Art action : Guillaume Dufour Morin, un artiste engagé

Texte | Pénélope Mallard

Le projet en cours de Guillaume Dufour Morin, diplômé en arts visuels et en création littéraire (UQAR), s’appuie sur les croix de chemin comme autant de repères : « La pandémie a mis en péril ce que nous avons bâti, ébranlant nos repères comme nos espoirs. » L’appel à participation citoyenne lancé conjointement dans le Bas-Saint-Laurent et en Mauricie pour le 15 avril prochain s’adresse à quiconque souhaite « [mettre] en valeur […] la résilience collective que ce patrimoine religieux symbolise ».

La Cathédrale de demain

Ce projet collaboratif fait écho à un autre projet réalisé, lui, en 2018 : La Cathédrale de demain. Il s’agissait de concevoir des collages de bibelots préalablement collectés sur le territoire pour fabriquer des maquettes représentant la cathédrale de Rimouski.

Détourner l’objet de sa fonction initiale est l’un des ressorts de l’art action : ici, les bibelots qui prenaient la poussière ont servi de socle à une comparaison poétique et parodique avec la cathédrale de Rimouski, que l’on peut voir, selon l’artiste, comme un bibelot qui, lui aussi, prend la poussière.

Cette démarche, reposant à la fois sur la satire et sur la rencontre empreinte d’humanité avec les participant·e·s a « fait ressortir un état des lieux du patrimoine religieux catholique et l’héritage problématique qu’il représente ». Même s’il arrive que l’art du natif de Causapscal dérange, il reste très sensible. « En me confiant leur bibelot, des personnes ont partagé avec moi des choses très intimes qu’elles n’avaient jamais racontées auparavant sur le souvenir associé à cet objet. »

L’art action

Croix de chemin, à la rencontre des repères et La Cathédrale de demain illustrent ce qu’est l’art action pour Guillaume Dufour Morin : une pratique collaborative, un « nous » qui l’emporte sur le « je », le corps vu comme corps social, une parole incarnée surtout par le geste, archivé sur une variété de supports – objets du quotidien, du patrimoine, vidéos, photos, livres d’artiste, installations, impression numérique, etc. – même si l’essence de la démarche se déploie dans l’éphémère.

Une portée internationale

Inde, Mexique, Europe, Amérique latine : depuis 2017, les projets de Guillaume Dufour Morin rayonnent aux quatre coins du monde, dans le cadre de résidences d’artiste, de festivals, de performances, dans des galeries, des musées. « La sélection de mes propositions s’est faite sur la base de la reconnaissance du caractère à la fois innovant, critique et constructif socialement de mes œuvres, qui affrontent une diversité de zones de conflits. » Citons, à cet égard, Legal Human Trafficking Goods and Services™, œuvre réalisée à Mexico, en 2020 : différentes personnes avaient été invitées à prendre la parole sur une pratique du trafic humain légal.

Les performances de l’artiste sont bien accueillies, malgré leur dimension polémique. Il faut dire que Guillaume Dufour Morin prend grand soin de contextualiser son travail. Ainsi, lui est-il arrivé, en Inde, d’intervenir dans un cimetière de guerre musulman : accompagné d’un membre de la communauté, il est allé cueillir des fleurs sur les tombes. « C’est l’un de mes plus beaux moments de vie. Les personnes présentes avaient une attitude très grave. Elles priaient. C’était un grand moment d’éveil. Un moment solennel. »

On l’aura compris, le geste vers l’autre est essentiel. Il s’agit donc de créer du lien, de transmettre, de partager, de déranger aussi, de dialoguer, de révéler. Et de tabler sur « la poésie du quotidien pour révolutionner nos vies ».

Guillaume Dufour Morin est aussi formateur et directeur général à La Fenêtre, Centre d’immersion aux arts de Trois-Rivières, qui « a pour objectif de créer des occasions d’inclusion sociale pour les personnes handicapées grâce aux arts et à la culture. »

Crédit photo : Guillaume Dufour Morin

Pour en savoir plus sur Guillaume Dufour Morin et son travail, cliquez sur les liens ci-dessous :

Guillaume Dufour Morin
Croix de chemin, à la rencontre des repères, 2021
Faux Tousignant, Escouade de la prolifération compulsive des monuments solaires à Serge Tousignant, 2020
La fabrique culturelle : Des bibelots pour La Cathédrale de demain, 2018
« Un artiste rimouskois en Inde », Alice Bergeron, Le Mouton Noir, 19 mars 2018

À propos de Marie-Amélie Dubé

Voir aussi

Entre les branches : Catherine Perrin et invités aux Thés littéraires du CLAC

Texte | Camille Bernier, agente culturelle du CLACPhotos | Mathieu Gosselin Cet article est le …

Laisser un commentaire

Votre adresse e-mail ne sera pas publiée. Les champs obligatoires sont indiqués avec *

Sahifa Theme License is not validated, Go to the theme options page to validate the license, You need a single license for each domain name.