Entre les branches : Catherine Perrin et invités aux Thés littéraires du CLAC

Texte | Camille Bernier, agente culturelle du CLAC
Photos | Mathieu Gosselin

Cet article est le premier d’une série qui a pour but d’aller à la rencontre des invités des Thés littéraires organisés par le CLAC : l’idée est d’explorer le rapport des artistes aux œuvres qu’ielles présentent, leur rapport à la performance et au lieu de la rencontre avec le public.

Trouver un lieu à l’ombre, seule contrainte à notre discussion. À une table bien cachée, Catherine Perrin m’informe qu’elle ne veut pas parler trop fort. J’approche le micro. En réécoutant cette conversation, la semaine suivante, j’entendrai bien sa voix encore puissante à travers les oiseaux et le vent.

Nous échangeons à l’arboretum des Jardins de Métis, juste avant la lecture de l’autrice, communicatrice et musicienne. « Je connais [le lieu] de nom depuis extrêmement longtemps », m’apprend-t-elle. « J’étais passée une fois, on avait une courte visite, pour jeter un coup d’œil, et j’avais pas eu le temps d’entrer dans l’univers, tandis que cette fois-ci, j’ai pris le temps d’écouter les épisodes du balado [« Les fabuleux jardins d’Elsie Reford »] animé par Marie-Thérèse Fortin, j’ai trouvé ça extraordinaire, ça m’avait vraiment mieux préparée. Moi-même je suis nulle en jardinage, mais j’adore la nature, et ce que j’aime vraiment beaucoup ici, c’est le mélange des deux. À la fois ce jardinage ultra-compétent, mais aussi l’amour de la nature. Ça me touche vraiment beaucoup. C’est incroyable qu’à l’époque [Elsie Reford] ait pu construire ça. On a l’impression que c’est encore sa vision à elle. »

Une visite aux Jardins de Métis, le soir précédent le Thé littéraire, amène par ailleurs l’autrice à repenser sa lecture du lendemain, où elle présentera Trois réveils, publié en 2020, et L’âge des accidents, sorti en 2021. Normand Forget, hautboïste et professeur au Conservatoire de Rimouski, et Mathieu Lussier, bassoniste, professeur à la Faculté de musique de l’Université de Montréal, de même que le conjoint de Catherine Perrin, accompagnent la lecture entre des extraits des deux livres. Trois réveils propose d’emblée un récit musical, comme son personnage principal est lui aussi joueur de hautbois. Sur scène, donc, les musiciens traversent la performance en jouant certains morceaux évoqués dans le livre : le choix des extraits lus s’est en partie articulé autour d’une trame sonore. « Pour L’âge des accidents, je me disais comment je vais choisir? Je savais pas! » C’est un livre qui a deux parties, la seconde opérant un bond de quinze ans, où se jouent des questions contemporaines sérieuses comme les changements climatiques, mais également une trame intime complexe. « Et finalement, ce qui est arrivé, c’est qu’hier soir, en arrivant, j’ai eu la chance de pouvoir visiter les Jardins. Et là je me suis dit ah mais il y a quand même dans mon roman plusieurs moments où il est question du lien avec la nature, et même d’une certaine forme de jardinage! Et c’est comme ça que j’ai choisi : d’être près de la nature et de ce qu’on en fait, comment on vit avec. Dans quelque chose qui a l’air d’un fouillis : comment aller chercher du sens. »

Le public, très attentif, s’est visiblement laissé porter dans cette quête. L’expérience de Catherine Perrin à la radio l’a accoutumée à amener sa parole à l’oreille de ses auditeur-ices : « Quand j’ai commencé, je pense que je parlais dans une bulle. Une fois, c’est un réalisateur qui m’avait dit : Es-tu myope? Me vois-tu de l’autre côté de la vitre? Mets tes lunettes et parle-moi. Ça avait été un gros déclic. Et c’est pas parce qu’il fallait que je parle à lui, mais il fallait que je parle à quelqu’un, à du monde ». L’autrice dévoilait, pendant sa lecture de L’âge des accidents, que malgré une trame d’abord sombre, son dernier roman veille à mettre en lumière la qualité des liens humains. Ce sont eux qui nous rescapent des accidents, à petite ou grande échelle. Le 10 juillet dernier, nous avons eu droit à un moment où chaque relation était cultivée avec soin : entre l’autrice et le public, donc, et avec les musiciens, eux-mêmes très généreux en termes de performance et d’échanges avec l’auditoire. « Une rencontre comme ça qui se passe avec la voix, oui le mot rencontre est important, c’est important de sentir qu’on parle à des gens ». C’est ainsi que se découvrent les dialogues, par le pari qu’en musique on appelle « jouer avec les autres ».

L’on pourra d’ailleurs prolonger les réflexions proposées par Catherine Perrin grâce à une émission dont l’animatrice prendra la barre à l’automne, et qui se voudra moteur de mobilisation et de réflexion critique sur les formes d’innovation en environnement. Et pour plus d’informations sur la 22 e édition des Thés littéraires, organisés par le Carrefour de la littérature, des arts et de la culture (CLAC), visitez leur site web, inscrit ci-dessous.

Sites:
https://lepointdevente.com/billets/theslitteraires2022clacmitis
https://www.clac-mitis.org/

À propos de Marie-Amélie Dubé

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