Texte | Cyntia Dubé
Je scroll mon fil d’actualité depuis de longues minutes déjà. Cette ère de technologie nous aura bien servi pour nous sortir d’un certain isolement. En même temps, j’alterne entre de petites larmes d’émotion devant des partages émouvants et des soupirs de frustration devant la bêtise individualiste.
Mes pensées vagabondent jusqu’à une réflexion plus philosophique.
Qu’en sera-t-il de demain ?
Si demain était mon ultime jour, ou s’il n’y avait pas de demain ? On passe notre temps à dire qu’il faut vivre le moment présent, comme si c’était le dernier. Mais vivre le moment présent comme si c’était l’unique qu’il nous restait ne voudrait-il pas aussi dire le vivre pour en être fier·ère ? Pas juste apprécier ce qu’on a, mais en faire quelque chose de bien, de beau, de vrai.
Si demain était mon dernier, si demain n’arrivait plus pour moi…
Même si cette pensée m’est désagréable ; parce que j’ai mille idées et projets, mille événements auxquels je veux assister, dans ma vie comme dans celle de mes mini-moi ; même si je ne suis pas prête à ce que demain n’existe plus, j’ai envie que mon maintenant soit vrai, soit bon. J’ai envie de ne pas juste avoir profité de chaque minute. Je veux les avoir rentabilisées, les avoir fait bonifier, et laisser des miettes dans l’éternité ; des miettes qui feront qu’après ma vie, j’existerai encore un peu. Que ce soit par un bon geste, une belle parole, un silence respectueux… mais je vivrai encore au-delà de mon existence propre.
Et si j’ai un demain…
Si j’ai un demain, je veux qu’il soit bienveillant. Simplement bienveillant. J’ai envie de prendre soin de moi et des autres, de faire des choix doux et justes, de savoir accepter les défis, de leur faire face, d’échouer aussi, car c’est immanquable. Mais de le faire le coeur rempli du meilleur, le coeur conscient du prochain demain incertain, pas juste pour moi, mais pour tout le monde.
Si demain est là, je veux l’aimer autant que mon aujourd’hui, je veux lui faire face autant que mon hier, et je veux grandir dans cette acceptation-là. Je veux le remplir de culture et de rires, de projets et de délires. Je veux savourer chaque moment, en ne faisant rien comme en tentant de conquérir le monde.
Mon demain ne sera peut-être pas grandiose, mais il pourrait être bon pour celles et ceux qui m’entourent. Il me semble que cela serait un commencement acceptable. Mon moi n’a pas seulement besoin de moi, il a aussi besoin des autres ; je suis sociale, l’humain est social. Si je prends soin des autres, je prends soin un peu de moi. Si j’aide les mien·ne·s à devenir meilleur·e·s, je deviens un peu meilleure à mon tour. Si j’accepte l’imperfection des autres, peut-être qu’on acceptera la mienne, que je vivrai plus sereinement avec cet imparfait qui est en moi. Que cet imparfait brisera les normes et les codes, qu’il rendra le monde libre, accueillant, ouvert.
Bienveillant.
Et si demain…
Si demain, je me promets l’infini et l’inaccessible. Parce que et puisque je suis une actrice de mon maintenant et de mon demain : l’impossible je me prédis, et me souhaite l’impossible.
