par Le Rainbow Submarine
Quel est votre clip musical préféré ?
Dure question, n’est ce pas ? Surtout que ce support a de l’âge ; vous savez quel a été le premier clip diffusé à la télévision ? (Beaucoup de questions aujourd’hui, hein ?) « Video killed the Radio Star » des Buggles en 1981. Avant, Walt Disney et les Beatles ont expérimenté des choses avec des chansons illustrées en images. Puis, bien plus tard, en 1975, vient « Bohemian Rhapsody » de Queen accompagné d’une vidéo promo. Avec le clip « Thriller » de Michael Jackson tourné sur un support film (35 mm) et dans un format inhabituel de 14 minutes, le clip vidéo évolue et n’est plus limité à de la « chanson filmée ». Depuis, producteurs, réalisateurs et musiciens mettent en place une véritable construction scénaristique et, à l’heure actuelle, rares sont les groupes qui ne proposent pas de clips vidéos. Mais pourquoi ?
Des millions de vues
Il est assez évident que la vidéo est un outil de communication incontournable, une manière supplémentaire pour un groupe de promouvoir sa musique et de se montrer. Beaucoup de choses se passent en images animées sur les réseaux sociaux. Le clip a la cote, et encore plus depuis l’ère d’internet et la disparition de nos lecteurs CD dans les voitures neuves. Tout le monde en regarde, tout le monde en veut, tout le monde en fait. Steve Jolin, de 7e Ciel Records, déclarait dans Le Devoir : « Le clip c’est super important, la nouvelle génération est sur internet, sur Facebook, sur les réseaux sociaux, et c’est encore la meilleure place pour découvrir la musique. On est dans un marché de singles, et le vidéo-clip vient appuyer les chansons. Souvent, le clip va être le premier déclencheur du buzz. Si on regarde Alaclair Ensemble, leur chanson « Ça que c’tait » n’a pas décollé en Europe grâce à l’album, c’est des blogueurs français qui ont vu le clip, qui l’ont poussé et c’est devenu viral. »
Visualiser sa propre musique
Le clip vidéo est aussi un moyen pour l’artiste de pousser et préciser son propos déclamé dans une chanson. Pensons par exemple au très récent « This is America » de Childish Gambino : Un clip fulgurant, violent, sanglant, où le chanteur américain met de nouveau le doigt sur les maux de l’Amérique, mais cette fois dans un langage visuel cru et ouvert à interprétation. Une claque cinématographique, certes, mais une claque inondée de références que la presse internationale a déjà abondamment documentées (on ne le fera donc pas, économie de mots, yeah). Ici, le support vidéo enrichit considérablement la critique et le propos de la chanson, métamorphosant totalement la manière dont on vit l’écoute. Bon, honnêtement, nous n’avons jamais regardé autant de clips vidéo qu’en préparant cet article ; entre nous et le vinyle, c’est encore passionnel. Mais difficile de ne pas reconnaître leur indéniable utilité en ce qui concerne la promotion et de la communication d’un groupe, et surtout à l’heure actuelle. Certaines vidéos sont de véritables créations artistiques qui pourraient presque se suffire à elles-mêmes. D’autres sont vachement moins intéressantes.
C’est plus facile qu’avant
Le clip vidéo évolue, et c’est aussi parce que le domaine de la vidéo évolue. Il n’y a pas si longtemps c’était presque un luxe pour un groupe de pouvoir se payer la réalisation d’un clip vidéo professionnel. Maintenant, les moyens techniques sont devenus beaucoup plus abordables et les groupes peuvent parfois réaliser des vidéos pour trois fois rien. Et avec l’évolution de l’accessibilité de ces outils, le DIY devient également de plus en plus commun : Il existe des millions de vidéos bon marché et faciles à réaliser qui percent et marquent les esprits.
Mais est-ce que c’est devenu trop facile justement ?
Depuis le mois d’août dernier, l’industrie québécoise du vidéoclip se retrouve en difficulté en raison de la disparition du volet « Vidéoclip musicaux » du Fond Remstar, qui injectait environ 1 million par année dans leur production. Cette décision a, bientôt un an plus tard, un impact important dans le monde de la production de clips vidéo, forçant certains studios à revoir leur stratégie et leurs priorités. Toujours dans Le Devoir, Steve Jolin souligne que ce n’est maintenant plus avec les revenus des ventes de disques que l’on peut financer la création des vidéoclips : « […] les dépenses restent les mêmes, dit-il. Et on veut niveler vers le haut, on veut être capable de rivaliser avec le marché international. On a toujours été reconnu au Québec pour faire de grandes choses avec peu de moyen, mais si on enlève tout ça, je veux dire, qu’est-ce qui va arriver avec notre culture ? »
Crédit des entrevues : ledevoir.com
Récemment, trois albums à écouter.
Les Hôtesses d’Hilaire | Viens avec moi
« Êtes-vous ben assis ?
Avez-vous les oreilles de nettoyées ?
Parce que ça starte là. »
C’est avec ces mots, suivis d’une longue intro, que s’ouvre Viens avec moi, le dernier né des Hôtesses d’Hilaire. De retour avec un opéra rock magistral de 19 tounes (totalisant un gros 90 minutes d’écoute), le groupe dresse un portrait à la fois critique et divertissant de l’industrie musicale, par l’histoire de deux personnages principaux : Kevin, le candidat de La Voix, et Serge Brideau, le chanteur des Hôtesses. Musicalement, on trouve un album plus accessible, mais aussi plus varié, jouant entre le rock progressif, parfois psychédélique, disco et country. Les textes tantôt chantés, tantôt scandés par Serge Brideau sont mis en avant, laissant tout de même une belle place aux musiciens s’offrant à plusieurs reprises de belles envolées délirées.
Renard Blanc | Nuit
Renard Blanc nous revient cet été avec un album digne d’un film d’action des plus épiques. Dans une approche musicale plus nuancée, mais toujours intense, les gars de Renard Blanc se sont assurés de nous faire bouger au rythme de différentes ambiances. On prend le temps de nous faire voyager de nuit dans un gros char en métal en se rendant à de multiples destinations. Tantôt lourd, tantôt léger, parfois post-rock ou encore psyché, une chose est certaine, nous avons affaire à un coup de maître. L’album lancé très récemment pourra être découvert en live un peu partout au Québec cet automne, et même à Rivière-du-Loup, paraîtrait-il, dans une belle cuisine. On n’en dit pas plus.
Jimi Hunt | Jimi Hunt
Grâce à CISM, la radio universitaire de l’UDM, nous avons eu droit à toute une surprise lors du dernier Record Store Day. Effectivement, on aurait trouvé, et surtout très bien conservé, le premier (véritable) album de Jimmy Hunt. Seulement 160 exemplaires ont été pressés en vinyle le mois dernier, mais nous pouvons toutefois trouver l’album sur internet. On retrouver un Hunt orchestre jouant batterie de pied, guitare et harmonica. Son timbre de voix est plus jeune, mais tout aussi agréable à l’oreille. On retrouve sur l’album de belles compositions country-folk-déjantées, un gros trip d’une dizaine de minutes d’ambiant, ainsi que deux chansons live captées à l’Escogriffe. Un album hyper intéressant qui nous révèle les débuts de l’artiste aujourd’hui bien présent sur la scène psychédélique québécoise avec son groupe Chocolat.