par Denis Leblond, metteur en scène
Mettre en scène est un art aussi complexe que stimulant. Je le compare souvent au travail délicat du chef d’orchestre qui, de sa baguette, rend la musique possible sans en jouer. Il est le maître d’oeuvre de l’interprétation, lui donnant sens et impulsion, orientant le travail en force ou en finesse selon les exigences de l’oeuvre et permettant l’expression maximale d’un ensemble d’instruments à l’origine disparates. C’est un art passionnant pour des amateurs de casse-têtes : ramasser des morceaux épars: l’oeuvre, les comédiennes et comédiens, les créateurs et créatrices; rassembler des conceptions très diverses, réunir les lignes de force et y installer un courant homogène qui donnera toute sa vigueur à l’oeuvre, permettra d’en dégager le sens profond et lui allouera l’éclairage redonnant à l’auteur tout le mérite qui lui revient. Mettre en scène, en somme, c’est dégager les lignes telluriques du texte pour organiser l’espace, orienter le travail des comédiennes et comédiens, leur permettre d’accoucher du personnage et surtout diriger le regard du public afin que ce dernier puisse goûter chaque instant de la représentation. Je crois en un théâtre vivant : un théâtre qui divertit tout en nous instruisant; un théâtre qui a beaucoup à nous apprendre sur nous-mêmes, sur notre histoire, nos origines afin de mieux éclairer notre avenir. Un théâtre est vivant lorsqu’il questionne tant la tête que le coeur, tout en passant par le rire et les émotions. C’est ce seul théâtre qui m’intéresse ! C’est ce tour de force, créer un théâtre vivant, qu’a réussi Paul Fortier avec son texte Robertine. Le plus grand piège d’un texte « historique », c’est de vouloir faire un cours d’histoire au lieu d’une pièce de théâtre. Paul a magnifiquement contourné l’écueil en s’inspirant très largement de la vie de Robertine Barry, tout en créant un univers fictionnel vraisemblable, mais non confirmé historiquement : une rencontre aussi fictive que tumultueuse entre une femme qui est largement en avance sur son temps et un archevêque qui, fidèle à la ligne de l’Église de l’époque, est à l’arrière-garde de notre société. De ce fossé énorme ne peuvent que surgir des flammèches révélatrices des tendances de ce début du XXe siècle. Une fois clarifiés les enjeux, une fois installées les deux positions antagonistes, il s’agissait tout simplement de trouver, ici, les deux comédiens les plus susceptibles d’incarner ces deux êtres plus grands que nature. Pour l’avoir vu jouer et l’avoir dirigé, Paul était tout désigné pour incarner le personnage de cet archevêque, grand séducteur, mais tout aussi manipulateur qu’ardent défenseur de ses idées auxquelles il croit sincèrement. Lui faisant face, une femme déterminée, combative, ratoureuse, qui porte depuis quasiment sa naissance un grand sens de justice et un désir insatiable de liberté non seulement pour elle, mais pour tous ses semblables. Stéphanie Pelletier, auteure, complice de longue date et surtout femme de caractère, devenait un choix qui tombait sous le sens. Le reste, c’est l’histoire du plaisir que nous éprouvons à travailler sur ce magnifique texte qui n’attend plus que vous, public.
Stéphanie Pelletier
Née en 1980, Stéphanie Pelletier habite un cinquième rang à cheval sur les lignes de Saint-Octave, Padoue et Métissur- Mer. Elle est directrice artistique de l’Exil (spectacles littéraires) et auteure. Elle participe activement à la scène littéraire depuis 2009 en s’impliquant dans des spectacles littéraires, des rencontres d’auteurs et de nombreuses autres soirées où la littérature est à l’honneur. Elle a été metteure en scène de la troupe Maski-Rit du Cégep de Rimouski de 2010 à 2014. Elle a également offert, dans différents contextes, des ateliers de slam, d’écriture, de réécriture ainsi que des conférences sur le spectacle littéraire et la création littéraire. En 2013, son recueil de nouvelles Quand les guêpes se taisent, publié chez Leméac, s’est mérité le Prix littéraire du Gouverneur général dans la catégorie « romans et nouvelles ». Son roman Dagaz est paru en septembre 2014 chez Leméac et lui a valu de figurer parmi la liste des dix jeunes auteurs à surveiller de l’émission de radio Plus on est de fous plus on lit. En novembre 2014, à la suite d’une résidence au Théâtre du Bic, elle a présenté son premier spectacle solo Le cul dans la fraîcheur du temps qui s’écoule, spectacle qui a d’ailleurs remporté un franc succès auprès du public. Elle travaille présentement à l’écriture de son troisième livre. Elle a aussi participé à deux ouvrages collectifs parus à l’automne 2015 : La disparition de Michel O’Toole chez XYZ et J’écris fleuve chez Leméac. Elle était de la distribution de deux spectacles présentés en 2015 par le Théâtre du Bic : L’Ode au Saint-Laurent et Le cabaret des contes ruraux. Je saurai à l’allure de tes glaces le temps qu’il fera demain, une création collective sur le sentiment d’appartenance au territoire, a été présenté au Théâtre du Bic au printemps 2017.
