publireportage par Victoria Truchi, photos par Busque
À Saint-Mathieu-de-Rioux, en haut du lac, une belle maison en bois rond se construit. Mais avant d’être belle, c’est un exemple à suivre : elle est alimentée par des panneaux solaires ! Nous sommes allés rencontrer Sébastien Pelletier, responsable de ce projet novateur, qui est propriétaire de Spécialités Électriques inc. à Rivière-du-Loup.
Victoria Truchi : Parle-nous de toi et de ton entreprise.
Sébastien Pelletier : L’entreprise Spécialités Électriques a été fondée en 1975 et traitait les problèmes électriques sur les véhicules. Il y a une trentaine d’années, nous avons élargi notre domaine aux énergies alternatives, mais aussi à l’électronique, aux génératrices d’appoint (pour les pannes de courant) et aux batteries.
V.T. : Qu’est-ce qui vous a amené à vous lancer dans les panneaux solaires ?
S.P. : Je dirais que c’est grâce à mon père, qui était plutôt avant-gardiste à ce point de vue. Quand nous avons reçu notre premier panneau solaire, nous voyions déjà le grand potentiel avec l’énergie solaire. Par contre, nous comprenions qu’il restait beaucoup de développements technologiques pour rendre ce produit plus attrayant auprès de monsieur et madame Tout-le-Monde. À titre d’exemple, l’ampoule incandescente qui consommait énormément d’énergie a été remplacée par la fameuse ampoule en tirebouchon qui a été par la suite remplacée par l’ampoule à DEL. Environ 15 ampoules à DEL ont la même consommation qu’une seule ampoule incandescente. Dans le cas des chalets qui ne sont pas reliés à Hydro-Québec, l’alimentation par énergie solaire est une alternative plus qu’intéressante.
V.T. : Qu’est-ce que cette maison a de spécial ?
S.P. : Cette maison en bois rond est spéciale, car elle parait rustique avec sa structure, mais elle utilise des énergies alternatives. La construction se veut écoénergétique, car on essaie de consommer le moins possible, et c’est quelque chose qui se fait de plus en plus dans les nouvelles constructions. Le système électrique tourne autour de deux énergies principales : le photovoltaïque (panneaux solaires) et le propane. La cuisinière est au propane, le chauffe-eau aussi. Les usagers vont chauffer au bois. Ces trois choses sont celles qui consomment le plus dans une maison. Le reste sera alimenté par les panneaux solaires de 8 kW installés sur le toit du garage. Le système d’accumulation, la génératrice et le système d’ondulateur chargeur prennent place dans le garage. Pour apporter l’électricité vers la maison, un câble reliera l’habitation au garage par le panneau de distribution.
V.T. : Comment est-ce que ça se passe en hiver avec l’ensoleillement ?
S.P. : Quand on parle de performance, un panneau solaire sera plus efficace l’hiver. Cependant, il va être moins productif, car le nombre d’heures d’ensoleillement est beaucoup plus court que l’été. L’explication provient du fait que le silicium (composite du panneau solaire) performe plus à -30 degrés Celsius qu’à 30 degrés Celsius. Donc, par une froide journée d’hiver, un panneau solaire produira plus de watts sur une plus courte période.
V.T. : Qu’en est-il de l’entretien avec la neige et le gel ?
S.P. : On a justement créé une pente de toit très importante sur le garage, de façon à ce que la neige ne tienne pas dessus et donc que les panneaux ne soient pas recouverts… à moins qu’il n’y ait une tempête vraiment intense. Pour le gel, il suffit d’une journée ensoleillée pour que le verglas fonde. On a pensé à tout.
V.T. : Est-ce que le verglas change quelque chose à la production d’électricité du panneau ?
S.P. : Oui, effectivement, l’angle de réfraction change, alors ça change lorsque le rayon frappe le panneau, mais c’est tout de même minime. Et puis, le verglas, ce n’est pas ce que l’on a le plus souvent durant l’hiver.
V.T. : Imaginons qu’il n’y a pas de soleil durant cinq jours. Qu’est-ce qu’il se passe ?
