Texte | Marie-Amélie Dubé
De l’UQAM à X-Men
Si je vous dis que la réalisatrice invitée de cette année a travaillé sur le plateau d’X-Men, qu’elle a été première assistante entre autres pour Myriam Verreault, Sébastien Pilote et Sophie Dupuis, puis qu’elle enseigne à l’UQAM en cinéma AUSSI… ça vous convainc d’assister au festival Vues dans la tête ?
Après 45 minutes d’entrevue avec Jeanne Leblanc, je peux vous confirmer que ce ne sera pas plate, cette édition-là ! (Comme si les éditions antérieures avaient été mornes… pas vraiment !) Mais bon, j’avoue que l’aspect « en ligne » pourrait vous rebuter, à première vue ! En même temps, c’est pas comme si l’on n’était pas déjà habitué·e·s d’écouter des films dans le confort de notre salon ! Hé ! Hé !
Voici donc quatre bonnes raisons suffisantes pour investir entre 20 $ et 25 $ dans votre divertissement « covidien » du 4 au 7 février prochains.
1- L’humaine à la tête de l’événement est trop bien !
2- La programmation est juste débile !
3- Les invité·e·s… woah !
4- Qu’est-ce que t’as de prévu anyway après 20 h à ces dates-là ? !
Je vous prédis que mon film préféré ce sera Le vingtième siècle de Matthew Rankin… Ou peut-être Mad Dog Labine ? Eh merde… Ou sûrement Une colonie ? Mais en même temps, Je m’appelle humain avec Joséphine Bacon… ouf, ça risque d’être trop bon ! Ou les films de Jeanne Leblanc ? Sérieux… la barre est haute !

Comment procèdes-tu quand vient le temps d’écrire ?
Je peux être pendant de longs moments sans écrire. Je m’impose des jachères (Rires). C’est bon pour mon muscle créatif. Mais quand vient le temps d’écrire, je deviens hyper disciplinée et super intense pendant un court laps de temps. Tout ce que j’ai emmagasiné va finir par sortir coûte que coûte. Je vais écrire pendant 4 à 5 heures. J’ai des cycles. Les autres sphères de ma vie me nourrissent. Mes personnages me suivent partout, ils m’habitent. Durant ces périodes, tout ce que je fais est teinté. Il y a quelque chose de très méditatif dans tout ça. Je ne pourrais pas faire ça à l’année. C’est demandant. Comme les tournages qui sont tellement exigeants physiquement !
Pourquoi est-ce que c’est le cinéma que tu as choisis, plutôt que le théâtre, la danse ou la littérature ?
Ah le théâtre et la littérature, ce sont deux de mes grands fantasmes. Ça me trotte dans la tête ! Je vais sûrement m’y engager quand mon corps n’en pourra plus des tournages de cinéma. (Rires) Alors que j’étais en arts au Cégep de Lanaudière à Joliette, c’est Claude Blouin, un professeur profondément curieux des humains et de l’art à qui je rend hommage à chaque fois que je le peux, qui m’a fait tomber amoureuse du cinéma, cet art complet.
Ensuite, j’ai fait un bacc en communications, profil cinéma à l’UQAM et sur un coup de tête, parce que je ne savais pas trop quoi faire de ma vie, j’ai déposé un projet pour une résidence de création à Madrid, que j’ai monté en deux jours. Pis je l’ai eu ! ! ! Je l’ai essayé, même si je n’avais pas d’attentes particulières. Je suis arrivée là-bas et je ne comprenais fuck all de ce que les gens disaient. On était hyper pris en charge. C’était super imposant l’architecture et les autres étudiants hyper sérieux et impliqués dans leur démarche. J’avais 21 ans et je ne savais même pas à quoi servait tous les ustensiles qu’il y avait sur la table ! C’était déstabilisant parce qu’on n’avait pas d’obligation de résultat dans notre projet. On était là pour parler de notre démarche et de notre processus créatif. On avait des cours où on ne faisait que des grandes discussions philosophiques. J’ai appris là-bas à valoriser la réflexion et que le processus est plus important que le résultat en soi. Et j’y crois encore aujourd’hui profondément. J’ai découvert à cette résidence de création quelque chose qui me hante encore aujourd’hui. Tu ne peux pas choisir quand le produit final sera prêt tant que le processus n’est pas abouti.
Tu es à la fois réalisatrice, scénariste, première assistante et chargée de cours, comment te nourrissent ces différents postes au quotidien ?
Quand j’ai commencé j’étais troisième assistante. Ça c’est tellement plaisant parce que tu places le background comme tu veux. Tu as la liberté de la mise en scène. Des films expérimentaux, aux films américains, j’ai fait des mises en scène de toutes sortes ! Genre comment transposer un univers 2D en 3D, ou inversement. J’ai adoré ça.
J’enseigne à temps plus que partiel à l’UQAM et ça me garde très jeune ! Ça m’oblige aussi à me renouveler. Mes étudiants ont d’autres préoccupations que les miennes. Ça m’amène ailleurs, c’est nourrissant !
Être première assistante c’est comme un gros rush d’adrénaline. Ça nous tient en haleine. C’est un exutoire, sans la grande pression que le réalisateur, lui, a sur les épaules.
Parle nous de ta programmation et de tes invités.
J’ai fait une sélection de films plutôt « champ gauche ». Des films qui ne sont pas parfaits, mais qui sont d’une grande qualité justement parce qu’ils ne cherchent pas à être parfaits. Ils sont parfaits par leur imperfection et leur humilité.
Des films qui nous mènent à la réflexion. Des films qui sont un peu des ovnis dans notre cinématographie comme le Vingtième siècle de Mathieu Rankin.
J’ai choisi aussi le documentaire Je m’appelle humain, parce qu’on a besoin de ce documentaire.
Des films de processus pour les cinéastes.
Des films dont les artisans réfléchissent devant nous et nous rendent des participants actifs !
Samedi 6 février
LES NÔTRES, thriller psychologique de Jeanne Leblanc, avec Emilie Bierre, Marianne Farley, Judith Baribeau. 2020 suivi d’une DISCUSSION avec Jeanne Leblanc, réalisatrice, et Marianne Farley, productrice et comédienne
Dimanche 7 février
TABLE RONDE, avec Jeanne Leblanc, Matthew Rankin, Geneviève Dulude-De Celles, Marianne Farley, Kim O’Bomsawin et Charlotte Aubin, animée par Hubert Sabino-Brunette. Une présentation de l’EMCV.
Charlotte Aubin
C’est après être tombée dans la marmite cinématographique québécoise en bas âge, soit dans l’adaptation de Roméo et Juliette alors qu’elle n’avait que 14 ans, et en participant à la télésérie Providence, que la comédienne est allée suivre une formation de jeu à l’École nationale de théâtre. C’est certainement cette expérience qui a poussé la comédienne à rester un mois – alors qu’elle n’avait que trois jours de tournage- sur le plateau de Mag Dog Labine – film qui sera présenté durant le festival – afin de coacher deux comédiennes adolescentes amatrices impliquées de ce docu-fiction qui a remporté le grand prix Gilles-Carle en 2019 au RVQC et le grand prix du FNCM en 2018.
Par ailleurs, Charlotte Aubin a joué aux côtés de Luc Picard dans Isla Blanca, premier long métrage de Jeanne Leblanc ; un drame familial où son personnage à fleur de peau est vulnérable, et qui saura, sans équivoque, vous émouvoir.

