Léo Major, un héros québécois

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par Samuel Moreau

 

Les dernières années nous ont apporté plusieurs livres intéressants sur des héros de la Deuxième Guerre. D’abord John MacFarlane, avec La croix de Triquet, puis Luc Bertrand, avec Trois histoires de bravoure, nous ont raconté les exploits des héros bas-laurentiens Paul Triquet, Jean Brillant et Joseph Kaeble.

 

 

Mais de toutes les histoires de vaillance militaire, c’est probablement celle de Léo Major qui est la plus incroyable. Ayant servi dans le Régiment de la Chaudière lors de la Deuxième Guerre mondiale, Léo Major arrive à Juno Beach le 6 juin 1944. De ce moment jusqu’à la fin de la guerre, il participera à la bataille de l’Escaut où il capture, seul, 93 soldats allemands, et libère, encore une fois à lui seul, la ville de Zwolle (Pays-Bas). Pour ses actions, Léo Major reçoit la Distinguished Conduct Medal, mais ses faits d’armes demeurent relativement peu connus aujourd’hui. Quand on m’a proposé de faire une critique du livre d’Érick Drapeau, Léo Major —Un héros québécois, j’ai tout de suite accepté, étant moi-même intéressé par l’histoire militaire, particulièrement celle de l’implication des Canadiens français dans les grands conflits mondiaux. C’est donc avec beaucoup d’attentes que j’entrepris cette lecture. D’abord, il est important de le mentionner, l’auteur ne nous présente pas une biographie, ni une description historique des évènements, mais plutôt une version romancée de l’histoire. On a donc affaire à un récit narratif où les rencontres entre les différents personnages, les dialogues et leurs émotions ont été imaginés.

 

« Comme le dit l’auteur lui-même : “Vraiment, il est de ces histoires qui se doivent d’être racontées.” »

 

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Première surprise, le récit ne débute pas avec le débarquement de Normandie. L’histoire des faits d’armes de Léo Major ne nous est donc pas présentée d’une façon linéaire. L’auteur nous déplace constamment entre le récit du héros de guerre et celui de Klaas Jabend, membre du réseau de résistance Neder, et du Standartenleutnant Karl Schreiber, officier nazi et membre de la Gestapo. Le tout est raconté dans un récit à la troisième personne entrecoupé de résumés historiques des faits. C’est donc une lecture facile pour un non-initié de l’histoire militaire. Mais ce continuel bond a été pour moi une source de distraction dans les premières heures de lecture. Après quelques chapitres, je ne comprenais pas pourquoi l’auteur avait choisi l’alternance entre les récits et les rebonds dans la trame narrative plutôt que de nous raconter de front les exploits de Léo Major. Ce n’est que vers les trois quarts du livre que j’ai pu vraiment apprécier les choix narratifs de l’auteur. Au final, je peux même dire que c’est cette façon de présenter l’histoire que j’ai le plus appréciée du livre. Quelques clichés d’écriture m’ont fait perdre l’intensité que j’espérais vivre en lisant cette histoire incroyable. J’ai été parfois laissé sur ma faim, je n’ai pas trouvé que les mots rendaient suffisamment justice à la grandeur des exploits. Mais l’auteur nous livre son récit sans prétention, comme il le mentionne dans sa préface : « L’important est selon moi que Léo Major sorte de l’ombre et que j’aie du plaisir à écrire ce roman, mon premier bouquin. »

 

Ce que j’ai le plus aimé de l’écriture est les dialogues, particulièrement lorsque Léo Major prend la parole. On imagine bien ce héros rebelle un peu arrogant s’exprimer comme ça : « Pour toute réponse, Léo brandit une grenade et, changeant de sujet : Nous autres, les Canadiens, on a un avantage sur ces crisses de Nazis-là. On en a lancé en maudit des mottes de neige, avec nos hivers de fous. On a la bonne technique pour pitcher ça. » À la fin de ma lecture, je suis un peu troublé par cette invraisemblance. Si ce livre avait été une pure fiction, je l’aurais jugée farfelue, tellement les faits sont incroyables. Et ce qui est le plus incroyable est que nous ne connaissons pas cette histoire. En 2005, la reine Juliana des Pays-Bas remettait à Léo Major le titre de citoyen d’honneur de la ville de Zwolle, trois ans avant son décès. Chaque année, le drapeau du Canada y est hissé. Ici, peu de gens connaissent l’histoire de cet homme. Pour ces raisons, Léo Major — Un héros québécois vaut la peine d’être lu. Comme le dit l’auteur lui-même : « Vraiment, il est de ces histoires qui se doivent d’être racontées. »

 

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