« La Pocatière ville nourricière… » Une initiative féconde !

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par Émilie Lapierre

 

La Pocatière, 20 juin 2016
Imaginez votre village, votre quartier peuplé de végétaux, certes fort esthétiques, mais dont leur principale fonction est de fournir de la nourriture aux gens qui y vivent. Le concept est simple : cultiver des espèces comestibles dans les lieux publics afin de nourrir la population en aliments sains, locaux et gratuits. Utopie, diront certains ; mouvement planétaire, diront d’autres.

 

 

Qu’est-ce que « La Pocatière ville nourricière » ? Le projet est né à la suite d’un stage réalisé à l’École d’été en Agriculture urbaine de l’UQAM, en aout 2015. Au total, c’est plus de 200 participants de plusieurs pays qui ont pu réfléchir à l’agriculture de demain, dans une optique de production et de souveraineté alimentaire en milieux habités. À mon retour dans le Kamouraska, j’ai posé un regard nouveau sur mon milieu de vie. Alors que je prenais conscience du nombre d’espaces propices à l’implantation de cultures comestibles, je constatais l’étendue des espaces publics, malheureusement peu fréquentés, mais entretenus avec soins. Mais pourquoi ne pas utiliser ces espaces sous-exploités pour créer une abondance partagée ? « La Pocatière ville nourricière » est née de ce constat : produire de la nourriture à partager au lieu de cultiver de la pelouse, certes fortement esthétique, mais quelque peu indigeste pour les humains ! Le projet vise à mettre en place une véritable communauté nourricière au sein de La Pocatière. La ville pourra transformer son environnement en un lieu d’abondance en développant des espaces de production alimentaire en libre-service afin d’assurer une alimentation saine et de proximité à ses résidents. La Ville de La Pocatière possède déjà une identité agroalimentaire forte et le projet cadre bien avec celle-ci. Offrir à notre localité une identité nourricière significative permettra de mettre en valeur sa vocation agricole historique, tout en faisant de la Ville de La Pocatière une leadeure dans la mise en place de solutions environnementales innovantes et durables.

 

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C’est cette vision qui fut présentée à l’automne 2015 au conseil municipal de la Ville et qui a suscité une vive approbation de la part des élus. Le projet a rapidement bénéficié du soutien municipal pour la suite des actions à entreprendre. C’est dans cette lignée qu’a été organisé, le 18 mai dernier, un évènement-conférence sur le thème des villes nourricières et des systèmes alimentaires de proximité. Cet « évènement baromètre » voulait prendre le pouls de la population sur l’intérêt qu’elle porte à cette question. Au total, plus de 70 personnes ont assisté à cet évènement, un message fort de la part de la communauté qui s’est sentie séduite par l’idée. À la suite de cette rencontre, un comité-citoyen fort a été formé afin de poursuivre les étapes de la mise en oeuvre du projet. Il fut donc décidé de s’inspirer du mouvement initié en Angleterre sous le nom « Incredible Edible », mieux connu au Québec en version française sous l’appellation des « Incroyables Comestibles ». Ce mouvement, très bien organisé, permet de suivre en 5 étapes la mise en place d’initiatives citoyennes de production alimentaire partagée.

 

Le mouvement des « Incroyables Comestibles »
Le mouvement des « Incroyables Comestibles » a germé en 2008 dans une localité d’Angleterre, nommée Todmorden. Affectées par la crise économique européenne, deux jardinières ont décidé d’utiliser les espaces publics vacants de la ville pour y faire pousser des fruits et des légumes à la disposition de tous. Rapidement, ce geste s’est propagé à l’échelle de la ville et on y retrouve maintenant des potagers devant le commissariat de police, à la gare ferroviaire et partout le long des rues résidentielles. Bien plus qu’un fait isolé, ce mouvement s’est par la suite répandu dans plus de 25 pays et ce chiffre continue de croitre rapidement. Plus près de chez nous, au Québec, plusieurs initiatives ont vu le jour en ce sens : Outremont, Drummondville, Sherbrooke, Saint-Élie-de-Caxton, la MRC de La Matanie, Trois-Rivières, Victoriaville, Salaberry-de-Valleyfield. Le principe est simple : plantez, arrosez et partagez !

 

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Au menu à La Pocatière cet été :
Déjà, au début du mois de juin, deux bacs potagers sur la rue principale et trois autres en bordure du parc intergénérationnel ont été aménagés par une vingtaine de volontaires. De plus, le restaurant Opéra a offert au comité de cultiver sa platebande en devanture pour l’aménagement de cultures comestibles gratuites. Un beau partenariat qui, espérons-le, donnera le gout aux autres commerçants de participer au mouvement ! En plus des cultures annuelles, la phase 1 du projet « La Pocatière ville nourricière » comprend l’aménagement de deux ilots fruitiers en suivant les principes de la permaculture. On y retrouvera des arbres et arbustes fruitiers communautaires. En favorisant l’implication citoyenne dans la mise en place et l’entretien de ces cultures, on vise à ce que la population s’approprie ces espaces de cultures collectives et qu’elle les fréquente comme on fréquente son propre potager privé. Le projet donnera l’occasion aux citoyens de se mobiliser dans une action collective rassembleuse et qui vise le bien commun. L’expérience est bien amorcée et les résultats ne peuvent qu’être positifs.

 

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