par Busque, photos par Catherine Roy
Le Défi Everest arrive à grands pas. C’est un jeu de mots qui prend son sens parce qu’on doit tous se préparer à escalader notre Everest personnel. Voilà quatre ans que le thème du Défi est abordé puisque La Rumeur du Loup trouve important de soutenir la jeunesse. La jeunesse, c’est nous. C’est ce qu’on a de plus précieux, c’est l’espoir de l’humanité. Que voulez-vous ? La cause est bonne… Pas le choix, il fallait faire parler celui qui a initié ce projet. Voici l’entrevue avec mon maitre kung-fu et ami Yvan L’Heureux.
Busque : Bonjour, Yvan. D’abord, pourrais-tu te présenter, nous parler de qui tu es et de ce que tu fais dans la vie ?
Yvan L’Heureux : Je suis acuponcteur et médecin chinois de « déformation » et chercheur pharmaceutique de formation. J’ai 42 ans. Ma vie, c’est de traiter les gens, de m’occuper d’eux, de faire du bénévolat et d’essayer d’aider les gens à s’aider eux-mêmes.
B. : Le Défi Everest entame sa 5e édition. De quoi es-tu le plus fier ?
Y. L’H. : C’est une bonne question. Le Défi a été une révélation depuis le début. Au départ, c’est parti sur une bulle pour ramasser des fonds pour trois fondations. En deux mois et demi, avec des cartes à « punch », au mois d’octobre, dans la pluie, les gens ont ramassé 57 000 $. Ce dont je suis le plus fier, c’est le mouvement sociétaire qui s’est créé. C’est de voir que les gens ont embarqué dans une sorte de lubie et qu’ils ont compris que c’était d’abord pour leur santé et pour les organismes. À la base, c’était de donner des sous, donner de l’oxygène, à des organismes qui n’ont pas de collecte de fonds et qui n’ont pas de capacité de le faire. On a greffé cette collecte de fonds à un défi sportif. À ce moment, on attirait toutes sortes de gens : des organismes qui voulaient ramasser des fonds, des sportifs et monsieur et madame »Tout-le-Monde »pour une remise en forme. Je suis très fier de toute la population en général. C’est un mouvement sociétaire ; c’est toute une communauté qui se mobilise. On a le milieu hospitalier avec des médecins, qui sont ambassadeurs. On a la MRC de Rivière-du-Loup et la Ville de Rivière-du-Loup, la Chambre de commerce, les écoles, la commission scolaire, les pompiers, les policiers, les entreprises, les familles, les organismes aussi. N’oublions pas nos partenaires comme Berger et Groupe Morneau, pour ne nommer que ceux-là. Alors, c’est vraiment une mobilisation générale de tout un milieu. Au début, je n’avais jamais rêvé qu’il y aurait autant de facettes et de gens différents qui viendraient s’impliquer. Quand on parle du Défi Everest, on parle d’un mouvement rassembleur. C’est gagnantgagnant. Aussi, le Défi est accessible. Il n’en coute que 25 $ pour s’inscrire, et le prix inclut les frais pour la journée, la nourriture et l’organisation, c’est ce qui en fait la force. Quand on a commencé, c’était un Défi pour les jeunes. Dans les faits, ce n’était que des adultes qui participaient. La première année, c’était pour trois organismes. La deuxième année, on a diversifié le Défi. C’était novateur au Québec ; on a ouvert à tous les organismes qui voulaient présenter une demande de collecte de fonds jeunesse. La troisième année, on s’est aperçu qu’il n’y avait pas beaucoup de jeunes dans la côte. Alors, on a créé le Yéti, qui est d’inscrire ses jeunes avec soi pour faire le Défi Everest, mais sans qu’ils aient de collecte de fonds à faire. Ils pouvaient simplement venir participer en famille. La quatrième année, on a bonifié l’offre avec l’École au Sommet. Cette année, on vient rejoindre nos adolescents avec le Macadam Ado. C’est de voir maintenant toutes les strates d’âge de la société qui y participent, de 4 à 84 ans.
« Cette année, on vient rejoindre nos adolescents avec le Macadam Ado. »
B. : En quoi le Défi Everest se différencie-t-il des autres collectes de fonds ?
Y. L’H. : Normalement, quand on fait une collecte de fonds, c’est pour une cause bien précise, que ce soit un vélothon ou un souperspaghetti. Le Défi Everest a été créé non pas pour lui-même, mais pour les autres. En fait, le but est de donner de l’oxygène à tous les petits et grands organismes jeunesse qui en ont besoin. Le principe fondamental, c’est le don orienté. Ce sont les équipes qui choisissent à quels organismes iront les sous qu’ils amassent. C’est tout à fait novateur, cela n’existait ni au Québec ni au Canada. Même pour les commanditaires, il y a 60 % de leur don qui est remis à un organisme jeunesse. C’est un autre côté très novateur, c’est de transcender le don. À notre connaissance, on devient le premier défi au Canada à payer tous les frais de gestion et redonner 100 % des dons.
B. : Le but est de donner aux jeunes par les organismes. On sent que, cette année, vous voulez encore plus faire pour eux en leur offrant de participer davantage au Défi. En quoi est-ce important pour toi que les jeunes soient aussi dans la côte le 17 septembre 2017 et les mardis soir ?
