Égo/Éco, L’art et l’agriculture biologique comme outils de transformation personnelle et environnementale

Isa-Fortin

par Isa Fortin, merci à Olivier St-Jean Rondeau, étudiant en géophysique et cofondateur du projet WeTest, pour sa contribution au texte.

 

Les Québécois resteront marqués par les inondations de mai 2017. Cette catastrophe naturelle nous rappelle la précarité de l’ordre construit par notre société face à la puissance des forces de la nature. L’acceptation de cette fragilité est troublante lorsqu’on comprend que les changements climatiques vont sans aucun doute augmenter la fréquence des évènements extrêmes qui auront des effets catastrophiques sur notre civilisation. Ce constat assez brutal est une leçon d’humilité qui nous incite à revoir la façon dont nous considérons les entités naturelles comme les rivières et le climat ; plutôt que de considérer qu’elles doivent obéir à notre volonté pour nous fournir des services, l’adoption d’une attitude de gratitude envers ce que la nature nous donne nous inciterait à être à l’écoute des signes qu’elle nous envoie et à imaginer notre rôle d’humain comme partie intégrante de la vie de la planète plutôt que de chercher à la dominer. Arnaud Theurillat-Cloutier, enseignant de philosophie au collège Jean-de-Brébeuf et doctorant en sociologie à l’UQAM, écrivait dans l’article « Ceci n’est pas une catastrophe naturelle » paru dans Le Devoir d u 1 4 m ai 2017 que ces inondations sont plutôt une catastrophe sociale, car l’impact de notre utilisation des énergies fossiles augmente la fréquence de ces désordres climatiques. Il ajoute : « Aux dépressions économique et météorologique s’ajoutera inévitablement — si ce n’est déjà fait — la dépression psychique généralisée. Ceux qui dépriment déjà autour de nous ont peut-être une conscience accrue de la souffrance sociale qu’engendreront les cataclysmes climatiques. »

 

La souffrance psychologique engendrée par les changements climatiques et toutes les autres problématiques sociales crée un stress notable chez les individus. Au Canada, plus de 70 % des adultes présentent un niveau élevé de stress. Ce dernier grimpe à 90 % chez les jeunes adultes (Suzuki, 2013). Le chercheur Richard Louv a démontré que les gens vivant en ville souffrent d’un syndrome qu’il appelle le nature déficit disorder. Ses recherches ont prouvé que ce déficit crée de l’anxiété et des problèmes d’attention tandis que le contact avec la nature nourrit le corps et l’esprit en plus de diminuer le stress. La manière dont les individus imaginent la nature change le monde qu’on construit ; inversement les problématiques globales ont des conséquences sur la psyché de l’individu. C’est pour faciliter la sortie d’une impasse face à ces situations critiques qu’a été fondée Égo/Éco, une initiative qui vise à reconnecter l’humain avec lui-même, avec les autres et avec la nature afin de retrouver un peu plus d’équilibre dans nos vies et sur notre planète.

 

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Le projet est une invitation à vivre une expérience créative de 3 à 5 jours au Bic à la ferme biologique Sageterre. Le séjour vous permet de prendre du recul, d’explorer votre connexion à la nature et de vous inspirer à vivre un mode de vie plus écologique. L’expérience vous donne aussi un cadre sécuritaire pour vous laisser toucher par les souffrances de ce monde, afin que ces réalités et que cette prise de conscience deviennent sources de mobilisation pour l’engagement social plutôt qu’une raison pour sombrer dans l’apathie générée par le sentiment d’impuissance. C’est à la fois une occasion de s’arrêter pour réfléchir à notre égo et découvrir comment il agit dans nos vies afin d’avoir la distance nécessaire permettant à ce que nos actions soient alignées avec une conscience plus grande, celle de notre interdépendance. Le projet est inspiré par le travail de Joanna Macy, une environnementaliste et écophilosophe spécialisée en bouddhisme. Elle met de l’avant que le changement social ne peut se faire qu’à travers une transformation personnelle. Elle identifie trois dimensions où il est nécessaire d’opérer un changement pour aller vers ce qu’elle appelle le grand tournant devant cette crise écologique : la construction de nouvelles structures, l’activisme qui vient contrecarrer les mécanismes nocifs du système et la prise de conscience. Cette dernière dimension touche à la capacité de se mettre en empathie, mais aussi de sortir de ses enjeux de pouvoir, de possessivité, tout en retrouvant une place équilibrée en tant qu’humain faisant partie d’un écosystème global.

 

Les séjours d’Égo/Éco incluent des explorations artistiques en pleine nature en présence d’artistes invités spécialisés dans des approches de développement personnel et social par la danse, le théâtre et la performance, des moments de silence et de méditation, et une contribution au jardin biologique en compagnie du philosophe Jean Bédard, auteur de L’écologie de la conscience. Ultimement, Égo/Éco est une démarche de conscience qui nous invite à nommer et ressentir les incohérences pour nous donner un élan et clarifier le rôle que nous avons à jouer dans le développement d’une société durable.

 

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Voici les séjours qui s’offrent à vous

Du 18 juin au 23 juin | Théâtre de transformation
Du 17 au 20 aout | Danse improvisée et méditation
Du 24 au 27 aout | Mouvements et son
1er au 4 sept. | Performance et Land art

 

Vous êtes curieux d’en savoir plus

vimeo.com/203546582egoeco2@gmail.com
facebook.com/egoeco2
www.egoeco.ca

Isabelle Fortier : 514-435-2349

 

Références

Le devoir. 2017. « Ceci n’est pas une catastrophe naturelle » : http://www.ledevoir.com/environnement /actualites-sur-l-environnement/498587/ceci-n-est-pas-une-catastrophe-naturelle
Blogue David Suzuki 2013. « Se connecter avec la nature pour réduire le stress » : http://www.davidsuzuki.org/fr/blogues/vert-sante/2013/05/se-connecter-avec-lanature-pour-reduire-le-stress/
Louv, Richard. Last Child In The Woods: Saving Our Children From Nature-deficit Disorder. Chapel Hill, NC : Algonquin Books Of Chapel Hill, 2005. Print.
https://workthatreconnects.org/

À propos de Marie-Amélie Dubé

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