Le cannabis médical versus la légalisation

texte Shantal Aroyo | directrice générale de la Clinique la croix verte et porte parole de L’Association québécoise des intervenants en cannabis médical (ACJCM) | illustration Jade Lacroix

 

L’événement qui se tiendra la première fin de semaine de septembre dans le Bas-Saint-Laurent est le premier du genre au Québec. L’organisateur du projet, Mikaël Rioux, a pour but de sensibiliser et d’éduquer la population aux bienfaits de la plante tant pour la santé humaine que celle de la planète. C’est dans cet objectif qu’il s’est associé à divers experts et intervenants dont Mike Sandev et moi-même, de la Clinique de santé naturelle la croix verte, et François-Olivier Hébert, représentant de l’AQICM (Association québécoise des intervenants en cannabis médical) et de l’INC (Institut national du cannabis). L’objectif principal du festival est de parler de la plante, de ses vertus thérapeutiques, de ses propriétés médicinales, et de renseigner les gens sur les pratiques de consommation responsable.

 

Le projet de loi fédéral C-45 a obtenu la sanction royale le 21 juin 2018. Dans sa version finale, la loi proposée permet un accès légal au cannabis, un contrôle et une réglementation de sa production, sa distribution et sa vente. La loi a aussi pour objectif de restreindre l’accès des jeunes au cannabis, de protéger la santé et la sécurité publiques par l’établissement d’exigences strictes en ce qui a trait à la sécurité et à la qualité des produits et de décourager les activités criminelles par l’imposition d’importantes sanctions pénales aux personnes agissant en dehors du cadre juridique. Elle vise également à alléger le fardeau du système de justice pénale relativement au cannabis. Il revient également au gouvernement fédéral de mettre en place des règles de production, d’adopter des normes de santé et sécurité et d’établir les interdictions criminelles. Il incombe aux gouvernements provinciaux la gestion de la prévention, de la promotion de la santé, de la sécurité publique, notamment de la sécurité routière, de l’encadrement en milieu de travail, de la distribution et de la vente dans le respect de la réglementation et de l’octroi des permis. Au Québec, l’adoption de la loi 157 sur l’encadrement du cannabis établit l’âge légal de consommation à 18 ans, le maximum de possession à 30 g sur soi et 150 g à domicile (peu importe le nombre d’adultes habitant le logement) et une possibilité pour les locateurs de modifier les conditions d’un bail de logement pour y ajouter une interdiction de fumer du cannabis. La loi interdit aux travailleurs d’avoir les facultés affaiblies par le cannabis, impose une restriction d’usage dans certains lieux et une tolérance zéro au volant. Enfin, la loi crée la SQDC (Société québécoise du cannabis) qui sera seule autorisée à vendre. La société promet une vingtaine de points de vente physiques au Québec dès la légalisation, un service de vente en ligne et un prix équilibré oscillant entre 7 $ et 10 $ le gramme.

