation piétonnière amène les gens à socialiser davantage en se croisant dans la rue ou à l’entrée des commerces. Alors, en aménageant nos voies de circulation de façon sécuritaire pour les piéton·ne·s et les cyclistes, ce n’est pas seulement l’environnement bâti que l’on améliore, mais le milieu de vie en général. C’est un aspect important pour le dynamisme d’une ville, alors on doit s’assurer que les gens se sentent en sécurité lors de leurs déplacements.
LOGEMENTS ABORDABLES
La crise du logement affecte désormais de plus en plus de régions du Québec. Le coût des matériaux rend l’acquisition d’une propriété de moins en moins accessible, entre autres aux jeunes ménages. Les Municipalités ont un rôle de premier plan à jouer et de nombreux leviers à leur disposition : politique d’inclusion, achat de terrains stratégiquement situés, soutien et accompagnement des promoteur·trice·s immobilier·ère·s, planification et aménagement d’écoquartiers. Que prévoyez-vous de faire pour que chaque famille ait accès à un logement abordable et de qualité dans votre collectivité ?
Qui aurait cru que nous allions être touché·e·s aussi durement par une pénurie de logements ? La tendance n’allait pas du tout dans ce sens dans les dernières années. Il y a donc du positif dans tout ça, mais la situation reste très complexe. Nous travaillons actuellement sur le développement de certains secteurs, entre autres un écoquartier potentiel, mais c’est certain que nous devrons trouver une stratégie pour optimiser l’espace, qui n’est pas infini à Trois-Pistoles. La plus grosse difficulté reste toutefois le coût. Vous l’avez dit, le coût des matériaux rend l’acquisition d’une propriété et la construction très difficiles. Notre rôle dans cette situation sera de trouver une façon de soutenir les promoteur·trice·s, les acheteur·euse·s et les locataires et d’aller chercher toutes les aides financières possibles pour minimiser les répercussions de cette pénurie.
PATRIMOINE BÂTI ET PAYSAGE
Ces dernières années au Québec, il y a eu trop d’exemples de bâtiments d’intérêt que leurs propriétaires ont laissés se détériorer et qui ont fini, malgré leur valeur patrimoniale, par tomber sous le pic des démolisseurs par manque de soins. Quelles sont vos intentions pour protéger ou réhabiliter les bâtiments et les paysages emblématiques, classés ou non ?
C’est évident que nous voulons mettre en valeur nos bâtiments patrimoniaux qui ont un potentiel de conservation. Nul besoin de mentionner notre église, qui est d’ailleurs en réparation. On peut aussi penser à la gare qui est un bâtiment présentement laissé à l’abandon. La gare fait partie intégrante de l’histoire de Trois-Pistoles, et c’est dans nos plans d’en faire l’acquisition pour lui redonner un peu de vie. Le bâtiment du PABA aussi est dans cette catégorie de lieux que nous devons nous réapproprier et faire revivre. Il s’agit d’un lieu qui fait beaucoup jaser dans le milieu et qui soulève beaucoup d’interrogations sur son avenir. Nous sommes en ce moment en démarche pour occuper le PABA.
Je crois qu’en réponse à cette question, il est important d’adresser le dossier de la tannerie Riou. Le site n’a pas démontré de potentiel archéologique à la suite des fouilles qui ont été effectuées. Malheureusement, les bâtiments qui se trouvent sur le site où était située la tannerie n’ont pas été entretenus pendant plusieurs décennies, au point où ils représentent un risque d’incendie important et dont la remise en état est financièrement impensable. Les logements qui seront construits sur ce site permettront donc la remise en usage d’un terrain qui a été laissé à l’abandon et d’offrir quelques logements de plus dans un contexte difficile de pénurie. Il faut aussi noter que la mémoire de la tannerie sera conservée dans ce projet.
TRANSPORT COLLECTIF
Avez-vous évalué la mise en place ou amélioration de l’offre de transport collectif ? Cette offre peut prendre plusieurs formes (autobus, mini bus, covoiturage organisé, taxi communautaire, etc.). Le défi d’aider la population à diminuer l’émission de GES semble plus difficile en région qu’en grande ville où les réseaux de transport collectif sont présents et utilisés. Il faut tenter de faire preuve d’imagination et créer des partenariats avec les entreprises.
L’enjeu du transport collectif va au-delà des frontières de notre ville. Le problème regroupe toute la région. Évidemment, le service de taxi manque gravement à notre communauté, mais tout comme n’importe quel autre service de transport, il est difficile de maintenir un service suffisant sur un aussi grand territoire avec une faible densité. Cependant, c’est un dossier sur lequel beaucoup d’ intervenant·e·s s’impliquent pour trouver des solutions efficaces et durables. Je suis moimême déjà très impliqué dans cette recherche de solutions à l’échelle régionale.
MILIEUX NATURELS ET AGRICOLES
Avez-vous le réflexe de protéger les milieux naturels de l’étalement urbain et ne demander aucun dézonage agricole ? Dans un contexte de changements climatiques, la destruction des terres agricoles met en péril la sécurité alimentaire à moyen terme. Les milieux naturels rendent, quant à eux, d’importants services écologiques ; en plus d’affecter la biodiversité, leur disparition est coûteuse.
La protection des milieux naturels est très importante, c’est une évidence. Si l’on ne regarde qu’à l’intérieur de nos limites géographiques, les superficies cultivées sont marginales, le périmètre urbanisé occupe déjà une très grande partie du territoire et les milieux naturels semblent très peu nombreux. Cependant, quand on parle des milieux naturels et des terres agricoles, il faut prendre un pas de recul. C’est la rivière Trois-Pistoles qui est notre source d’eau, les agriculteurs de la région contribuent à notre alimentation, le fleuve est notre paysage et l’île aux Basques est un lieu de conservation de la nature important pour la région. Ce sont tous des éléments qui contribuent à faire de notre ville ce qu’elle est. Alors, même si tout ce que je viens de nommer ne se trouve pas dans les limites de notre ville, nous devons contribuer à leur protection.
PARTICIPATION PUBLIQUE
L’organisation municipale intéresse une part croissante de la population qui souhaite pouvoir exprimer ses besoins et ses attentes et contribuer aux décisions touchant les milieux de vie. Des activités participatives et une information claire peuvent favoriser une démocratie active. Quel rôle donnerez-vous aux citoyen·ne·s dans la définition des orientations de la Municipalité ?
Pendant la campagne électorale, la participation citoyenne était l’une des priorités de notre équipe, et je compte bien garder cette direction. Les membres du conseil de ville sont les représentant·e·s de la population, il est donc nécessaire d’être à l’écoute des gens pour bien les représenter. En plus de rester le plus disponibles possible pour les citoyen·ne·s, nous prévoyons mettre en place un budget participatif pour impliquer encore plus la population dans la vie municipale.
PLAN CLIMAT
Envisagez-vous de prendre le leadership de l’action climatique et faire de votre collectivité une municipalité amie du climat ? Aux commandes durant les quatre années cruciales, les équipes municipales seront celles à qui incombera, en bonne partie, la responsabilité de l’atteinte des objectifs du Québec pour 2030. Il faudra agir vite et de façon structurante pour mettre en oeuvre la transition nécessaire, limiter les coûts collectifs et assurer la sécurité de la population, tout en favorisant la santé et la qualité de vie.
Aujourd’hui, on ne peut passer à côté de cet enjeu. Le climat et la protection de notre environnement doivent être au coeur des réflexions qui guident nos décisions. Il y a beaucoup à faire, et les contraintes sont nombreuses, mais nous devons faire toujours plus d’efforts en ce sens.