Maux de l’éditeur : Retour de l’Inde

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par Busque

 

Je savais que ce serait un retour difficile, mais jamais autant que ce que ce fut réellement. J’avais quand même voyagé dans des endroits plutôt difficiles comme au Myanmar il y a deux ans et en Colombie l’année passée. Pour le pays des épices, j’ai senti vers la moitié du voyage que j’allais vivre une épreuve en revenant, mais je ne savais pas vraiment à quoi m’attendre.

 

 

Finalement, à mon arrivée, je me suis vite rendu compte de cette épreuve. Une drôle d’émotion ou plutôt un manque de mots ou de force pour parler de mon expérience en Inde. Pas capable de répondre aux questions de mes amis et de ma famille. Cela me demandait une énergie que je n’avais pas à ce moment. La fameuse question : « C’est comment l’Inde ? » L’Inde, c’est comme une flamme. Tu peux la sentir te réchauffer, mais si tu t’en imprègnes trop longtemps, elle brule ton esprit, elle marque à tout jamais ton être, pis ça pue le brulé un brin longtemps. En écrivant ces lignes, je me sens fatigué… J’avais commencé un texte à ce sujet pendant mon voyage. Voici ce que j’avais écrit :

 

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Je suis au jour 70 d’un voyage qui en durera 82. J’écris ces lignes depuis le train, au centre du pays. Un déplacement de 45 heures dans le même wagon en direction de la ville sacrée de Varanasi. J’ai pris la classe « sleeper », donc j’ai à ma disposition un lit et, du coup, plusieurs voisins. Recroquevillé sur mon matelas, je tape ce texte sur un portable que j’aurais probablement dû garder caché des yeux téméraires. À mon retour, je me demande ce que je dirai quand quelqu’un me demandera comment a été mon voyage. Faire un voyage en Inde, c’est un peu comme se faire flatter le dos en recevant des claques au visage ; c’est un endroit paradoxal. Je dois dire que j’ai souvent envie de disparaitre ici. C’est juste trop. Trop de gens qui mangent, qui chient, qui consomment trop de gogosses qui finiront sur le bord du chemin. Trop de plastique, trop d’animaux qui souffrent. C’est too much.  Il y a 10 minutes, le train s’est arrêté dans une gare, et je me suis fait demander de l’argent par une personne au pied atrophié, une transsexuelle qui m’a fait sourire, un homme qui lave les planchers de train, un baba trop sale ainsi qu’une mère avec son bébé qui fait une face de « qu’est-ce que tu fais là ? ». Et, ironiquement, en écrivant ces mots, l’Indien à côté de moi vient de m’offrir la moitié de son repas pour remplir mon estomac beaucoup trop vide. J’accepte. C’est délicieux pour mes papilles : un rôti plat avec des morceaux d’une pâte de légumes frits dans une sauce épicée. Quand je vous parle de double sentiment, c’est exactement ça. C’est beau de les voir manger tous ensemble en famille, ce moment qui semble souvent disparu de ma culture. Je ne crois pas qu’on puisse mourir de faim en Inde tellement la nourriture ne coute pas cher.
Donc, pour revenir à cette fameuse question : « C’est comment l’Inde ? » L’Inde, c’est comme l’Afrique, l’Amérique ou l’Asie ; c’est plein de cultures différentes, plein de paysages uniques, plein de façons de faire, de parler. Une chose qui est certaine, c’est qu’il y a trop de monde. C’est ce que les Indiens ne cessent de me rappeler tout au long de mon voyage. Il y a 360 Indiens par kilomètre carré, comparativement par exemple à la Chine qui compte 150 Chinois par kilomètre carré. Autre fait intéressant, il y a 22 langues officielles, et 1600 langues et dialectes, ça jase pas mal ! Aussi, un truc qui me marque et qui semble être pareil d’un bout à l’autre du pays : la famille est au centre de l’existence d’un Indien, bien ficelée par une culture religieuse forte. Je vois comment nos familles sont souvent séparées, comment nos ainés sont mis de côté, comment nos enfants sont constamment en train de se plaindre. En Inde, j’ai rarement vu des enfants pleurer ou en crise, c’est frappant comme distinction. La place des hommes est dominante en tous points, mais à des degrés plus ou moins élevés selon les régions et la richesse. Deux Indiens viennent me parler pour en savoir plus sur d’où je viens et si je suis marié, donc je vais m’arrêter là.

 

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