La revanche des laissés-pour-contre

texte Maurice Gagnon | photos Lou Scamble

Quand vous lirez ces lignes, vos ados auront repris le chemin de l’école secondaire (ou seront sur le point de le faire) et Jeune Juliette, le 4e long-métrage d’Anne Émond, sera sur les écrans.

Pourquoi ce lien avec l’adolescence et l’école secondaire ? Simplement parce que c’est entre les murs d’une polyvalente que se situe l’intrigue de cette comédie dramatique. Après nous avoir confronté.e.s à des récits plus sombres avec ses trois premiers longs-métrages Nuit #1, Les êtres chers et Nelly, Anne Émond avait besoin de plus de lumière, de légèreté. C’est donc avec une touche d’humour que la cinéaste originaire de Saint-Roch-des-Aulnaies a choisi, cette fois-ci, d’aborder la thématique du passage de l’enfance à l’adolescence.

Anne Émond ne sombre pas pour autant dans la facilité et veut nous faire découvrir qu’il est possible de s’aimer tel qu’on est, d’apprendre à aimer ceux qui nous aiment et d’assumer qui compose notre entourage.

La réalisatice Anne Émond
Le film Jeune Juliette est sorti en salle le 9 août dernier

LE FILM

À 14 ans, à la fin de sa deuxième année de secondaire, Juliette (Alexane Jamieson) réalise qu’elle est grosse lorsqu’elle se le fait dire. Jusque-là, cette réalité ne lui avait pas vraiment effleuré l’esprit. Mais Juliette a un caractère fort et découvrira à partir de ce moment plusieurs choses sur les relations humaines. Juliette embellit les événements pour se donner le beau rôle et va même jusqu’à s’inventer une relation amoureuse avec le beau gars de l’école en s’écrivant des lettres qu’elle signe de son nom. « Ses relations sont inventées, mais les émotions sont vraies », dit Anne Émond. On sent qu’elle devient plus fragile même si elle est forte et tient tête à ceux qui tentent de l’intimider. Malgré les absences de sa mère, elle est bien entourée par son père, son frère, ses ami.e.s, explique la scénariste et réalisatrice.

Bien que ce ne soit pas un film autobiographique, Anne Émond raconte avoir eu elle aussi des problèmes de poids à l’adolescence. « Je pesais 70 livres de plus et j’ai vécu une forme d’intimidation. Je n’étais pas la fille populaire qui avait beaucoup d’ami.e.s », dit-elle.

La cinéaste, qui garde néanmoins un bon souvenir de ses études secondaires à la Polyvalente de La Pocatière, voulait démontrer que ce genre d’histoire peut avoir une fin heureuse. Son parcours en est la preuve. Ceux qui vont gagner sont les petits rejets du moment. « C’est une douce revanche des laissé.e.s pour compte », lance-t-elle. Anne Émond avoue s’être inspirée de ses ami.e.s du temps et d’un certain professeur de français qu’elle aimait beaucoup pour créer certains personnages. Elle a fait construire une agora dans l’école de Juliette, comme celle que l’on retrouve à La Pocatière.

MODÈLE FORT

À l’époque où on se payait sa tête, la cinéaste raconte qu’elle aurait aimé voir un film comme Jeune Juliette, qui présente un modèle fort. Même s’il permettra aux plus vieux.vieilles de revivre leur adolescence, elle croit aussi que ce récit pourra aider les jeunes à cheminer vers leur vie adulte.

Certes, il y a un peu de Juliette en Anne Émond. Cette dernière avoue toutefois qu’adolescente, elle était beaucoup plus timide que son héroïne et n’avait pas sa répartie. Par ailleurs, elles ont toutes deux un côté rêveur, solitaire, et sont douées pour l’imagination. « J’en ai même fait mon métier », ajoute-t-elle.

Pour que le film demeure intemporel, Anne Émond a choisi de situer l’intrigue dans un espace-temps non défini. Les jeunes ont des cellulaires, mais n’ont jamais le nez rivé à leurs écrans. Même chose pour la musique et les costumes : on ne sait jamais exactement à quelle époque précise ils font référence.

Enfin, Anne Émond se réjouit d’avoir découvert en la personne d’Alexane Jamieson l’actrice parfaite pour incarner Juliette. Ce n’était pas facile, dit-elle, de trouver une comédienne de son âge dont le physique sort des standards de beauté habituels. Elle a su charmer les gens dès les premières projections, affirme la cinéaste. À 37 ans, Anne Émond envie même la détermination de cette jeune femme de 16 ans.

À propos de Marie-Amélie Dubé

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