par Marie-Amélie Dubé, photo par Busque
La cellule familiale est le lieu déterminant pour enraciner les saines habitudes de vie chez les enfants. Bien sûr, le système d’éducation partage cette responsabilité avec les parents et les grands-parents, mais le principal moteur de développement du comportement d’un enfant est basé sur les modèles parentaux. C’est donc par imitation que l’enfant apprend et répète le comportement de ses parents. Voici un exemple de complicité, démontrant comment le dépassement de soi sera transmis de mère en fille lors de la 5e édition du Défi Everest.
Entrevue en compagnie de Jacinthe Doiron, impliquée dans le Défi Everest comme responsable des équipes pendant 2 ans, capitaine de l’équipe Premier Tech ayant remporté trois fois le Drapeau du Sommet et inscrite cette année au Macadam Ultra, et de sa fille Ariane Patoine, 12 ans, inscrite au Macadam Ado pour une 3e année de participation au Défi Everest.
Marie-Amélie Dubé : Arianne, cette année, le Défi en est à sa 5e édition. As-tu participé aux quatre premières éditions ? Sinon, à combien d’éditions as-tu participé jusqu’à maintenant ?
Arianne Patoine : Ça va être ma troisième.
M.-A.D. : Combien de montées as-tu réalisées les deux autres années ?
A.P. : La deuxième année, j’en ai fait 24, et la première année, je ne me souviens pas bien, mais au moins une dizaine.
M.-A.D. : Jacinthe, as-tu été dans l’organisation du Défi depuis les débuts ?
Jacinthe Doiron : Pour les deux premières années, j’étais participante seulement, mais j’ai commencé à participer à l’organisation lors de la troisième année, tout en étant capitaine de l’équipe Premier Tech.
M.-A.D. : La première année, qu’est-ce qui t’a attirée dans le Défi ?
J.D. : Yvan m’en avait parlé énormément et il m’a incitée à faire une équipe chez Premier Tech. Je revenais d’une hernie dans le dos, alors peu de gens de mon entourage croyaient que j’allais être bonne pour le faire. Finalement, on a réussi, on était 15 dans ce temps dans l’équipe. On avait gagné le Drapeau du Sommet, on a refait une équipe l’année d’après, on a regagné le Drapeau du Sommet. À partir de là, Arianne a embarqué.
« L’année passée, j’ai fait 24 montées en une journée, donc je pense que je suis capable d’en faire une de plus. »
M.-A.D. : Cette année, il y a un nouveau module qui s’appelle le Macadam Ado. Arianne, tu as décidé de t’y inscrire. Est-ce que tu peux m’expliquer pourquoi ?
A.P. : Mes parents m’ont toujours motivée à faire du sport, et je trouve que c’est une belle occasion. Aussi, je trouve que c’est un bel organisme pour s’impliquer. Je voulais me dépasser aussi. L’année passée, j’ai fait 24 montées en une journée, donc je pense que je suis capable d’en faire une de plus.
M.-A.D. : As-tu senti que les dernières montées étaient difficiles ?
A.P. : Pour la dernière, oui, mais je ne voulais pas lâcher, j’ai continué quand même.
M.-A.D. : Tu dis que cette année tu aimerais en faire une de plus. Alors, pour cette année, est-ce que ton objectif est de 25 ?
A.P. : Je n’ai pas encore d’objectif, mais je veux dépasser 25 au moins.
M.-A.D. : Que vas-tu faire pour atteindre les 25 montées ?
A.P. : Je vais m’entrainer avec ma mère, faire du tapis roulant en côte, je vais peut-être m’étirer les pieds des fois pour qu’ils soient corrects.
M.-A.D. : Fais-tu d’autres activités sportives dans ta vie ?
A.P. : Hier, j’ai eu ma dernière partie de basket parce que l’année est terminée. On a gagné. Je vais marcher dehors, je fais un peu de course, je fais de l’équitation, je fais de la natation.
M.-A.D. : Sens-tu que le sport t’aide ou t’apporte quelque chose de plus dans ta vie ?
A.P. : Le sport fait que je ne suis pas « pognée » sur les jeux vidéos. Ça me met en forme. Quand on fait des jeux en « éduc », ça m’aide beaucoup. J’ai plus d’énergie aussi.
M.-A.D. : Jacinthe, pourquoi as-tu décidé de t’inscrire au Macadam Ultra cette année ?