Jeudi 4 février
ISLA BLANCA, drame psychologique de Jeanne Leblanc, avec Charlotte Aubin, Théodore Pellerin et Judith Baribeau. 2018
Samedi 6 février
MAD DOG LABINE, docu-fiction de Renaud Lessard et Jonathan Beaulieu-Cyr, suivie d’une discussion avec Charlotte Aubin, comédienne.
Kim O’Bomsawin
Réalisatrice et scénariste, Kim O’Bomsawin est d’origine abénakise et possède une maîtrise en sociologie. Le fait autochtone est au centre de sa filmographie, et son travail a été reconnu à travers le Canada, notamment en raison de son documentaire Ce silence qui tue sur les femmes assassinées et disparues au Canada.
Je m’appelle humain, son plus récent succès cinématographique, propose une incursion dans l’Histoire des Innu·e·s et des Premiers Peuples, racontée et transmise par nulle autre que Joséphine Bacon, grande passeuse et créatrice de ponts entre les autochtones et les allochtones. Entre la vie en communauté, les pensionnats et l’assimilation, la grande dame fait émerger, avec du recul, l’équilibre qui a germé entre ces deux mondes opposés.

Dimanche 7 février
JE M’APPELLE HUMAIN, documentaire de Kim O’Bomsawin, avec Joséphine Bacon. 2020
TABLE-RONDE avec Kim O’Bomsawin et Edith Bélanger, animée par Dave Jenniss.
Geneviève Dulude De-Celles
Geneviève Dulude De-Celles, réalisatrice, exploite les thèmes de la jeunesse et de l’adolescence dans son parcours cinématographique. Son court métrage La coupe avait été de la programmation d’Anne Émond en 2016. Son documentaire Bienvenue à F.L., présenté en grande première au TIFF et récipiendaire du prix du Meilleur espoir documentaire aux RIDM, avait été de la programmation des Projections Cinédit.
Son premier long métrage de fiction, Une colonie, produit en 2019, sera présenté cette année dans le cadre du festival. Il a remporté plusieurs prix dont l’Ours de cristal à la Berlinale et celui du Meilleur film aux Prix Écrans canadiens.

