Écoutez le silence…

Texte | Edith Croft (récemment déménagée dans un coin à bruit)

La peur du vide rend les humains dépendants du bruit.

L’habitude d’entendre toujours du bruit rend l’humain docile, tolérant à celui-ci. Pourtant, le bruit n’est autre chose qu’une forme de pollution qui affecte le corps et le système nerveux, au même titre que certains produits chimiques nocifs.

Parfois, les bruits sont inévitables. On pense à notre société industrialisée qui nécessite aujourd’hui, toujours et encore plus de machines afin d’accomplir les tâches nécessaires au bon fonctionnement de notre civilisation. (Construction, travaux de voirie, déblayage de la neige, avion…) Cependant, combien d’autres bruits pourraient être évités si les gens prenaient conscience du mal-être qu’ils créent en générant des sons aussi nuisibles qu’inutiles? Le savoir-vivre et le respect de l’autre peuvent aussi concerner les bruits que l’on fait subir à ceux qui nous entourent.

À commencer par les moteurs de toute sorte. Surtout ceux des véhicules dont les silencieux ont été modifiés (motos, scooter, mobylettes). À quoi ça sert de faire autant de bruit partout autour des quartiers résidentiels lorsque tout le monde souffre de la chaleur et aimerait bien pouvoir ouvrir les fenêtres? Ne vous êtes-vous jamais demandé combien votre balade en soirée pouvait déranger les voisins par le bruit et l’odeur nauséabonde que vos moteurs engendrent? Ne vous êtes-vous jamais posé la question si la possibilité de faire le même trajet à pied ou en vélo n’était pas plus bénéfique pour tous, à commencer par vous?

Les souffleurs à feuille, les tondeuses, les brosses de parterre à essence. Est-ce que ces outils sont vraiment essentiels, ne peuvent-ils pas être remplacés par des râteaux, balais et rouleau à lames dans plusieurs cas? En plus d’être meilleurs pour la santé, puisque ceux-ci vous forcent à faire un peu d’exercice. Est-ce vraiment nécessaire de faire autant de bruit les jours de repos, les belles soirées d’été où le beau temps est au rendez-vous? Il semble parfois que certains utilisateurs des souffleurs/aspirateurs à feuille en font leur sport quotidien. (Deux heures par jour, il ne faut surtout pas manquer une journée, les feuilles pourraient s’accumuler, n’est-ce pas?).

Il y a aussi les gens qui se sentent obligés de partager leurs goûts musicaux. D’abord, pourquoi vous sentez-vous obligé de diffuser la musique que vous écoutez? Que ce soit en marchant, en effectuant des travaux à l’extérieur ou en roulant dans votre voiture, dans la rue et devant les commerces. Surtout au volant ou aux guidons de ces engins bruyants que sont les moteurs et silencieux modifiés. Que pouvez-vous entendre par-dessus le bruit de ces moteurs tonitruant qui hurlent votre grand individualisme et votre égo à tue-tête? Pourquoi c’est si important de vous identifier par ce bruit, de clamer votre différence, de vous afficher?

Il y a aussi tous les gens qui parlent fort, n’importe où, partout et n’importe quand. Dans la rue, le soir tard, dans les endroits de culte, dans les salles d’attente… La voix ainsi que les paroles émisent peuvent être un plaisir, mais trop souvent, les gens semblent seulement vouloir crier afin d’être entendus à travers tout ce bruit qui les entoure.

Aujourd’hui, personne ne réagit plus, mais tout le monde en souffre. Afin de trouver la paix, beaucoup d’individus doivent se tourner vers une solution qui me semble un paradoxe. Ceux-ci portent en permanence des écouteurs de musique performants qui émettent un son pour couvrir les bruits extérieurs afin de pouvoir entendre leur propre musique. Certains doivent mettre le volume si fort pour s’extraire un peu des bruits quotidiens, qu’ils endommagent leur sens de l’audition. Il est aujourd’hui aussi presque impossible de dormir sans placer des bouchons dans nos cavités auditives.

Ne pourrait-on pas sensibiliser la population et les jeunes gens envers ce phénomène croissant? Prendre des actions concrètes et communes afin de pouvoir à nouveau entendre les oiseaux qui chantent, le bruissement du vent dans feuilles des arbres, le clapotis des cours d’eau. Simplement, écoutez le silence…

À propos de Marie-Amélie Dubé

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