Neutralité 101… ou pas

Texte : Sara Dumais-April

Je me suis longuement demandé si la neutralité des médias devait s’imposer dans l’opinion publique lorsqu’il est question de politique. Après avoir tourné la question dans tous les sens, je réalise qu’il n’y a pas de bonne réponse. C’est bien connu, et ce depuis toujours. Tel média met de l’avant un tel parti alors qu’un autre fait le contraire. Est-ce bien, est-ce mal ? Je ne sais pas. Tout ce que je sais, c’est quand dans l’ère où l’information est supposément la plus accessible possible, jamais les gens n’auront été autant désinformé.e.s.

Dans mes cours de journalisme écrit, on me disait continuellement que le ton approprié devait être neutre, qu’il ne fallait pas tomber dans l’émotif et que le « je » était à proscrire. Est-ce vraiment représentatif de ce à quoi nous sommes quotidiennement exposé.e.s dans les médias ? La réponse évidente est que non. C’est connu, en journalisme, on cadre, on sélectionne l’information et le sensationnalisme est à son apogée. Le problème, c’est que les citoyen.e.s ne sont pas tou.te.s dans le même contexte de réception dans le cadre d’une période de marketing électoral. Certain.e.s citoyen.e.s feront la tournée des différents médias, liront le programme électoral et s’informeront sur les promesses des différents partis alors que d’autres, par exemple, se concentreront sur le seul et unique journal qu’il.elle.s lisent chaque matin en buvant leur café. Généralisation abusive ici, mais tout en exagérant, c’est selon moi à ce niveau qu’on rencontre le problème de neutralité.

Dans un monde utopique, les gens ont une éducation de niveau semblable, prennent le temps de chercher l’information et se questionnent continuellement sur ce qui leur est présenté. La réalité est que ce n’est pas tout le monde qui sait s’informer. Nos politiciens baignent dans le monde de l’infodivertissement et ça a des conséquences directes sur l’opinion publique, puisque la vie privée et le contenu personnel prennent de plus en plus de place vis-à-vis les enjeux, les causes et le contenu politique. On déplace l’attention des partis politiques vers la personnalisation des politicien.ne.s et la performance politique. C’est ce que je trouve problématique. En cadrant ainsi, les médias provoquent des changements cognitifs chez les individus en déterminant des priorités sociales. Est-ce que la neutralité changerait les résultats d’une élection ? Peut-être. La vérité, c’est qu’en écrivant ce texte, je comprends que les enjeux entourant ce questionnement sont multiples. Peut-on reprocher aux médias de vouloir vendre alors qu’on est conscient.e de la crise du financement de l’information ? Doit-on pointer du doigt les stratégies pragmatiques des partis de vouloir contrôler l’ordre du journopolitique et médiatique ? Doit-on se remettre en question soi-même ? À l’ère du numérique, est-ce vraiment réaliste de croire qu’on peut traverser une campagne électorale en toute neutralité ? Je n’ai pas la réponse à ces questions, mais j’ai décidé de les soulever. Il n’y a probablement pas de vrai coupable et la réponse est probablement différente pour un.e journaliste, un.e politicien.ne ou un.e citoyen.ne. Tout comme le vote, c’est une question de point de vue. Ainsi, qui que vous soyez, peu importe quel.le acteur.rice vous êtes, je vous invite à vous remettre en question, à chercher, à débattre, à échanger avec des gens qui ne partagent pas votre opinion (tout en restant poli.e évidemment). La neutralité des médias en politique, c’est l’affaire de plus qu’un texte d’environ 500 mots, mais ça fait réfléchir ! Je ne sais pas pour vous, mais j’pense qu’on devrait s’adonner à cette activité-là plus souvent ! Bonnes élections fédérales !

À propos de Marie-Amélie Dubé

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