Par Michel Lagacé, photos de Nicolas Gagnon
Quand j’ai commencé cet article, un dimanche soir plutôt froid en début février, j’étais encore quelques heures avant au cinéma Princesse à Rivière-du-Loup pour les dernières projections du Festival Vues dans la tête de Stéphane Lafleur. Tous ceux comme moi qui avaient participé à ces trois jours de projections, d’ateliers et de rencontres avec les invités de cette troisième édition du Festival semblaient ravis de cette expérience cinématographique.
Tous ces cinéphiles, et ils étaient nombreux, venaient d’assister à un concentré d’expériences variées, le tout concocté dans la tête de ce réalisateur talentueux. Mais, comme il a plusieurs cordes à son arc : il est à la fois auteur, scénariste, réalisateur et musicien dans le groupe Avec pas d’casque, le public a eu droit à un éventail de prestations souvent touchantes de sa part (même musicale) et aussi de la part des invités qui l’accompagnaient dans cette aventure et ces discussions à la suite de chaque projection.
La table ronde sur la scénarisation du samedi, dans l’atmosphère du Café l’Innocent, restera mémorable… amenant tous les invités du Festival et nous avec eux, à réfléchir sur les étapes du début d’un film. Après, en ce deuxième jour du Festival, la majorité de ces gens retournerait au cinéma Princesse au centre-ville, rejoignant ainsi les autres cinéphiles pour la projection du film très attendu : Tu dors Nicole de Stéphane Lafleur.
Ce soir-là, j’ai été ébloui, comme bien d’autres, par les images et les plans de ce film. Et aussi, par la qualité du personnage principal, Nicole, jouée par Julianne Côté, autant que par certains dialogues déconcertants et par l’atmosphère aux tonalités de gris de cette production. On était au centre de l’indécision de l’adolescence, durant l’été, en banlieue, souvent la nuit, avec la musique tonitruante du band de son frère… sans oublier les superbes images des balades en vélo. Un contexte lié aux jeunes (en bas de la vingtaine) et un thème propre à l’ensemble de cette programmation, sauf pour le film Félix et Méira de Maxime Giroux.
La formule est originale, même les invités de ce Festival le disent, et il est maintenant bien connu du milieu cinématographique du Québec, en plus d’être apprécié des cinéphiles de la région du Bas-Saint- Laurent qui se déplacent pour ces trois jours intenses de cinéma.
Le scénariste du film Félix et Méira, Alexandre Laferrière était justement sur place pour nous entretenir, après la projection du vendredi soir, de la reconstitution des habitudes de vie (une vue de l’intérieur) de la communauté des Juifs hassidiques qui vivent, et ça, depuis plusieurs années, dans un quartier de Montréal. Ce que décrivait, entre autres, le contexte de ce film : un scénario intriguant sur une femme mariée de cette communauté qui cherche à s’émanciper et qui, grâce à sa relation imprévue avec un homme qui s’amourache d’elle (extérieur à ce groupe), réussit à sortir du carcan de cette communauté distincte. Mais, dans le contexte des interdits et des libertés à conquérir, la réalité des coutumes et de l’éducation les confrontent à cette impossibilité d’une relation amoureuse profonde, comme le film le suggère dans sa fin brusque. Ce couple improbable, avec l’enfant de la jeune femme, se retrouve à la fin dans une gondole à Venise : ce cliché ou ce rêve romantique de l’amour bascule tout à coup devant nos yeux, et dans les leurs…
Le Festival avait commencé le vendredi après-midi avec la projection du film À l’ouest de Pluton et, comme je l’avais déjà vu, je retrouvais avec plaisir dans cette fiction des portraits émouvants de jeunes adolescents. Les auteurs de ce film, Myriam Verreault et Henry Bernardet, étaient du groupe des invités avec l’actrice Julianne Côté du film Tu dors Nicole. On a donc pu les rencontrer plusieurs fois durant ces trois jours. Le film 1987 de Ricardo Trogi, le documentaire La marche à suivre de Jean-François Caissy étaient aussi, avec d’autres films et courts métrages, de la programmation de ce festival Vues dans la tête de Stéphane Lafleur.
À la suite de ces trois années d’existence, en intégrant des part nairee importants du milieu, et après le parrainage d’Hugo Latulippe, de Sébastien Pilote, de Stéphane Lafleur et tous leurs invités, le Festival Vues dans la tête de... a réellement pris son envol, trouvé son public et prouvé qu’il doit continuer d’exister. C’est donc important à la fois pour la présence du cinéma québécois à Rivière-du-Loup, pour l’École des métiers du cinéma et de la vidéo du Cégep et pour ce public de cinéphiles de plus en plus nombreux. La formule est originale, même les invités de ce festival le disent, et il est maintenant bien connu du milieu cinématographique du Québec, en plus d’être apprécié des cinéphiles de la région du Bas-Saint-Laurent qui se déplacent pour ces trois jours intenses de cinéma. Donc, longue vie au Festival Vues dans la tête de… tout en souhaitant que les partenaires actuels (et d’autres nouveaux?) continuent de le soutenir dans ses prochaines éditions. Longue vie au festival Vues dans la tête de… tout en souhaitant que les partenaires actuels (et d’autres nouveaux?) continuent de le soutenir dans ses prochaines éditions.
La Rumeur du Loup, Édition 73, mars 2015