Y. L’H. : La plus grande richesse d’une société, c’est sa jeunesse, c’est la voix de demain. En aidant les organismes jeunesse, on aide directement ceux qui, demain, vont changer le monde. David Suzuki disait, il y a quelques années, qu’il avait manqué sa vocation en faisant du militantisme auprès des entreprises et des multinationales. Il disait qu’il aurait réussi beaucoup mieux s’il avait été dans les écoles à former les jeunes et à changer leur mentalité. Alors, c’est hyper important que les jeunes soient dans la côte pour qu’ils acquièrent de saines habitudes de vie et qu’ils pratiquent le sport dans le plaisir. Et si on regarde dans la côte, les gens ont tous un sourire . Monter la côte Saint-Pierre, c’est vraiment « plate » tout seul. Mais quand on la monte en gang, qu’on se donne un objectif, c’est plus motivant. On ne s’aperçoit pas tout de suite que la capacité aérobique et cardiovasculaire augmente. Il faut développer chez les jeunes le gout du dépassement dans le plaisir. Ils doivent élargir leur côté altruiste, qu’ils sentent que ce qu’ils font ici va en aider d’autres autour d’eux. Qu’ils vont en grandissant, devenir des éléments motivants et positifs pour leur génération.
B. : Quels sont les objectifs importants pour le Défi Everest de 2017 (nombre de personnes durant l’évènement, argent amassé, etc.) ?
Y. L’H. : On n’a jamais voulu mettre de pression sur l’évènement, mais j’aimerais que, cette année, on réussisse à atteindre un chiffre magique de 200 000 $. En ayant favorisé le don, en ayant coupé les frais de gestion, je crois de tout coeur que les organismes sont capables de se faire des équipes. Je souhaite vraiment que ce soit eux qui fassent entendre leur voix cette année. Qu’ils se servent du Défi Everest comme d’un levier de financement et, en même temps, qu’ils mettent en forme leur conseil d’administration, leurs membres, leurs jeunes et leurs familles. Quand on redonne aux organismes jeunesse, c’est à tout type d’organisme : le sport, la reprise en main, la culture, le théâtre et même le don d’organe. Il n’y a aucune limite. Il nous restait aussi à introduire les adolescents, qui avaient une place flottante entre l’École au Sommet, le Yéti et les adultes. Ils ne savaient pas trop où se placer. Alors, on a créé le Macadam Ado pour eux. En fin de compte, notre but est de voir plus de jeunes dans la côte cette année et que les organismes s’impliquent au maximum en créant des équipes, pour amasser la plus belle collecte de fonds possible. Et, cette année encore, on va faire une marée dans la côte le 17 septembre.
« La morale collective actuelle nous fait croire que l’important c’est de l’emporter sur les autres, de lutter, de gagner. Nous sommes dans une société de compétition, mais un gagnant est un fabriquant de perdants. Il faut rebâtir une société humaine où la compétition sera éliminée. Je n’ai pas à être plus fort que l’autre. Je dois être plus fort que moi grâce à l’autre. » – Albert Jacquard
B. : Est-ce que le Défi est accessible à tous ? Par exemple, pour un lecteur du magazine qui voudrait participer, mais qui n’a pas d’équipe et qui n’est pas très en forme, est-il possible pour lui de s’inscrire ?
Y. L’H. : Le Défi Everest, à la base, n’a pas été créé pour les gens en forme. Il a été créé pour la remise en forme ou pour le maintien de la forme physique. La clé de tout ça, c’est la marche sur dénivelé urbain. Presque tout le monde est capable de marcher. Qu’on fasse le Défi ou pas, on peut s’inscrire sur le site, on peut même comptabiliser les montées cette année. Si quelqu’un veut s’inscrire et qu’il n’a pas d’équipe, il n’a qu’à écrire à info@defieverest.com et on va lui trouver une équipe et un capitaine. Tout ce dont on a besoin, c’est une paire de souliers, un beau sourire et un coeur vaillant qui veut s’impliquer et c’est tout. Le plus bel exemple est notre président, Régis Malenfant, qui va avoir 80 ans cette année. Avec une hanche artificielle qu’il s’est fait poser l’année passée — ce pour quoi il n’a pas participé au Défi —, il s’est inscrit cette année au Macadam Ultra. Donc, il se donne 48 heures pour faire le plus de montées qu’il peut. Mon fils, Maël, l’année dernière, a suivi les gens du Macadam sans être inscrit, et, en 48 heures, il a fait 65 montées. Il avait 6 ans, presque 7 ans. Peu importe l’âge de la personne, il y a toujours un module qui va lui convenir. Je pense que les gens ont assez de choix pour relever leur propre sommet. Peu importe ce que la personne se donne comme objectif, c’est le sien. Même pour le Macadam, on ne publie nulle part le nombre de montées individuelles. C’est vraiment pour soi-même qu’on le fait. Pour le Défi Everest régulier, on vise 150 montées en équipe de 3 à 15 personnes. C’est un défi de dépassement de soi. On prend le niveau où on est rendu et on essaie d’aller plus loin, plus haut.
B. : Merci beaucoup, Yvan L’Heureux !
Y. L’H. : Merci beaucoup, Busque !