Les magiciens de la vie

texte et illustration Joane Michaud

J’étais allongée sur une civière près de la salle de chirurgie lorsqu’il est arrivé. Je tremblais comme une feuille d’automne qui hésite à mourir. Le chirurgien a posé sa main sur mon bras en me regardant droit dans les yeux. Il m’a encouragée avec des mots que je n’oublierai jamais, car ils ont eu un impact positif sur ma façon d’appréhender la suite des événements. Ses paroles m’ont rassurée et j’ai pu lâcher prise en toute confiance.

J’ai toujours eu une admiration indéfectible pour ces gens remarquables qui tiennent à la vie des autres, les mains grandes ouvertes et le coeur disponible en permanence. Ces magicien.ne.s de la haute technologie humaine maîtrisent l’art de la délicatesse en manipulant avec une dextérité incroyable, la fragilité d’un corps humain. Des chirurgien.ne.s aux doigts d’artiste viennent d’arracher le monstre tentaculaire implanté sur le côté droit de mon cou. La tumeur cancéreuse s’était déjà fabriqué tout un réseau de racines tortueuses et funestes. Le réveil est brutal, l’énergie n’est pas au rendez-vous cependant ; je trouve un certain réconfort dans cette pensée farfelue… Je viens de traverser l’obstacle majeur, voire le plus dangereux. Je suis enfin débarrassée de cette sangsue dévoreuse de vitalité. La route vers la guérison complète est désormais libre et sans entraves. Je n’ai certes pas la force de danser dans ma chambre d’hôpital, mais je suis légère de l’intérieur et cela suffit pour engendrer un second souffle motivateur. Je fais confiance à la vie et j’envisage la suite de manière positive.

Il me paraît vraisemblable qu’avec une bonne dose de volonté et de courage, je surmonterai cette épreuve. Je dis courage pourtant, je pense qu’on ne choisit pas d’être courageux.se, on le devient par obligation face à une situation périlleuse ; c’est une question de survie. Le chemin vers la guérison sera long et pénible puisque ma force physique est à son niveau le plus bas. Mon cou arbore une très longue cicatrice, ce n’est pas la joie à regarder, mais ce n’est qu’un détail. Je suis vivante et bien décidée à me rendre jusqu’au bout de ce voyage. Je me retranche derrière une attitude qui m’a bien servie jusque-là. Je fais une pause intérieure, une méditation salutaire et me dote d’un regard plutôt froid sur la situation en banalisant le problème de manière à m’isoler de la souffrance. J’ai toujours eu cette manie de vouloir simplifier les situations dramatiques. Dans tous les cas, je cherche le chemin le plus court afin d’arriver promptement à l’issue pour me sortir de l’impasse aussi vite que possible… mais encore faut-il le trouver. Au fil des années, j’ai pris l’habitude de m’encourager avec certaines réflexions tirées de mes nombreuses lectures axées sur la spiritualité, dont celle-ci… avec de la pensée positive nous pouvons nous guérir.

J’ai la ferme conviction qu’il me suffit de tout mettre en place positivement dans ma tête pour activer ma guérison. Mes expériences de vie m’ont conduite à penser qu’une épreuve a sa raison d’être, même s’il est parfois difficile d’en arriver à ce constat. Je n’arrête pas de nourrir mon esprit, en me gavant de bonnes intentions. Sauf que le visage de mon existence n’avait pas encore démasqué son profil qui pleure. Une souffrance supplémentaire et inattendue allait bientôt me faire basculer dans la plus grande détresse de toute ma vie. Je ne comprenais pas pourquoi la vie me bousculait ainsi en pulvérisant toutes les défenses que je me construisais au fur et à mesure avec un minimum d’aplomb. Elle n’arrêtait pas de me perturber à grands coups d’embûches. Je n’en finissais plus de chercher un peu de calme et d compréhension.

J’essayais désespérément de trouver un lieu où me blottir, une bulle de jouvence, une matrice sécurisante afin de pouvoir reposer mon corps et mon esprit.

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Extrait de Mandalas, La voie de l’intérieur mon sentier de guérison (éd. AdA)

Zone vibrante

Plume chercheuse d’osmose
Sur papier d’amour en soie
Glissant vers trempés
D’encre à peau d’étoile
Filante cible
Perce-rêve

Des mots chairs et coloris
Ébauche d’un coeur alarme
Tracée frisson rouge
Vibration sanguine
Courbes d’un soir
Zone abstraite

Plume chatouilleuse en corps
Parfumée de lui charmeur
Coule sur la nuque
D’ose chant fleuri
Regard luisant
Soleil brut

Des mots flamme et satin fou
Projetés danse tactile
Au ventre de nuit
Caresses lunaires
Doigts emmêlés
Reflets doux

À propos de Marie-Amélie Dubé

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