Parfois, il n’y a pas de faute à écrire Fabbulle avec deux «B» !

texte | Jérôme Frédéric Bouchard, gestionnaire du Fab lab Fabbulle

Jérôme Frédéric Bouchard, est fabmanager au Fabbulle, le Fab lab de Rivière-du-Loup. Fab lab est une appellation formée de fabrication et laboratory. Il s’agit d’ateliers dont le but ultime est de pouvoir fabriquer (presque) n’importe quoi. Le Fabbulle dispose d’imprimantes 3D, d’une découpeuse laser, d’une fraiseuse numérique, d’une machine à broder numérique, de machines à coudre, d’une thermoformeuse, d’un atelier de prototypage électronique…

Le Fabbulle est parrainé par le Living Lab en Innovation Ouverte et est situé au Cégep de Rivière-du-Loup.

J. Frédéric Bouchard : Ça n’est pas un peu prétentieux de faire une entrevue avec soi-même ?

Jérôme F. Bouchard : Vous dites ça parce que nous sommes homonymes ? Ça me semble être une simple coïncidence…

J. Frédéric Bouchard : J’ignorais qu’il y avait un Fab lab ici. Rivière-du-Loup ne serait pas une ville trop petite pour héberger un tel atelier ?

Jérôme F. Bouchard : Drôle de question ! Le premier Fab lab a été fondé à Boston, le second dans le petit village de Pabal, en Inde ! Les Fab labs peuvent servir de levier de développement en région, ou, tout au moins, permettre à la population de s’approprier des technologies peu accessibles. D’ailleurs, notre Fab lab est l’un des plus anciens et des plus vivants au Québec ; nous faisons l’envie de plusieurs !

J. Frédéric Bouchard : Comment est-ce que ça marche ?

Jérôme F. Bouchard : Le Fabbulle est ouvert à toute la population moyennant 15 $ par année. On y dispense quelques formations, mais c’est surtout par l’exemple qu’on y apprend… Consultez l’horaire sur www.fabbulle.tech et venez !

J. Frédéric Bouchard : Fabrication numérique… Ça m’a l’air compliqué tout ça !

Jérôme F. Bouchard : Oui, un brin, mais personne n’a besoin de tout maîtriser. Notre équipe travaille fort pour simplifier le plus possible la fabrication numérique… Sans avoir à réinventer la roue, on peut se contenter de reproduire un objet dont les plans sont partagés librement sur internet.

J. Frédéric Bouchard : Quels genres d’objets sont fabriqués dans votre atelier ?

Jérôme F. Bouchard : C’est très diversifié. Les gens commencent souvent par des choses personnalisées : broderies, trophées, gravures… C’est une belle façon d’apprendre. Ensuite, forts de ce qu’ils ont appris, ils se lancent dans des projets plus complexes. Là, ça devient excitant ! Projets artistiques, costumes, inventions, robots amateurs, maquettes… Des étudiants ont même fabriqué une machine servant à verser des bières !

J. Frédéric Bouchard : Pourquoi fabriquer un objet ? Si on compte ses heures, c’est plus cher que de l’acheter !

Jérôme F. Bouchard : Pourquoi faire ses propres pantoufles ? C’est pas rentable non plus ! Certains veulent des objets introuvables ou personnalisés. D’autres veulent comprendre le fonctionnement des objets qu’ils consomment, ou faire un pied de nez à l’obsolescence planifiée en réparant des objets réputés jetables… Parlant tricot, les Fab labs tout comme les Cercles de Fermières font la promotion du faites-le-vous-même… avec les autres !

J. Frédéric Bouchard : Ça commence à sentir l’idéologie !

Jérôme F. Bouchard : Tu n’as pas tort ! Plusieurs rêvent d’un monde où les plans seraient partagés mondialement mais fabriqués localement à partir de matériaux locaux. Ce serait plus respectueux de l’environnement. D’autres veulent aider leurs semblables. Je pense aux prothèses fabriquées pour moins de 100 $ pour des gens qui n’ont pas les moyens d’acheter les prothèses commerciales…

J. Frédéric Bouchard : Mais pour un cuisinier ou une orthophoniste, à quoi ça peut servir d’apprendre tout ça ?

Jérôme F. Bouchard : Ouvres tes oeillères mon grand ! Nos membres sont loin d’être tou.te.s des ingénieur.e.s ! On apprend la fabrication numérique pour la même raison qu’on apprend la couture ou à nager. Ça peut servir mais c’est surtout la curiosité et la croissance personnelle qui motivent les participant.e.s. Fabriquer ses propres objets peut redonner une âme à la société de consommation. On pourrait en faire une thérapie de croissance personnelle et charger cher pour ce service !

J. Frédéric Bouchard : C’est donc un loisir…

Jérôme F. Bouchard : Oui et non. Certains viennent par affaires : des artistes, des petites entreprises, des inventeurs… Il y a une demande pour des activités scientifiques destinées aux enfants ; peut-être que quelqu’un saisira l’occasion et s’en fera un emploi… On ne fait que commencer à explorer le potentiel du Fab lab… Nous cherchons même à produire nos propres matériaux et rêvons d’inscrire la région dans le mouvement des Fab Cities.

J. Frédéric Bouchard : Monsieur Bouchard, merci de m’avoir accordé cette entrevue.

Jérôme F. Bouchard : Il n’y a pas de quoi : tout le plaisir était pour moi !


À propos de Marie-Amélie Dubé

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