J.D. : Je ne sais pas ce qui s’est passé dans ma tête [rires] ! Les deux années passées, j’ai vécu le Macadam avec les participants, j’ai passé la fin de semaine avec eux, à courir partout pour eux. Je me suis dit que je voulais faire le Macadam, mais pour moi, pas pour prouver quoi que ce soit aux autres. Je sais qu’il se fait une belle chimie entre tout ce beau monde, alors pourquoi ne pas l’essayer ? En plus, m’entrainer avec Arianne va la motiver davantage, je ne veux pas qu’elle arrive sans être prête. On va se motiver ensemble, c’est le pacte qu’on a décidé de faire quand on a décidé de faire le Macadam.
M.-A.D. : On dirait que c’est plus le côté social qui t’a attirée. Est-ce que, personnellement, c’est quand même un défi physique pour toi ?
J.D. : Oui. Je suis une personne attirée vers ce genre de chose par nature. C’est sûr que mon dos me préoccupe un brin, mais ce n’est pas grave, je vais travailler pour le renforcer comme il faut. Je n’aurai pas le choix d’avoir un programme d’entrainement, je ne pourrai pas arriver sans être prête. L’année passée, j’ai vu des participants qui sont arrivés sans être prêts et qui se sont détruits. Je n’ai pas les moyens d’être détruite pendant un bout de temps ; je vais devoir suivre mes jeunes après le Macadam. C’est pour cette raison que je ne me fixe pas d’objectif, je me dis que je vais écouter mon corps. Je vais le pousser un peu, je me connais, mais je ne veux pas me rendre dans l’excès et me dire par la suite que j’aurais donc dû arrêter.
M.-A.D. : Est-ce qu’on peut dire que c’est la première fois que tu vas faire le Défi pour toi ?
J.D. : Carrément. Les autres années, je le faisais en équipe. On montait tout le temps en gang. Là, c’est pour moi. J’ai hâte de voir la dynamique, je ne serai pas là pour les autres. Dans mon livre à moi, là je vais pouvoir dire que j’ai fermé la boucle.
M.-A.D. : Est-ce que l’activité physique est intégrée à ton quotidien ?
J.D. : Peut-être un peu moins maintenant, j’en fais encore, mais, à l’âge d’Arianne, je n’arrêtais pas du tout. Je coachais une équipe de jeunes au baseball ; je dis de jeunes, mais ils avaient à peine trois ans de moins que moi. Je jouais au baseball, je jouais au tennis, et tout cela dans la même soirée ! Pendant l’année scolaire, je faisais des compétitions de badminton. J’en avais besoin, j’avais beaucoup d’énergie à dépenser.
M.-A.D. : Avez-vous pensé que le découragement pourrait arriver pendant le Défi ?
J.D. : Dans mon cas, peut-être.
A.P. : Moi, je ne pense pas, parce que je l’ai fait plein de fois, alors je ne penserais pas que je puisse me décourager.
M.-A.D. : Et si ta mère se décourageait, qu’est-ce que tu pourrais lui dire ?
A.P. : Je la pousserais à ce qu’elle recommence, parce que quand on fait quelque chose, on ne le fait pas à moitié.
M.-A.D. : Et si elle se blessait, est-ce que tu lui dirais la même chose ?
A.P. : Non, parce qu’il ne faut pas que ça empire, mais je lui dirais d’aller voir les médecins ou d’aller voir en acuponcture.
M.-A.D. : Et serais-tu fière d’elle quand même ?
A.P. : Oui, parce qu’elle aurait travaillé aussi fort.
M.-A.D. : Si tu pouvais convaincre d’autres jeunes de le faire, que leur dirais-tu ?
A.P. : J e leur dirais que ça vaut la peine de s’impliquer, que ça nous met en forme et que, au début, ils ne vont peut-être pas le réaliser, mais, à la fin, ils vont peut-être se dire qu’ils ont fait tout ça et que ça a valu la peine.
M.-A.D. : Jacinthe, que dirais-tu aux autres parents, pour les inviter à participer ?
J.D. : Faites-le, c’est un beau projet de famille. C’est plaisant, les miens sont énervés le dimanche du Défi et même la veille. C’est de leur inculquer de bonnes valeurs aussi. Ils voient les résultats, pour la santé et aussi monétairement pour les organismes.