texte Louis Lahaie-Roy photo Frank Malenfant
La 4e saison de la ligue de Slam Rivière-du-Loup s’est ouverte ce 2e mardi de septembre devant une assistance de fidèles et de nouveaux visages en liesse. Il en fut de même pour les slammeurs participants et nos deux gagnants, Sylvain Dionne (2e) et Louis Lahaie-Roy (1er), qui se qualifient déjà pour les demifinales du printemps. Voici donc pour vous inspirer le premier texte de Louis Lahaie-Roy.
Quand j’mennuie, j’men va dans le bois. J’trouve un nid d’kobolds
J’demande le Shaman. J’dis chus l’cobaye.
Y m’dit « Goûte à ça ».
J’puise à mains nues dans marmite, mes doigts s’allongent.
Je m’abreuve à l’élixir comme une mangrove plantée dans mixture.
J’passe le point de sublimation, d’animal à végétal.
Le liquide injecté direct dans ma sève. J’m’enracine.
Du venin coule dans ma moelle, mes poils germent, se changent en épines.
Aussitôt le chaman dit « Wo ! Wo !
Prends-en pas trop ». Tard.
J’deviens l’essence à peau pourpre bardée d’écorce.
J’pousse, j’fuis, j’m’émancipe, par un maléfice organique où mirage et imagination s’confondent.
« Gare à la surdose », murmurent les conifères.
« Qui vit par la magie périra dans les nuages. »
J’tire la langue à l’ennui. J’ai
pas peur de marcher droit.
J’embrasse ma dépendance à tuer la routine.
Le fruit défendu j’en fais d’la confiture. Pas d’truc pour réussir juste à rester détendu.
Y’a pas 56 façons d’l’avoir juste à brûler les déboires ; la potion.
Shaman a égrainé mes chimères, parties dans un nuage de fumée.
Banalité, mets ça dans ta pipe.
J’suis joaillier de ma vie, tailleur de mes rêves, d’une perle au reflet nacarat.
Adoube-moi chasseur de félicité parti vampiriser la baraka.
L’original fleurit, mes samares dispersées touchent à l’avenir.
Comme des enfants déjà grands, soufflés dans brise.
Mes boutures s’extirpent.
Mon âme irriguée s’exprime.
J’inspire, j’sens mes veines gonfler, les voiles de mes vaisseaux sanguins bruissent au vent.
J’tiens la peur dans mes paumes moites et ma cime secouée.
Mon essence s’étire.
J’entends mes vagues à l’âme se briser sur le corail de mon squelette asteure que les tempêtes finissent.
Éclaboussé de joie dispersée, décomplexé j’bois l’embrun qui fouette mes écueils.
J’dégringole, j’reviens du pays des dryades.
Comme j’quitte le boisé, high five au kobold perché dans cime.
Perdu dans mes feuilles de papier, j’ai d’la chance au bout d’mes peines pis l’évasion mon harmonie.
Je sécrète mon propre poison, pis l’antidote est imprimé dans l’ciel.
Ma drogue, c’est l’écriture.