Texte et illustration : Pierre Sénéchal
Temps d’élection, temps de tempêtes, disait-on à une certaine époque. L’appel de l’urne offre à la population majeure, en règle avec la maison, de voter tous les quatre ans pour choisir un candidat qui va les représenter à la Chambre des communes, haut lieu du pouvoir en ce beau Canada.
Cependant, depuis quelques années, les périodes d’élection semblent être devenues un exercice périlleux où il est de plus en plus difficile de distinguer le vrai du faux. De gauche à droite, les propositions des grands partis se ressemblent et les reproches qu’ils se livrent aussi étrangement. Bien malin l’électeur.rice qui saura distinguer le bon grain de l’ivraie pour faire un choix éclairé en harmonie avec les valeurs qui l’habitent. Et en politique, de l’ivraie (graminée qui donne une plante très nuisible), il y en a. Et dans sa déclinaison la plus détestable, la vague populiste qui contamine bon nombre de démocraties de par le monde semble s’inviter ici aussi.
MAXIME ET SON POPULISME »INTELLIGENT »
Battu à la course à la chefferie du Parti conservateur du Canada où il avait sévi pendant plus de 15 ans, Maxime Bernier, politicien beauceron bien connu (très souvent pour les mauvaises raisons) claque la porte et fonde le Parti populaire du Canada, ouvertement à droite, populiste et libertarien. Une espèce de patente qui trouvera écho chez sympathisant.e.s de l’extrême droite, les ultras capitalistes, les climatosceptiques et les amateur.rice.s de faits alternatifs et d’information approximative. M Bernier nous propose même, à mon grand étonnement, un populiste « intelligent » où il suggère ouvertement que de polluer est bon, car ça nourrit les plantes. Il s’aliènera aussi l’ensemble du monde agricole pour son rejet total de la gestion de l’offre, ce qui aurait pour résultat de ruiner complètement notre industrie agricole au profit des produits américains d’une qualité nettement inférieure.
Enfin, plus de pétrole, moins d’immigrants et une sortie absolument minable et méprisable à l’endroit de la jeune militante environnementaliste Greta Thunberg.
Je cherche toujours la valeur ajoutée dans ce populisme dit « intelligent » qui n’est pour moi rien d’autre qu’un prolongement opportuniste, mensonger et haineux de ce qui a porté au pouvoir des escrocs et des salopards comme Poutine, Trump, Bolsonaro, Netanyahu…
Et surtout, ce populisme qui a la prétention de parler au nom du peuple, véritable imposture qui, soumis aux lobbys, aux dogmes conservateurs et aux profits des élites, manque continuellement de respect à la population en propageant la haine, la peur, les mensonges et les ragots sous forme d’information crédible et de fait avérés, très souvent relayés par monsieur et madame Tout-le-Monde. Cette contamination de l’information fait malheureusement tache d’huile et sert plutôt bien ces charlatans populistes qui, lorsqu’il.elle.s sont confronté.e.s à leurs contradictions, ont un joli talent pour se camper en victime totale.

Mais bon, si ce populisme n’avait qu’une seule chose d’intelligente, c’est possiblement d’avoir su capitaliser sur une époque où la paresse intellectuelle de la population, inondée d’information approximative, la rendait extrêmement vulnérable. Je parlais de l’importance de séparer le bon grain de l’ivraie. Et ça, il faut le faire avant qu’il prenne racine. Parce que malheureusement, aux États-Unis et au Brésil (et ailleurs aussi), l’ivraie a trouvé un terreau fertile et y prend solidement racine, jetant une ombre inquiétante sur les droits humains, la protection de l’environnement, la démocratie même.
VOTEZ MAXIME BERNIER …
Bien sûr, Maxime Bernier est une cible facile, je m’en confesse. Son parcours politique est parsemé de déclarations stupides, de gaffes et d’une accumulation de manques de jugement qui le rendent à mes yeux indigne de représenter et surtout de servir la population. Parce que c’est bien là le rôle premier d’un.e élu.e, servir la population.
À la question : A-t-il le droit de se présenter ? Oui bien sûr qu’il en a le droit. Parce que c’est effectivement un droit. Il y a dans toute élection ce type d’anomalie qui survient, la plupart étant évacuées par une espèce de « système immunitaire démocratique » qui tend à rejeter les candidatures toxiques. Même que, dans le cas qui nous intéresse, l’organisme vivant qu’est l’exercice démocratique a réussi à cloner et à reproduire un autre Maxime Bernier, celui-ci par contre sous la bannière du parti Rhinocéros. La ligne électorale de ce dernier ? Ne prenez pas de chance, votez pour les deux. L’analogie à la multiplication des cellules cancéreuses n’est pas sans me faire sourire et l’idée de voter pour les deux et de les éliminer derechef ferait office de traitement de chimio très efficace pour se débarrasser de cette tumeur populiste avant qu’elle ne fasse trop de dégâts.
VOTEZ, VOTEZ, VOTEZ ….
Fort heureusement, pour ma part, le choix de Maxime Bernier ne s’impose pas, bien au contraire. Je vais exercer mon droit de vote, mais surtout je vais exercer mon droit de réflexion, voter selon mes valeurs, mes convictions et aussi pour le candidat qui saura me convaincre honnêtement qu’il prendra la route d’Ottawa pour servir réellement ses électeur.rice.s. Ben oui, c’est utopique, rêveur, idéaliste et naïf …. mais très certainement pas populiste.
Je vais également voter de façon socio et écoresponsable. À mon âge, je dois faire le choix de laisser quelque chose à ceux et celles qui suivent, mes enfants … et les autres qui suivront. Parce que, n’en déplaise à Maxime, l’avenir leur appartient, et Greta Thunberg incarne à perfection cette lucidité, ce courage et cette détermination qui fait trembler cette détestable mouvance populiste, intolérante rétrograde, qui n’en a rien à cirer de la population …. voilà bien l’ironie !