La diffusion professionnelle en chanson et musique pour les nuls

nuls

La musique s’est présentée dans sa vie à l’adolescence, au secondaire. Il allait souvent voir ses amis en spectacle et, déjà, il les aidait à organiser leurs spectacles. Il avoue ne jamais avoir eu la patience d’apprendre à jouer d’un instrument de musique et ne se considère pas comme un mélomane, ce qui ne l’empêche pas d’être un passionné de blues. Il est toutefois curieux et son métier lui permet de découvrir toutes sortes de genres musicaux. Voici une rapide incursion dans l’univers du diffuseur de spectacles professionnels et organisateur d’évènements Pierre Lévesque. À l’heure où l’offre culturelle locale, régionale et provinciale est multiple, que des salles alternatives naissent au coin des rues, que les bars, restaurants, musées, bibliothèques, écoles de musique, chambres de commerce, organismes et entrepreneurs développent des créneaux évènementiels, à l’heure où à peu près tout le monde peut s’improviser un studio d’enregistrement maison et devenir artiste instantané sur YouTube, être gestionnaire et programmateur de spectacles professionnels devient tout un défi. « Mais plus il y a de monde qui va être en contact avec le milieu culturel, plus les gens vont avoir envie de fréquenter des lieux culturels. La diffusion de spectacles dans les bars, par exemple, est un passage qui rend service à la professionnalisation des artistes. Un genre d’ordre naturel ou de passage obligé avant de venir sur une scène professionnelle, le milieu a besoin de ça. Cette diversité dans l’offre fait de Rivière-du-Loup un pôle attractif, les gens qui s’y déplacent viennent pour profiter de l’ensemble du tableau qu’on leur peint. » Il n’en demeure pas moins que le diffuseur doit jongler avec plusieurs facteurs environnementaux, économiques, démographiques, sociaux et culturels qui n’agissent pas selon les lois d’une logique implacable. La diffusion professionnelle, une science inexacte ou un art ? Disons que ça prend un peu d’esprit logicomathématique, saupoudré d’intuition et de vision.

 

 

La mecque des diffuseurs

1— ROSEQ : Rassemblement des organisateurs de spectacles de l’Est du Québec = 1800 offres
2— RIDEAU : Réseau indépendant des diffuseurs d’évènements artistiques unis

Deux rendez-vous immanquables de l’industrie. Tu dois absolument aller là pour réseauter, rencontrer les agents et connaitre les nouvelles offres, c’est comme le centre d’achat des spectacles professionnels du Québec. Tu y découvres les nouvelles tendances en arts de la scène, ce qui est actuel, ce qui s’en vient d’ici 2 à 3 ans, la relève musicale, en humour, en chant, en théâtre jeune public ou théâtre tout public. Ces rencontres sont des charnières qui permettent l’échange entre diffuseurs pour le partage d’expériences par rapport à un spectacle ou à un autre. La contrainte principale est de choisir 100 spectacles parmi une offre de 1800, dont le tiers ne sera qu’en chanson.

 

 

Heureusement, il semble que tout cela s’apprend maintenant sur les bancs d’école. Oui, RIDEAU inc. et le Groupe Collégia ont lancé cet automne une première formation sur mesure en diffusion pluridisciplinaire pour professionnaliser la pratique. À la question, « Y a-t-il réellement un besoin à combler dans le domaine ? », Pierre Lévesque répond : « La pratique de diffuseur est jeune au Québec. Les salles existent dans l’Est depuis 50 ans et les diffuseurs qui ont commencé durant les années 1960, 1970 sont aujourd’hui à la retraite ou sur le bord de l’être, à Baie-Comeau ou à Rimouski, par exemple. C’est important que cette démarche soit entreprise pour faire reconnaitre la pratique de diffuseur. » Une relève doit donc prendre le flambeau dans un contexte beaucoup plus différent qu’il y a 50 ans.

 

 

Facteurs à évaluer

— Connaitre son public, ses différentes clientèles ciblées, ses besoins, ses gouts ;
— Savoir comment et où rejoindre sa clientèle ;
— Sélectionner un artiste qui est mûr, qui offre de la qualité, qui vaut le déplacement et possède un potentiel attractif intéressant ;
— Fixer le prix juste, accessible, et qui assure une rentabilité ;
— Bien choisir sa date afin qu’elle n’entre pas en conflit avec un autre évènement visant le même type de clientèle, pour ne pas se cannibaliser ;

 

 

Après sept ans à ce poste, Pierre Lévesque observe des changements dans l’offre en chanson et en musique. « Oui, il y a une ébullition, une prolifération d’offres en relève musicale, parce qu’au Québec les jeunes créateurs sont beaucoup soutenus par des enveloppes de financement et c’est bien, mais ils ne peuvent pas tous tourner, c’est un revers considérable. Quand tu vas en Ontario, à Contact ontarois, l’offre francophone est presque exclusivement québécoise », ce qui peut être une option intéressante à approfondir pour la relève québécoise qui souhaite augmenter ses chances de faire de la tournée. Il semble aussi que de plus en plus de chanteurs de la relève québécoise francophone choisissent délibérément de produire des contenus anglophones, ce qui change le portrait de la chanson québécoise, qui a longtemps été unilingue francophone.

 

 

Les compétences techniques d’un diffuseur

— Gestion administrative, gestion de budget
— Gestion des ressources humaines
— Connaissance du marché, de l’offre et de la demande
— Connaissance en markéting et communication

 

Les aptitudes d’un diffuseur

— Optimisme
— Curiosité
—Habileté en communication
— Solide intuition
— En lien avec son milieu

 

 

La formule de tournée a aussi changé. Les groupes voyagent de plus en plus léger, développent de plus en plus des spectacles intimistes pour des petites jauges de 200 à 400 spectateurs, pour plusieurs raisons. « Ça nous demande de développer des formules en salles telles que celles des Spectacles du Garage et du Cabaret des mauvaises habitudes qui offrent des programmations plus nichées. Les couts sont aussi moindres, ce qui nous permet davantage d’oser plus et de proposer des découvertes avec des risques moins grands. » Comme pour Busty and the Bass, un jeune groupe funky jazz montréalais qui viendra le 16 décembre au Cabaret des mauvaises habitudes. Juste après, Philippe Brach, un incontournable de la programmation cette année qu’on attendait à Rivière-du-Loup depuis longtemps. C’est donc deux rendez-vous à ne pas manquer !

À propos de Marie-Amélie Dubé

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