Texte | Lynda Dionne
Photo | Yvan Roy
Au coeur du village de Cacouna, la réouverture de l’ancien Magasin Général Sirois a été bien accueillie par les amateur.trice.s de bons pains et de pâtisseries. En effet, ce commerce, qui a traversé le temps, abrite maintenant une boulangerie. Cette demeure de style victorien, avec son magasin, a toujours fière allure avec ses pignons bordés de dentelles de bois, sa tourelle et sa fenêtre en saillie. Ses anciennes vitrines dominant la façade attirent tant le regard des gens de Cacouna que celui des visiteur.euse.s et les convient à entrer.
Certain.e.s client.e.s l’ayant fréquenté dans leur enfance souhaitaient depuis longtemps y retourner. Lors de ma visite en décembre dernier, je revoyais avec joie les grands comptoirs, les tiroirs et les étagères de bois qui tapissent les murs vernis. L’usure du temps, laissée par tous les produits alimentaires, et les objets de tout genre m’ont projetée dans le passé. Du haut de mes quatre ans, je m’y rendais avec mon grand-père Amédée Dionne pour porter le courrier. Par la même occasion, je me faufilais entre les comptoirs pour admirer tous les objets alignés, particulièrement les pots de verre remplis de biscuits et de bonbons colorés. Les demoiselles Sirois me donnaient à l’occasion un suçon. C’étaient les meilleurs du monde…

Lorsque je suis entrée dans la Boulangerie du Magasin Général Sirois, je me suis donc rappelé ces trois soeurs Sirois, Yolande, Jacqueline et Thérèse, qui m’avaient toujours chaleureusement accueillie. En 1994, lors de la réalisation du circuit patrimonial de Cacouna, elles étaient fières de me parler de leur grand-père Henri-Joseph qui était marchand général. Vers 1865, le boss Sirois, comme elles aimaient le nommer, avait débuté dans le commerce en vendant des marchandises qui arrivaient par goélette dans l’anse de la Fontaine Claire. Les sacs de farine, de sucre, d’orge et autres étaient entreposés dans le sous-sol. Avec l’ouverture de la gare à Cacouna en 1872, le transport des denrées a été grandement facilité. Un an plus tard, comme les affaires prospéraient, le marchand Sirois avait fait agrandir son magasin. En 1898, il fit ajouter les vitrines, les dentelles et la tourelle victorienne en façade.
Dans cet élégant magasin, le client de l’époque pouvait se procurer tout ce dont il avait besoin. Au rez-de-chaussée, on lui offrait une grande variété de produits alimentaires dont ceux de la chaîne Victoria, ainsi que différents articles pour la maison et, dans la partie est du deuxième étage, un vaste choix de lingerie et de vêtements. En 1910, les fils d’Henri-Joseph ont pris la relève, puis Antonio Sirois et ses enfants ont assuré la continuité de l’entreprise familiale. Au cours des années, le magasin général devint successivement un « 5-10-15 », une boutique de souvenirs et d’artisanat. Cet ancien commerce a abrité la Banque canadienne nationale (1910), la Caisse populaire (1945) et le bureau de poste (1928) pendant trente ans. Les demoiselles Sirois ont définitivement fermé leur boutique en 2005.
Aujourd’hui, l’empreinte du temps est encore présente dans chaque recoin du magasin qui abrite une boulangerie. Tombés sous le charme des lieux et de l’histoire, Sylvie Paquet et Francis Gagné ont mis ce bâtiment en valeur. Avec une expérience d’une quarantaine d’années, le boulanger et sa conjointe vous offrent de bonnes miches de pain et de savoureux desserts. Quel bonheur de s’assoir à une table et de se régaler d’une pâtisserie et d’un breuvage chaud, tout en se rappelant de beaux souvenirs dans cet endroit qui a marqué la mémoire collective !
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Depuis 1994, le Magasin Général Sirois fait partie des circuits patrimoniaux Les randonnées du passé. Vous pouvez en apprendre davantage sur l’histoire de ce commerce par internet via BaladoDécouverte.com en inscrivant CACOUNA. La Corporation de développement de Cacouna vous y propose une visite virtuelle du village.
