J’ai rencontré le VRAI père Noël

elisabethdionne

par Élisabeth Dionne, photos de Busque

 

J’ai personnellement été invitée par la mère Noël à venir rencontrer son époux. Levez la main ceux qui auraient dit non à ça ? Quoi ? Vous ne me croyez pas ? D’accord ! Mais lisez bien ceci…

 

Me voilà donc dans une maison d’une localité voisine de Rivière-du-Loup (que je ne nommerai pas, évidemment, car ce serait comme donner l’adresse de Roch Voisine) dont les murs intérieurs, tous en bois, annoncent à s’y méprendre une maison de père Noël. Depuis 50 ans, André Saindon revêt à la période des fêtes son habit de père Noël et se rend dans les maisons de personnes en perte d’autonomie, dans les écoles, dans les organisations qui l’invitent à partager un moment de vive gaieté. Des partenaires, comme il le dit lui-même : Club Lions, les Chevaliers de Colomb, les Clarisses, International Inner Wheel et j’en passe ! Il privilégie le contact direct et ouvert, l’échange sincère, le geste amical. Bref, partout où un père Noël avec une langue bien accrochée peut donner des bisous à des personnes qui n’en reçoivent que peu ou pas, ou les enlacer en tout respect pour réchauffer leur feu intérieur, raconter des histoires drôles empreintes de tendresse qu’il écrit lui-même et, il insiste, sans conclusion trop moraliste. Les thèmes qu’il a développés autour de la gratitude, de l’espoir, du pardon, de la violence parfois inscrite dans la société, du respect des générations, des possibilités de devenir un meilleur humain, du geste simple et gratuit suscitent un intérêt autant pour les jeunes que les adultes. Son récit est entrecoupé de « HA ! HA ! HA ! »…

 

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Certes, vous me direz, cela prend des cadeaux, si l’on est le père Noël ! Bien sûr ! Des cadeaux ? J’en ai vu des centaines : des autos miniatures, des chevaux à bascule, des oiseaux, des chandeliers, des petits personnages, des casse-têtes, des animaux de toutes sortes ! Ils sont là, partout : sur des tables autour de nous, d’autres pas encore terminés dans l’atelier qui sent bon le bois frais, certains sont déjà emballés précieusement, après avoir passé dans les mains de mère Noël qui y ajoute de la couleur et fait la finition ; prêts à être livrés ! Je n’ose penser à tout le temps investi par mère Noël et père Noël et à tout le talent manuel que ce dernier a reçu de ses prédécesseurs qui ont fait de lui ce menuisier façonneur d’agrément. Il décrit avec un tel plaisir comment il s’y prend pour obtenir toutes ces cajoleries que j’ai eu l’impression, moi qui ne suis habile que sur un clavier, que je pourrais venir l’aider, à titre de lutin, dans l’atelier. Vous doutez de la qualité de ses objets ? Un seul regard suffit pour comprendre qu’il n’utilise que des essences haut de gamme. Bois d’acajou, bois de marronnier, ébène ou lilas, beaucoup de variétés que lui fournissent des voisins, des entrepreneurs, et que lui-même récolte à gauche, à droite, souvent chez des personnes qui lui en offrent.

 

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D’où lui vient cette envie de se balader dans un habit rouge, de se confronter à des personnes qui pourraient ne percevoir qu’un aspect caricatural du personnage ? Attention, la réponse mérite de la déférence. « Mes privilèges magiques, me raconte-t-il, me viennent du grand-père Noël et moi, je vais les transmettre à mon fils. » Conscient qu’il transige avec des clientèles de tous âges et que son pouvoir d’attraction lui confère une certaine responsabilité, il s’est documenté. Ainsi, entre autres lectures se trouve le livre de Bruno Bettelheim La psychanalyse des contes de fées qui s’est avéré une ressource enrichissante. Certains motifs de la pensée humaine lui sont devenus familiers et il a pu ainsi mieux comprendre et diriger sa relation avec son auditoire, car il n’a « pas le droit de mentir ». « Il est plus difficile de se départir de la richesse que de pouvoir donner. Plus je donne de l’amour, plus j’en reçois », continue-t-il comme s’il n’avait presque rien dit… Investi de son personnage, il crée mot à mot les répliques, in situ, et trouve que le père Noël dépasse souvent en inventivité André Saindon ! La soirée se termine sur un tendre aveu : « Ici, mère Noël veille à la bonne marche des activités lorsque je m’absente. Elle se dévoue énormément et reste dans l’ombre. Elle a toute mon admiration et a une grande place dans mon coeur. » Paroles de père Noël ! Je me suis prise au jeu… Comme on dit, j’ai veillé tard… avec le père Noël !

À propos de Marie-Amélie Dubé

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