Le 8 mars, Journée internationale des femmes… Où en sommes-nous aujourd’hui ?

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par Améli Beaulieu, Centre-Femmes du Grand-Portage

 

 

Au début du mois de mars, le 8 plus précisément, nous soulignons la Journée internationale des femmes. Savez-vous d’où vient cette journée et depuis quand elle existe ?

 

Un peu d’histoire…

La date du 8 mars a été choisie mondialement à la suite de l’accord du droit de vote aux femmes russes en 1917. Par la suite, l’Assemblée générale de l’Organisation des Nations Unies a adopté, en 1977, une résolution proclamant la Journée des Nations Unies pour les droits de la femme et la paix internationale. Après des années de lutte, des citoyennes de différents pays ont gagné certaines causes, étape par étape. Cependant, l’égalité entre les deux sexes n’est pas totalement réalisée. Aujourd’hui, les revendications se poursuivent encore partout, dépendamment de cet écart de droits entre femmes et hommes dans une société donnée. La journée du 8 mars est célébrée à travers le monde, non seulement pour parler du chemin qui reste à parcourir pour l’atteinte de l’égalité, mais également pour la reconnaissance des femmes, souligner leurs réalisations et leur travail pour l’élimination de la discrimination au bénéfice de notre génération et de celles à venir.

 

Le féminisme, c’est aussi bon pour les hommes !

Les revendications de base du féminisme sont l’égalité entre les sexes, l’abolition de la socialisation distincte, la transformation des valeurs sociales et la présence d’autant de femmes que d’hommes dans toutes les sphères de la société. Au Québec, les grandes luttes ont été marquées par différents gains. Parmi ces réussites, les avantages sont considérables pour l’ensemble de la société. Par exemple, c’est grâce aux luttes féministes que les congés parentaux et de paternité ont vu le jour. D’ailleurs à cet effet, le Conseil du statut de la femme, dans un avis sur le partage équitable du congé parental, propose d’attribuer trois semaines supplémentaires aux pères. Ceci a comme objectif de développer le sentiment de compétence parentale des pères et de favoriser un plus grand partage des soins aux enfants. De plus, la mise en place de notre système de service de garde d’enfants, les CPE, a été également possible grâce aux luttes acharnées des femmes, et c’est l’ensemble de la société qui en récolte les avantages. Enfin, depuis 1981, une femme peut donner son nom de famille à son enfant, chose qui était exclusivement réservée aux hommes dans le passé. Plusieurs femmes inspirantes ont travaillé d’arrache-pied et ont contribué activement à ces gains qui ont permis d’ouvrir la voie pour les générations qui les suivent.

 

« Par exemple, c’est grâce aux luttes féministes que les congés parentaux et de paternité ont vu le jour. »

 

Où en est l’égalité dans nos régions ?

En 2007, le gouvernement du Québec adoptait une politique pour l’égalité entre les hommes et les femmes : Pour que l’égalité de droit devienne une égalité de fait. Localement, plusieurs actions ont été mises en oeuvre dans le cadre de l’Entente spécifique sur l’égalité entre les femmes et les hommes au Bas-Saint-Laurent. Parmi les initiatives locales, le Réseau de solidarité municipale du Bas- Saint-Laurent avait comme objectif la promotion de la représentation des femmes et des jeunes en politique municipale. Ce réseau tenait chaque année un rassemblement qui permettait aux participantes et participants de réseauter et de recevoir des ateliers de formation ou d’information adaptés à leurs besoins. De plus, un jumelage de mentorat était aussi offert afin d’accompagner les gens dans leur démarche lors d’une première mise en candidature et de leur apporter des outils adéquats. Une autre initiative locale mise de l’avant dans le cadre de cette entente est la création de capsules pour la valorisation du rôle des pères. Une dizaine de capsules traitant de différents sujets ont été diffusées dans l’ensemble du Bas- Saint-Laurent et Martin Larocque, comédien et conférencier, s’était associé au projet en prêtant sa voix. Aussi, plusieurs politiques d’égalité ont vu le jour dans les municipalités du Bas-Saint-Laurent. Ces politiques sont l’aboutissement d’un travail de longue haleine de la part de comités implantés dans les différentes municipalités. Elles sont adoptées au cours des séances de conseils municipaux et viennent reconnaitre officiellement la préoccupation de la municipalité concernée à viser l’égalité homme-femme dans sa gouvernance et son offre de services. Un plan d’action concerté et reflétant les préoccupations locales accompagne les politiques afin d’en assurer le suivi. Plusieurs autres projets, tous aussi diversifiés les uns que les autres, ont vu le jour dans le cadre de cette entente qui est aujourd’hui en péril. En effet, elle prend maintenant fin, étant donné qu’elle était portée par la Conférence régionale des éluEs (CRÉ), qui fermera ses portes à la fin du mois. Maintenant, qu’adviendra-t-il des initiatives en matière d’égalité dans nos régions ? C’est un questionnement auquel l’avenir répondra. Pour l’instant, des appels de projets ont été lancés à travers le Québec. Les montants accordés à cette enveloppe budgétaire sont de 1,2 million pour tout le Québec et la répartition des montants par région se fera en fonction des demandes, mais surtout au prorata de la population – c’est un recul pour le Bas-Saint-Laurent et les régions moins densément peuplées. De plus, la priorité est accordée aux MRC dans le traitement des demandes, sans tenir compte de l’expertise qui a été développée au cours des années par les groupes qui ont travaillé avec entêtement sur des initiatives rassembleuses et concertées. Les enveloppes du programme À égalité pour décider (grâce auxquelles les politiques d’égalité ont pu être mises en oeuvre dans plusieurs municipalités) ont été coupées de moitié l’an dernier – 500 000 $ — et l’on ne connait toujours pas le montant qui lui sera alloué pour cette année. L’avenir est bien incertain en matière d’initiatives pour l’égalité homme-femme dans nos régions… Malgré les gains que nous avons connus dans le passé, l’égalité n’est pas encore totalement atteinte et de grands défis restent à relever. De plus, ces gains sont toujours fragiles et nous devons demeurer vigilantes afin de les conserver. Outre la politique d’égalité entre les hommes et les femmes dont l’avenir est incertain, certains gains que nous avons connus demeurent au statu quo ou sont en péril.

 

Quelques exemples…

Depuis 1996, nous avons une loi sur l’équité salariale, mais elle n’est toujours pas mise en place de façon uniforme, 20 ans plus tard… De plus, les femmes sont toujours plus pauvres que les hommes encore aujourd’hui. « En 2011, le revenu des femmes travaillant à temps plein toute l’année correspond à 75,3 % de celui des hommes1 »… Les coupes qui surviennent dans nos différents services publics, notamment dans les CPE, l’éducation ou le système de santé, sont des secteurs d’emploi occupés majoritairement par des femmes. Ces secteurs coupés, c’est ni plus ni moins l’accès des femmes au marché du travail dont il est question, en plus de miner la qualité de nos services publics. Si les femmes perdent massivement leur emploi, c’est leur autonomie financière qui s’en va. En terminant, il est toujours pertinent de se rappeler une citation de Simone de Beauvoir : « N’oubliez jamais qu’il suffira d’une crise politique, économique ou religieuse pour que les droits des femmes soient remis en question. Ces droits ne sont jamais acquis. Vous devrez rester vigilantes votre vie durant. »

 

 

À propos de Marie-Amélie Dubé

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