Le temps des moissons

Texte Guido Macias Valadez

À l’automne, les arbres jouent avec leurs feuilles une symphonie multicolore. Au bord du Saint-Laurent, les gens amorcent la transition entre les joies illuminées de l’été et le recueillement tranquille de l’hiver qui pointe à l’horizon. Dans les rangs, on ramasse les dernières récoltes, et on coupe le foin pour en faire des balles. Toutefois, c’est à la maison que les préparatifs s’exécutent avec enthousiasme et dévotion.
Il y a des rituels ordonnés et ponctuels : chercher du bois, le corder et le protéger comme un enfant chéri. Ramasser les feuilles mortes et les entasser pour le compost à venir, ou les jeter avec le regret de voir ses arbres dénudés, attendant stoïques, les vents boréaux. Une à une, les fissures des portes et fenêtres sont calfeutrées. L’armoire se remplit de vêtements d’hiver. Aussi, en ce temps mi-gris mi-ensoleillé, on emmagasine les doux souvenirs de l’été, les rangeant précieusement dans un coin de sa mémoire. Le moment venu, on transforme ces évocations dans l’allégresse splendide du temps des Fêtes.

La lumière d’août devient un trésor caché quand les jours raccourcissent de façon accélérée. Ainsi, on attend avec humilité le déclin du soleil et de sa brillance. Mais ceci n’est qu’un mirage si on est prêt, car on profite de l’automne et on prépare son corps pour être en forme, et on cultive la patience et la maîtrise de soi pour ce qui est du caractère.

Les Feuilles Mortes d’Alice Côté

À la fin de la saison, le fleuve semble englouti dans la grisaille. Il se laisse arroser par des vents qui soufflent, impitoyables, sur ses berges. Même si l’envie nous prend de trouver refuge dans les terres, l’attraction de notre cher fleuve est plus forte. Il nous assure qu’en restant sur ses berges nous aurons la certitude que le paysage changera, lorsque les premières neiges viendront habiller la campagne, et couvriront de glace les cours d’eau. Le Saint-Laurent enneigé, renverse le temps : la transition automnale ayant culminé, l’hiver arrive. L’attente des riverains se voit alors récompensée : au solstice d’hiver, le soleil reprend son chemin et les journées s’allongent peu à peu. Le contraste de la neige immaculée sur le fleuve et les rayons de plus en plus brillants du soleil font en sorte que l’image devient d’une beauté éblouissante.

Cependant, la lumière n’est que la partie physique du phénomène. Dans le coeur de chacun se niche le temps de l’attente, accompagné de son cortège d’actions à réaliser le moment venu. L’espoir de l’attente ressemble à une chimère que le désir a placée à portée de la main. Pendant ce temps-là, l’imagination façonne tout espoir et l’adapte aux possibilités pour l’accomplir. Parce que le temps des récoltes en est un de sagesse et d’acceptation. Il enfante des songes et des rêves sur les projets à venir.

L’automne, déguisé en sorcière et entouré de citrouilles, fait le lien entre la récolte des plaisirs d’été et la dure réalité à venir. L’hiver nous fera contempler le blanc de la nature et le néant de la vie, avec la confiance d’un éternel retour qui nous mènera au doux printemps, libérateur des contraintes de la saison froide.

Avec mes remerciements pour les suggestions affectueuses de Alice Côté et Katia Macias-Valadez

À propos de Marie-Amélie Dubé

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