S.P. : C’est là que les batteries interviennent. On calcule les batteries pour avoir une certaine autonomie. Si le client a besoin de plus de puissance et d’énergie, par exemple s’il veut faire le party de l’année, ou alors s’il n’y a tout simplement pas de soleil, la génératrice sera là pour pallier le manque d’énergie. Même lors d’une journée grise ou pluvieuse avec une assez bonne luminosité, le panneau solaire produit de 20 à 25 % de sa capacité, ce qui revient à environ 1500 W pour des panneaux de 8 kW. L’utilisateur apprend au fur et à mesure à « vivre avec son système solaire », car c’est un vrai mode de vie. Contrairement à Hydro-Québec avec qui on n’a qu’à allumer l’interrupteur et à payer ad vitam aeternam, l’utilisateur du panneau solaire a une réserve disponible de 90 kW. Si l’on gaspille 90 kW, il faut donc les regagner; c’est une façon de penser qui est différente. Par exemple, si on annonce une semaine de beau temps et que vos batteries sont pleines, si ça vous tente de faire 40 lavages, vous pouvez les faire sans aucun problème. (rires) Par contre, si on annonce une semaine de mauvais temps, mieux vaut faire un lavage et attendre de regagner de la puissance avant de faire les autres. C’est une question de gestion de ses propres ressources. Une question d’autonomie.
V.T. : Parlons argent. Combien coute ce système électrique ? Combien de temps ce système duret- il ? Est-ce qu’il y a une garantie ?
S.P. : Il en coute aux alentours de 50 000 $ pour le système total (les batteries, la génératrice, le système d’inverseur changeur, le tableau électrique, les panneaux solaires, l’installation). Il faut prendre en compte qu’un panneau solaire de bonne qualité fonctionne encore presque comme un neuf après 30 ans. Pour la garantie, elle est de 25 ans pour les panneaux solaires. Pour les batteries, elles durent généralement entre 10 et 20 ans s’il n’y a aucun problème.
V.T. : Si on a le gout d’avoir des panneaux solaires et que notre maison est construite de telle sorte que l’on ne peut pas poser de panneaux solaires sur le toit, existe-t-il des solutions ?
S.P. : Bien sûr ! Ça prend un peu d’espace, mais il y a toujours moyen d’implanter des panneaux solaires au sol. Il suffit de créer une structure au sol pour y poser les panneaux solaires et de bien les positionner sur son terrain pour que l’ensoleillement soit maximisé dans la journée. Pour les entreprises, une solution logique serait de donner une nouvelle vocation à un stationnement et d’utiliser cet espace pour créer un toit de panneaux solaires. Ça ne prend pas de place, ça crée de l’ombrage pour les voitures et ça les protège des intempéries. De plus, on récolte de l’énergie. On peut sur ce coup prendre exemple sur les États-Unis, où c’est une pratique courante pour les grandes entreprises.
« La demande a explosé ces dernières années, ce qui entraine la chute du prix de production (la création de masse, etc.). »
V.T. : Les panneaux solaires sont-ils abordables ?
S.P. : Depuis quelques années, le cout des panneaux solaires a énormément diminué. Pour vous donner une idée, 1 W = 1 $. Un panneau solaire de 245 W coute donc 245 $. Il y a 5 ans, ce même panneau valait 1000 $. La demande a explosé ces dernières années, ce qui entraine la chute du prix de production (la création de masse, etc.). Si on parle de « prix abordable », je dirais que ce n’est pas plus cher que d’avoir un spa maison ou trois autos stationnées dans la cour. C’est une question de priorités. Si on me demande quel est le retour sur cet investissement en panneaux solaires, je réponds : « Et sur ta BMW, ta piscine, c’est quoi le retour sur ton investissement ? » Si quelqu’un a le gout d’avoir une BMW et a les sous pour se la payer, il aura une BMW. Moi, j’ai le gout d’avoir des panneaux solaires. J’ai le gout de montrer à mes enfants qu’il y a autre chose qui se fait et qu’il faut être au courant qu’il y a d’autres solutions sur Terre que ce qui se fait ici. On dirait qu’on est dans une ère où les gens pensent que tout va s’arranger tout seul. Il faut y mettre du sien, on voit très bien que ça ne marche plus. C’est en montrant que le changement est possible et qu’il marche qu’on aide les gens à faire ce changement.
