La médiation culturelle, ou l’art de faire découvrir l’art

texte David Ouellet, responsable des communications, Musée du Bas-Saint-Laurent

Ah ! La médiation culturelle. Dans le palmarès des mots très à la mode ces temps-ci, l’expression « médiation culturelle » se retrouve pas trop loin du sommet, près des mots « numérique » et « innovation ». Et comme bien des mots à la mode, on finit parfois par ne plus être trop sûr de ce que ça veut dire.

Alors, c’est quoi la médiation culturelle ? Pourquoi est-ce qu’on ne peut plus faire trois pas sans s’accrocher le pied dans un appel de projets visant la médiation culturelle ? La réponse, au fond, est plutôt simple : c’est que la médiation culturelle, c’est drôlement important quand on veut diffuser de la culture. L’époque où l’on pouvait monter un projet culturel et se contenter de le présenter aux gens, en leur disant « Voilà ! Appréciez maintenant » est un peu révolue. Pas qu’on ne peut plus le faire, c’est juste qu’il y a des façons plus efficaces de présenter des oeuvres, installations et autres propositions artistiques à des gens qui, sans surprise, ne peuvent pas tou.te.s être mis.es dans le même panier.

Marie-Soleil Jean, qui est responsable de l’éducation et de la médiation culturelle ici au Musée, explique, de façon splendide d’ailleurs, le concept ainsi : « La médiation, c’est une façon plus spécifique d’approcher des types précis de clientèles et de non-clientèles ». L’idée de nonclientèle est importante. Si une partie de la population n’est pas naturellement attirée vers les arts, ce n’est pas une raison pour présumer que ces gens ne le seront jamais. On ne veut pas que l’art ne soit réservé qu’aux initié.e.s, mais paradoxalement il faut parfois être initié.e à l’art pour apprendre à l’apprécier.

Youri Blanchet, artiste et membre du collectif Voir à l’Est – Art contemporain, abonde dans le même sens : « Nous croyons fermement que la communication entre les artistes ou les médiateurs culturels et le public peut permettre une plus grande compréhension de ce qui se fait actuellement en art. En fait, nous croyons que, pour démocratiser l’art auprès du grand public, le mieux est d’aller à leur rencontre, afin d’aborder les oeuvres et leur signification ».

Nos 300 000 ans d’évolution d’homo sapiens nous poussent naturellement à utiliser des méthodes de socialisation différentes lorsqu’on s’adresse à des enfants de 4 ans, à de vieux. elles ami.e.s du cégep ou à des président.e.s de multinationales. C’est un peu le concept de la médiation culturelle : on ne peut pas exposer un Marcel Barbeau et espérer que tou.te.s les observateur.rice.s aient la même réaction. Il faut varier les approches.

Marie-Soleil, qui est souvent appelée à développer des activités pour des enfants de tous âges, adapte son approche autant selon les étapes de développement psychique de l’enfant, que selon les apprentissages scolaires. Cette approche hyper spécifique à la clientèle visée permet de susciter l’intérêt et le dialogue, et donne des clés de compréhension et d’appréciation qui n’auraient pas été si facilement accessibles autrement. La médiation culturelle est donc capitale pour aller chercher cette « non-clientèle », ces gens qui naturellement ne sont pas portés à fréquenter des arts.

C’est moins de quatre Canadien.ne.s sur dix qui ont visité un musée ou une galerie en 2016, selon Regards statistiques sur les arts, une enquête de Hills Stratégies. Le potentiel de diffusion de la culture vers de nouveaux publics est donc immense. Aussi immense que le défi qui en découle, d’ailleurs. Il serait beaucoup plus facile de présenter des expositions et d’attendre que les amateurs ou amatrices d’art se pointent naturellement à la porte. Mais au-delà de la diffusion culturelle, il y a ce devoir d’éducation, de démocratisation, qui ne peut plus être ignoré par les institutions, les organismes et les artistes.

Alors, c’est pour ça que c’est un mot à la mode, la « médiation culturelle ». Et on n’a sans doute pas fini d’en entendre parler.

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