Paul Fortier
Retraité depuis peu, Paul Fortier compte 39 années d’expérience en communication. Au début de sa carrière, c’est en tant que journaliste, puis directeur de l’information au Journal Plein Jour sur Manicouagan, qu’il s’est adonné à l’écriture. Puis, à mi-carrière, il se réoriente vers l’enseignement et réalise des études universitaires, dont une maîtrise en littérature française sur la communication non verbale à l’Université Laval. Il cumule une expertise de 20 ans en tant que professeur de littérature, de création littéraire et de français au Cégep de Rimouski. Paul Fortier est impliqué au sein du milieu culturel de L’Isle-Verte depuis plusieurs années et auprès d’organismes de diffusion culturelle telle La Cour de circuit de L’Isle-Verte. Il affectionne particulièrement le genre théâtral.
• Directeur du Théâtre populaire de L’Isle-Verte (2006 à 2008)
• Rôle principal avec le Théâtre populaire de L’Isle-Verte (2006-2008)
• Comédien avec la troupe les Mabouldingues du Cégep de Rimouski (2009)
• Professeur à l’École de théâtre Françoise-Bédard (2016-2017)
• Rôle dans la pièce Tu te souviendras de moi, avec la troupe de l’École Françoise-Bédard (mai 2017)
Sa qualité d’auteur a été reconnue lors de plusieurs concours littéraires. Il fut lauréat de l’édition 2005 du Concours national de paroliers Chanson pour tes yeux, pour la chanson « Tu sais, on sait jamais » et gagnant de l’édition 2001 du concours de nouvelles littéraires du magazine Voir pour la nouvelle La Conjugaison.
Denis Leblond
Originaire de Trois-Pistoles et férocement bas-laurentien, Denis LeBlond a mené de front, dès 1973, une profession d’enseignant et une carrière liée au théâtre et à l’écriture. Aujourd’hui retraité de l’enseignement, il contribue au dynamisme culturel rimouskois par ses nombreuses interventions artistiques. Fondateur du théâtre Les Mabouldingues, troupe de théâtre du programme Arts, lettres et communication, option théâtre, il a collaboré à la formation de jeunes qui, aujourd’hui, oeuvrent dans différentes sphères de la société, dont celle du théâtre professionnel. Cofondateur du Théâtre les gens d’en bas, il a participé aux premières créations de cette compagnie dont On est partis pour rester (1979). Puis comme pigiste, il y sera directeur de production, assistant à la mise en scène, traducteur (La Jeune Fille et la mort, Ariel Dorfman), adaptateur (Faut pas payer, Dario Fo) et auteur (La nuit des tisons gros comme des grêlons). Ces dernières années, il y a assuré la mise en scène des dernières productions communautaires : Lapin Lapin de Coline Serreau (2016) et Bonbons assortis de Michel Tremblay (2017). Il a écrit, à ce jour, une quinzaine de textes dramatiques dont La nuit des tisons gros comme des grêlons et Coune le grand, tous deux produits au Théâtre du Bic. Auteur de feuilletons radiophoniques à la Société Radio-Canada (SRC), il a aussi tâté de la télévision comme concepteur et scénariste de capsules humoristiques pour l’émission Le Club des 100 watts à Radio-Québec et de la série Les Pays du Québec. Comme membre et collaborateur de l’Exil, il en est à sa quatrième production avec Stéphanie Pelletier. Il vient tout juste de signer la mise en scène du spectacle littéraire Je saurai à l’allure de tes glaces le temps qu’il fera demain. Il est aussi membre de la Société des auteurs de radio, télévision et cinéma (SARTEC) et du Conseil régional de la culture (CRCBSL).