V.T. : Comment penses-tu qu’on pourrait démocratiser les panneaux solaires ?
S.P. : Le gouvernement pourrait créer des aides à la population pour installer les panneaux solaires. Ils donnent un coup de main pour l’installation des panneaux et je l’entretiens par la suite. C’est mon système et, en échange, ils me fournissent le droit de leur revendre mon électricité. Pourquoi investir des milliards pour construire une centrale dans le Nord alors qu’on peut aider sa population à faire des changements ?
V.T. : Pour finir, est-ce que l’énergie solaire est là pour rester ?
S.P. : Oui. Je pense que l’efficacité est là, comme pour les autos électriques. Dans les années 1980, on en parlait déjà. L’énergie solaire était déjà utilisée avec le satellite Spoutnik en 1957. Ce qui a évolué depuis, c’est la taille des panneaux (plus petits), mais aussi la performance de ce panneau. On met du silicium plus pur dedans, on est passé de 8 % à 14 %. Si vous voulez en savoir davantage, venez nous voir chez Spécialités Électriques à Rivière-du-Loup. C’est important de se garder au « courant » des dernières technologies et de ce qui est le plus efficace et économique pour ses besoins !
Connaissez-vous votre hôte fantôme ?
Chaque maison a son hôte fantôme. L’hôte fantôme est l’ensemble des appareils électriques qui consomment sans qu’on le sache : les charges fantômes. Télévision, ordinateur, four à micro-ondes… tout cela consomme même lorsqu’on ne les utilise pas ! Comment faire pour éviter cela ? On peut soit simplement débrancher les fiches des appareils non utilisés, soit utiliser une multiprise avec un interrupteur. Pour une télévision, on parle de 30 W (ce qui peut sembler peu). Si 1000 W coutent 8 cents, 30 W peuvent sembler peu. Sauf que si l’on multiplie ce 30 W par six ou sept appareils du genre, tout cela 24 h/24 h, et ce, 365 jours par an… ça fait vite grimper la facture pour rien ! En résumé, achetez une multiprise à interrupteur. Ça ne coute pas cher et ça fait économiser.
« Il y a une dizaine d’années, le chauffe-eau représentait 42 % de la facture totale d’Hydro-Québec de fin d’année. Pour deux adultes et deux enfants, on parle d’environ 800 $/an juste pour de l’eau chaude. Les gens sont attachés à leur confort. En arrêtant d’utiliser une sécheuse, en coupant l’eau pendant que l’on se savonne dans la douche, on peut économiser pas mal d’argent. Disons 400 $. Les gens aujourd’hui sont habitués à tout avoir sans rien faire, pouvoir économiser sans fournir d’efforts. Pourtant, avec des gestes quotidiens simples, on peut économiser facilement et penser à la planète. »
Des astuces pour réduire sa consommation d’électricité…
• Le chauffe-eau représente une des plus grosses dépenses d’électricité. Coupez l’eau quand elle n’est pas nécessaire (testé et approuvé par Sébastien Pelletier).
• La sécheuse consomme aussi beaucoup, préférez donc un étendoir à vêtements à une sécheuse électrique.
• Éteignez les lumières quand vous n’êtes pas dans la pièce, choisissez des ampoules à DEL qui consomment beaucoup moins d’énergie et durent beaucoup plus longtemps que des ampoules halogènes régulières. Il en existe maintenant en plusieurs chaleurs (blanc froid, lumière du jour, blanc doux, blanc chaud). Les lumières à gradateurs peuvent être intéressantes pour ne pas utiliser une intensité lumineuse supérieure aux besoins. Les minuteurs sont aussi une option intéressante.
• Éliminez les charges fantômes. Il s’agit surtout de modifier sa façon de penser et d’intégrer le fait que toute chose naturelle est épuisable sur la long terme. L’eau, les arbres, le pétrole, le plastique, le métal, les aliments… Il ne faut pas consommer plus que ce dont on a besoin. Le 14 août, l’humanité venait d’épuiser la totalité des ressources que la Terre était en mesure de produire pour l’année 2015. En 1970, ce jour était le 23 décembre. Jolie avancée…
Bravo pour le cheminement en énergie solaire.