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L’Association québécoise des intervenants en cannabis médical a été créée dans la foulée de l’annonce par le gouvernement canadien de la légalisation du cannabis. Elle vise à regrouper les organisations et les gens travaillant dans le milieu du cannabis médical au Québec et milite pour que celui-ci soit inclus dans la palette de traitements disponibles pour les patients atteints de divers maux et maladies pouvant être soulagés par la consommation de cannabis et ses produits dérivés. L’AQICM soutient également ces patients au quotidien. L’Association vise à offrir la réponse la plus complète possible aux pistes de consultation du gouvernement du Québec en vue de la légalisation et de l’encadrement du cannabis. Elle met de l’avant le point de vue des intervenants québécois en cannabis médical, supporté par leur expérience terrain auprès des patients et leur compréhension globale et approfondie du milieu québécois depuis plus d’une décennie. Notons que le programme d’accès au cannabis médical existe au Canada depuis 2001. Lorsqu’il est question de la légalisation du cannabis dans la sphère publique, dont dans les médias, le volet récréatif de la consommation frappe l’imaginaire et est souvent l’aspect dont on parle le plus, qu’il s’agisse du marché qui pourrait être créé, de l’impact que la légalisation aura chez les jeunes, de l’image à donner au produit, etc. Pourtant, l es premiers bénéficiaires de la légalisation seront assurément les milliers de patients québécois qui, chaque jour, pourront avoir plus facilement accès à des produits médicaux et non médicaux à base de cannabis qui amélioreront leur vie au quotidien. Il faut selon nous d’abord et avant tout penser à l’accès libre, mais encadré et sécuritaire, au cannabis pour des malades dans le besoin et des consommateurs responsables. C’est dans cet esprit que l’AQICM propose des pistes de réflexion et de solutions ancrées dans une perspective québécoise pour chacune des rubriques identifiées par le gouvernement québécois. Nous espérons que, comme le gouvernement canadien, (qui a repris la grande majorité des propositions dont l’AQICM lui a fait part dans le cadre d’un mémoire similaire déposé au groupe de travail chargé de proposer un modus operandi dans les champs de compétence fédérale), le Québec, dans ses champs d’intervention propres, aura à coeur la réalité terrain des patients et des intervenants.

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«Dans sa version finale, la loi proposée permet un accès légal au cannabis, un contrôle et une réglementation de sa production, sa distribution et sa vente. »

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L’Association regroupe des intervenants de tous genres en cannabis médical : infirmiers, biologistes, médecins, spécialistes, professeurs, horticulteurs-herboristes, nutritionnistes, travailleurs sociaux, travailleurs de rue, patients, aidants naturels, aides-soignants, producteurs personnels et désignés, éducateurs spécialisés, paramédicaux, avocats, chercheurs, ingénieurs, consultants, agronomes, étudiants en soins infirmiers, vétérinaires, etc. Mike Sandev et moi-même participons avec conviction à cet événement éducatif grand public. Depuis plus de 15 ans, nous voyons tous les jours à quel point le cannabis est bénéfique pour soulager diverses pathologies et redonner une qualité de vie aux gens en souffrant. C’est en qualité d’intervenants de première ligne que nous discuterons des effets thérapeutiques du cannabis, en prenant en exemple des dizaines de cas que nous avons côtoyés et que nous côtoyons encore. Avec la participation de François-Olivier Hébert, docteur en biochimie et expert vulgarisateur, nous ferons un survol des propriétés de la plante, de sa structure biologique et de sa compatibilité avec la biologie humaine ainsi que de ses diverses applications médicinales. Et, en lien avec les politiques fédérales et provinciales évoquées plus tôt, nous parlerons de microproductions et de microlicences, cette catégorie de licence qui autorise la participation de petits cultivateurs à l’industrie légale du cannabis. Selon la loi proposée, une licence de microculture autorise les mêmes activités qu’une licence de culture standard, mais à plus petite échelle. Il s’agit à nos yeux d’une main tendue par le gouvernement fédéral aux professionnels du cannabis médical, aux gens de cette industrie qui y ont travaillé jusqu’à aujourd’hui malgré les embûches légales et les accusations criminelles. Cette catégorie de licence permettra en effet aux intervenants du marché parallèle qu’est le cannabis médical de trouver leur place dans la nouvelle législation et de légitimer leur présence et leur dévouement. Il s’agit de différencier le marché noir du marché médical et de donner l’occasion aux travailleurs consciencieux d’intégrer l’industrie légale tout en s’assurant une standardisation des productions qui sera fidèle aux exigences gouvernementales.

 

À propos de Marie-Amélie Dubé

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Un commentaire

  1. vous oubliez de préciser que le Québec interdira (tentera d’interdire) la culture à domicile pour ceux qui le veulent, car moi, jamais je ne fumerai cette merde irradiée, nourrie aux petits produits équilibrés ! Je vais continuer à me procurer ce qui pousse dans les fossés et les boisés de St-Médard oupppsss, formule légère!
    Mafieux Libéraux, je serai sur votre route!!!

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