texte et photo Marc-Olivier Dugas Pelletier alias Molo
Je n’oublierai jamais l’automne 2007. Ça faisait quelques semaines seulement que Rivière-du-Loup était devenue ma terre d’accueil ; un nouveau chez-moi. Le Gaspésien que je suis, habitué à des villages de 4000 habitants, mettait les pieds dans une grande ville (pas grand comme Montréal, je ne suis pas si naïf, mais quand même, ça m’impressionnait). C’est dans cette même période de ma vie qu’on m’a apostrophé dans un corridor du cégep pour m’obliger à me présenter aux auditions de la ligue d’improvisation. Sans le savoir, c’était le début d’une grande aventure qui allait changer, pour le meilleur et pour le pire (comme un mariage), ma vision de cette stimulante discipline artistique.
Mon passage dans la ligue d’impro de la Baie-des-Chaleurs, les années précédentes, m’avait appris les bases du sport dans une approche de théâtre improvisé fortement inspirée de la LNI. Tout un choc pour moi de découvrir, en sol louperivois, une tout autre façon de voir l’impro, d’en faire, de la penser, de l’imaginer et, pourquoi pas, de la rêver. En l’espace d’un an, entouré de joueuses et de joueurs expérimentés, de travailleurs culturels, de techniciens en loisir et d’organisateurs d’événements, une foule d’idées sont apparues spontanément et, chaque semaine ou presque, nous avions l’espoir de voir les nouveaux concepts devenir des soirées d’impro expérimentales (et une belle façon de faire quelques sous pour encourager plusieurs autres initiatives culturelles) dans un futur rapproché. Et ça se concrétisait toujours à vitesse grand V ! Je repense à cette période avec beaucoup de nostalgie, car en plus d’avoir été très prolifique en termes de concepts et de spectacles offerts, le public était aussi souvent fidèle au rendez-vous, malgré des invitations tardives (on s’en excuse encore).
C’était la fougue et l’audace d’une jeunesse artistique qui n’avait pas peur de l’échec, dans ses réussites, parfois ses échecs, mais toujours ses apprentissages. C’est dans cette même lancée qu’est apparue, à l’automne 2009, une drôle de formule. « Pourquoi ne pas envoyer un joueur expérimenté improviser seul, tout un match, face à cinq joueurs capables de lui donner du fil à retordre ! » Il n’en fallait pas plus pour convaincre une belle gang de crinqués à se lancer dans le vide, à raison d’un match par mois, et à vivre une expérience de scène particulièrement marquante (le public nous en parle encore neuf ans plus tard). Six improvisateurs nerveux, une foule de spectacles, un Resto Amsterdam plein à craquer et, évidemment, six soirées de fun brut ! Les années ont passé et la vague de création a perdu un peu d’ampleur, même si la Ligue d’improvisation estivale se porte à merveille et qu’il y a encore quelques matchs pendant l’année. Je dois avouer que je suis heureux et fier de pouvoir affirmer que Rivière-du-Loup a vécu le retour d’un concept intéressant et audacieux avec la première édition de la Coupe Romanesque, tournoi civil dans une formule 5 contre 1. Quel plaisir que de revoir cette idée apparaître pour le plus grand plaisir des joueurs et du public louperivois. Cette année, c’est une deuxième édition tout aussi survoltée qui se prépare. J’espère de tout coeur que vous pourrez venir profiter du spectacle, car il y a toujours une magie dans l’air. C’est un laboratoire de création spontanée, unique en son genre, qui vaut la peine d’être vécu, autant sur la scène que dans la salle, et qui a sa raison d’être. C’est 33 matchs sur 2 plateaux, 10 équipes de partout au Québec, une soixantaine de joueurs qui n’ont peur de rien, une équipe d’arbitres avec une tonne de défis à lancer, de nombreux bénévoles (on en cherche encore, si jamais ça t’intéresse) et, je l’espère, TOI !