Jeudi 4 février
UNE COLONIE, drame de Geneviève Dulude-De Celles, avec Émilie Bierre, Robin Aubert et Irlande Côté. 2019 précédé de VIGILE, court métrage de Xavier Beauchesne. 2020
DISCUSSION avec Geneviève Dulude-De Celles Dimanche 7 février
TABLE RONDE, avec Jeanne Leblanc, Matthew Rankin, Geneviève Dulude-De Celles, Marianne Farley, Kim O’Bomsawin et Charlotte Aubin, animée par Hubert Sabino-Brunette. Une présentation de l’EMCV
Marianne Farley
Si vous avez assisté à l’édition dans la tête de Kim Nguyen, en 2019, vous avez certainement dû goûter à la sensibilité cinématographique de Marianne Farley.
Son puissant court-métrage Marguerite, sélectionné aux Oscars © en 2019 dans la catégorie Best Live Action Short Film, était présenté avant le film coup de poing Chien de garde.
Son court-métrage laisse une trace indélébile en mémoire, comme une caresse empreinte à la fois de détresse et de tendresse.
Productrice, réalisatrice-scénariste et comédienne, vous aurez l’occasion de la rencontrer dans le cadre du festival, mouture en ligne, puisqu’elle tient un rôle principal dans Les nôtres de la réalisatrice invitée, Jeanne Leblanc ; film qu’elle a également coproduit avec Benoit Beaulieu, avec qui elle a fondé la compagnie de production Slykid & Skykid.
Ce qu’est le cinéma pour vous.
Le cinéma, c’est une ouverture sur le monde. C’est un précieux regard sur l’expérience humaine.
Votre vision du bonheur.
Ma vision du bonheur, c’est d’être pleinement dans le moment présent.
Votre héros ou héroïne de fiction préféré·e.
George Bailey dans It’s A Wonderful Life de Frank Capra.
Ce que vous détestez par-dessus tout.
L’intolérance.
Le superpouvoir que vous aimeriez avoir.
Pouvoir contrôler le temps.

Samedi 6 février
LES NÔTRES, thriller psychologique de Jeanne Leblanc, avec Emilie Bierre, Marianne Farley, Judith Baribeau. 2020 suivi d’une DISCUSSION avec Jeanne Leblanc, réalisatrice, et Marianne Farley, productrice et comédienne
Dimanche 7 février
TABLE RONDE, avec Jeanne Leblanc, Matthew Rankin, Geneviève Dulude-De Celles, Marianne Farley, Kim O’Bomsawin et Charlotte Aubin, animée par Hubert Sabino-Brunette. Une présentation de l’EMCV
Matthew Rankin
Matthew Rankin propose un univers déjanté et humoristique mettant en vedette des personnages historiques dans des contextes et traitements loufoques. Il est fasciné par l’histoire et ne passe pas inaperçu de par son approche esthétique audacieuse. Son court métrage Mynarski chute mortelle est présenté à Sundance en 2015 et rafle plusieurs prix. Une rétrospective de son oeuvre a d’ailleurs été présentée la même année au FCVQ. Ses films se sont baladés parmi les sélections officielles de Sundance, TIFF, SXSW, Annecy et la Berlinale, et à la Semaine de la Critique à Cannes.
Son premier long métrage, Le vingtième siècle, sera présenté durant le festival.
Ce dernier a remporté le prix du Meilleur premier long métrage canadien au TIFF 2019 et le prix FIPRESCI à la Berlinale 2020.
Ce qu’est le cinéma pour vous.
Un organisme vivant.
Votre vision du bonheur.
Nowruz, le Nouvel An iranien.
Votre héros ou héroïne de fiction préféré·e.
Uriel dans The Arrival (Ruth E. Norman & The Unarian Brotherhood, 1979)
Ce que vous détestez par-dessus tout.
La rue sur laquelle j’ai grandi.
Le superpouvoir que vous aimeriez avoir.
Une capacité de parler lentement.

Vendredi 5 février
LE VINGTIÈME SIÈCLE, comédie historique de Matthew Rankin, avec Dan Beirne, Mikhaïl Ahooja et Catherine St-Laurent. 2019 suivi d’une DISCUSSION avec Matthew Rankin.
Dimanche 7 février
TABLE RONDE, avec Jeanne Leblanc, Matthew Rankin, Geneviève Dulude-De Celles, Marianne Farley, Kim O’Bomsawin et Charlotte Aubin, animée par Hubert Sabino-Brunette. Une présentation de l’EMCV