Faire le grand saut

texte Sylvain Dionne | Conseiller en communication, travailleur indépendant depuis 1999

J’avais un bon boulot. J’étais responsable des communications, des relations publiques et de l’information scolaire externe au Cégep de Rivière-du-Loup. Depuis 1985, j’avais tour à tour été membre du personnel de soutien, professionnel, cadre et j’enseignais au Service de la formation continue. Puis, épuisement professionnel et dépression majeure en 1994. Un an à l’écart de mon milieu de travail, un an à réfléchir à ce que j’allais faire ensuite. Pour un ergomane, c’est long, un an… Et c’est là que l’idée a commencé à mûrir : si je me lançais à mon compte ? Je serais plus « libre » de mon temps (quelle blague !) ; je pourrais faire ce que je veux quand je le veux (autre bonne blague !) ; je ferais plus d’argent (je me roule par terre de rire !) ; je serais enfin mon propre patron et je fonctionnerais selon mes propres règles sans personne pour me dire quoi faire ou me freiner dans mes projets (ah ça, par exemple !). Entre-temps, le doute, toujours le doute. J’avais une famille, ma conjointe d’alors était sensible à l’insécurité financière. Jusqu’au moment où elle a bien senti qu’il était impératif que je fasse le saut pour en avoir le coeur net. J’ai demandé un congé sabbatique d’un an. J’avais droit à ce privilège rassurant ! J’ai officiellement lancé mon entreprise de conseil en communication (que j’entretenais quand même en parallèle depuis quelques années en acceptant de petits mandats d’appoint). Je n’avais accès à aucun financement, donc je me suis endetté pour acquérir mes équipements et installer mon bureau chez moi. Je démarrais avec un seul mandat majeur confirmé, mais un solide réseau de contacts. Six mois plus tard, je savais que je ne reviendrais pas en arrière. On m’a dit que j’étais fou de laisser derrière moi un boulot assuré, la sécurité d’emploi, une gamme enviable d’avantages sociaux et un fonds de pension garanti. Bien sûr, ce n’était pas sans risque. Mais je ne me voyais pas travailler dans un milieu dont les contraintes m’éteignaient peu à peu. Je ne me voyais pas survivre jusqu’à 62 ans dans l’attente de la retraite. Je ne voulais pas me lever le matin en ayant déjà hâte que la journée prenne fin.

J’ai fait le saut. Et je n’ai jamais regretté ni regardé en arrière. Il y a eu des inquiétudes, des doutes et des conséquences. Mais il y a surtout eu de beaux moments de fébrilité et de complicité, des défis stimulants, des projets grandioses, de solides réussites, des accomplissements dont je suis fier, ici comme ailleurs au Québec. Et surtout, il y a eu l’assurance que plus jamais une journée ne ressemblerait à une autre ; que chaque lever du jour apporterait son lot de nouveaux défis, de nouvelles réalisations, de nouvelles connaissances. Il y a 20 ans, je quittais mon emploi pour le monde de l’entrepreneuriat. Je n’ai pas d’employés, mais je donne du travail à près d’une vingtaine d’autres travailleuses/travailleurs indépendants et micro-entrepreneurs. Je contribue ainsi à faire « rouler » l’économie. Je suis entrepreneur. Vingt ans plus tard, l’enthousiasme du début est toujours présent et les « nouveaux » du métier que je côtoie sont une source constante d’inspiration et de motivation. Vingt ans plus tard, je vis ce que je voulais vivre et je suis heureux.

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