La Grande Galère

texte Frank Malenfant | photo Axel Martin

La grande galère ne sait plus trop
Pourquoi elle navigue en ces eaux
Dans cet’ mer peuplée de sirènes
Qui guide les hommes vers des mirages
Cela fait déjà des semaines
Qu’on regarde fondre ces îles au large
Tellement qu’à leur disparition
On perd patience face aux cassandres

C’est que certains dans l’équipage
S’inquiètent de bientôt manquer d’eau
Plusieurs ici s’y baignent encore
Mais il n’en reste plus qu’un tonneau
On aura beau sonner l’alarme
Faire la grève et baisser les voiles
Personne ne veut jamais nous croire
Ils pointent l’océan et se marrent

Il y a du rhum, ya plein de rhum,
Buvez-en donc, pour vous faire taire
Vous qui pleurnichez qu’on manque d’eau
Restons donc ici sur la mer

Il n’y a qu’ici qu’on flotte sur l’eau

L’équipage cherche les trésors
Dotés de cartes d’on ne sait où
On vogue de mirage en mirage

Et bois du rhum, pour passer l’temps
Si au moins l’rhum venait à manquer
Si les sirènes pouvaient se taire
Peut-être qu’on s’mettrait à naviguer
Qu’on arriverait à toucher terre

Mais la terre, la terre,
Pourquoi recherchez-vous la terre
Vous qui pleurnichez qu’on manque d’eau ?
Restons donc ici sur la mer

Il n’y a qu’ici qu’on flotte sur l’eau

Il y a sur plusieurs de nos îles
Des oasis qui vous plairont
Si seulement vous protestiez moins
On y serait avant qu’elles ne coulent

Taisez-vous et suivez nos ordres
Hissez les voiles, tenez la barre
Naviguons au chant des sirènes
Vers ces îles avant qu’elles se barrent !

C’est des mirages ! C’est des mirages !
C’est votre obsession qui m’enrage
Vous qui pleurnichez qu’on manque d’eau
Vos objections nous rendent amers

Par-dessus bord, vous aurez de l’eau !

Au bout de la planche, au seuil de la mort
Je me libère d’un triste sort
Savoir ce qu’il faut pour survivre
Sans que jamais on y arrive
Savoir quoi faire, vouloir le faire
Mais sans jamais pouvoir le faire
Cette grande galère est un enfer
D’impuissance devant l’évitable

Aujourd’hui donc, je me noierai
Si l’eau est froide, ce sera paisible
Peut-être nourrirai-je un requin
Contribuerai-je à sa survie
Ça donnerait du sens à ma mort
Moi qui n’en trouve plus à la vie
Ils avaient raison mes amis
Le salut est par-dessus bord

Alors je saute, et au revoir !

À propos de Marie-Amélie Dubé

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